Publié le 30 Jul 2024 - 11:15
Le Pm Ousmane SONKO à l’hémicycle : les enjeux d’une DPG pas comme les autres

« Mortal combat » entre le PSE et le PROJET

 

Le peuple est seul souverain en démocratie. Quand il a voulu un nouveau contrat social et un changement radical de cap, il l’a annoncé dès l’aube, aux dernières élections territoriales et législatives de 2022 et l’a exprimé fortement en toute souveraineté et sans goutte de sang, le 24mars 2024 , après tout le jeu macabre et funeste des politiciens , avec 54% des voix en faveur de la coalition Diomaye Président et dès le premier tour. Qui l’eut cru ! Qui pouvait imaginer ce scénario en 2019 déjà ? Personne. Mieux, les sénégalais ont élu un Président qui ne s’y est préparé à vrai dire, qu’aux dernières semaines, après l’invalidation de la candidature de son candidat mais surtout en prison et après sa sortie. Que faire de cette volonté populaire ? Absolument rien !

En prendre acte et s’opposer, ou soutenir ce nouveau contrat social, telles sont les deux postures qui s’imposent en démocratie. En tout état de cause, seul le peuple est souverain en démocratie et il se choisit ses dirigeants quelle que soit leur qualité, qu’ils soient au dessus ou en dessous du seuil de compétences requis.

 Les acteurs politiques de tout bord, pouvoir comme opposition( je dis bien, pouvoir comme opposition) n’ont encore rien compris de ce message du peuple et malheureusement, pouvoir et opposition, ne font rien pour le comprendre et agir de la sorte. In fine, on peut retenir ce Théorème politique « sunugalien »: «  nul politicien n’a le prisme sur la volonté populaire ». Malgré tout ce qui s’est passé, pré et post élections, le génie du peuple sénégalais mérite d’être chanté et exalté, il a voulu inaugurer une nouvelle ère basée sur la « doctrine des souverainetés » et a propulsé au pouvoir ceux qui l’ont « théorisée » le plus et le mieux. Espérons qu’il ne s’agit point d’utopies révolutionnaires : le chat qu’il soit noir ou gris, l’essentiel est qu’il attrape des souris.

En tout cas, les Sénégalais ont clairement indiqué, et les jeunes majoritairement plus que par le passé, que leur aspiration au bien-être est pressante et urgente ; une très lourde charge sur les épaules du pouvoir du Président Diomaye et de son PM Ousmane SONKO.

La DPG  du Premier ministre Ousmane Sonko, exercice constitutionnellement prescrit de façon claire et nette à l’assemblée nationale et « nulle part ailleurs », est un moment fort où le peuple dans son entièreté et sa diversité, pouvoir et opposition ,et autres groupes organisés ,dialogue sur le présent et le futur du Sénégal. Malheureusement, le débat politique sur cette DPG , est très vite dépouillé de son « tout profond » idéologique, politique et économique où fondamentalement le « PROJET », qui n’ Existe pas encore, fait face au PSE qui continue d’être, jusqu’à présent, le seul référentiel des politiques publiques. Ce riche débat entre rupture et continuité, entre nouveauté et continuité programmatique, entre deux visions complémentaires ou opposées, celles de l’émergence incarnée par l’ancien Président Macky SALL et dont les résultats sont objectivement reconnus et magnifiés par le peuple sénégalais et  celle qui repose sur la souveraineté, la justice et la prospérité, incarnée par le nouveau du Président Diomaye, ce riche dialogue est en passe d’être volontairement « contaminé » par des politiciens de tout bord ,pouvoir et opposition, qui ne saisissent rien des réels enjeux d’une DPG pas comme les autres. Ce nouveau carnet de bord, « en construction » puisqu’il n’est pas encore totalement formulé ; condensé des intentions et des actions concrètes à mener pour accélérer la marche inexorable du pays vers la souveraineté, la justice et la prospérité, pour reprendre les mots des tenants du pouvoir, doit retenir toute l’attention du peuple.

 Le PM Ousmane Sonko a, de mon point de vue, déjà perdu du temps, pour un chef d’orchestre qui veut aller vite et bien. Seule la Constitution devait continuer à être sa boussole mais malheureusement, quand les politiciens s’y sont mêlés avec le député Guy Marius SAGNA, d’autres considérations politiciennes ont différé un rendez-vous qui n’aurait jamais dû l’être. Et par la simple faute de politiciens qui calculent , et scrutent l’horizon, pour inventer un meilleur moment de tenue de la DPG ! On parle de peur dans le camp du pouvoir actuel avec le PM SONKO et de volonté de nuire et ou de vengeance dans le camp de l’opposition incarné par Benno, pour expliquer cette « situation politicienne ».  Mais l’on est en droit de se demander si la peur et l’occasion de bien se préparer à faire face aux injures de la majorité parlementaire d’une part, et la volonté de faire payer à Ousmane SONKO, leader de PASTEF, son comportement d’opposant d’autre part, doivent justifier le coup de massue porté à notre Constitution, au principe de la séparation des pouvoirs, à l’état de droit, et à notre démocratie ! Bien sûr que non. C’est dire donc que la volonté de rupture exprimée par le peuple, ne se traduit pas encore en acte de part et d’autre.

Le peuple sénégalais attend cette DPG avec un grand intérêt et il ne faudrait surtout qu’on la transforme volontairement à un rendez-vous de gladiateurs où les coups en bas de la ceinture et que « les aller et retour chez Ardo » ne finissent finalement, par rendre insipide cette transition idéologique et économique en perspective.

Le pouvoir doit bien se préparer à décliner le « Projet » dans toutes ses dimensions politique, économique, sociale et culturelle , version originale, version modifiée, revue ou corrigée, tandis que l’occasion doit être saisie par la majorité parlementaire d’analyser celui-ci de façon profonde et critique afin d’identifier ses forces, ses points d’amélioration, les opportunités et les menaces ; l’objectif majeur étant d’en faire un bon projet de développement économique et social pour le pays. Va t-on assister à une rupture totale ou aura-t-on un savant dosage entre le PSE et le PROJET ? Wait and see ! Assumer ce qu’il y a de bon dans le PSE et l’intégrer dans le PROJET en toute responsabilité et en dehors de tout esprit populiste, une sorte de synthèse des bonnes politiques et des bonnes pratiques pour continuer à bâtir le Sénégal de nos rêves, demeure la seule perspective utile pour les Sénégalais.

Inspecteur Cheikh Ndiaye

responsable politique Grand Yoff 

Section: