Publié le 8 Jul 2024 - 18:08
LEGISLATIVES EN FRANCE

La Pen de Bardella

 

Arrivé premier au deuxième tour des élections législatives, la gauche réussit certes un grand coup mais ne dispose pas de majorité lui permettant d’imposer son programme.

 

Le Rassemblement national a finalement été renversé au deuxième tour. Le Nouveau front populaire (NFP), bâti autour de La France insoumise de Jean Luc Mélechon, est sorti victorieux du deuxième tour des élections législatives en France. Mais la coalition de gauche n’aura pas de majorité absolue. Pour voir le futur Premier ministre sortir de leur camp, il faudra nécessairement composer avec d’autres sensibilités, en particulier avec la majorité sortante du Président Emmanuel Macron.

Mais Mélenchon et Cie ne semblent pas s’inscrire dans cette logique. Selon le leader de la LFI, ‘’...Macron doit se soumettre ou se démettre. Il doit reconnaitre sa défaite. S’il reste, il doit nommer un premier ministre du Front populaire…’’, a-t-il souligné, non sans préciser qu’ils ne sont prêts à renoncer à une seule virgule de leur programme.  

Du côté de François Hollande, autre figure du Nouveau front populaire et ancien président de la République, le discours est on ne peut plus modéré, mais dans le fond, on refuse de faire des compromis avec Ensemble d’Emmanuel Macron. Le Nouveau front populaire, selon lui, doit prendre conscience de ce qu’il a à faire aujourd’hui. ‘’Ce qu’il doit faire c’est de jouer son rôle ; c’est-à-dire de peser sur les décisions qui devront être prises et de faire jouer toute la pression nécessaire’’, a souligné Hollande pessimiste quant à la possibilité de trouver des appoints au niveau de l’Assemblée nationale, pour pouvoir dérouler.

Sans appoint des députés de Ensemble, le PM qui sera désigné par le NFP a de fortes chances d’être déchu en quelques jours.

La remontada de la gauche

Donné victorieux par beaucoup d’analystes ainsi que dans les sondages, Jordan Bardella ne verra donc pas Matignon. Une grosse déception pour les électeurs et responsables du RN qui croyaient fort que leur heure a sonné, surtout au sortir de leur victoire aux élections européennes et d’un premier tour plus que prometteur. Très enthousiaste au soir de ce premier tour, Bardella a reçu une véritable douche froide. Il accuse ‘’des alliances politiciennes contre-nature, destinées à empêcher par tous les moyens les Français de se choisir librement une politique différente’’. Malgré tout, s’enorgueillit-il, ‘’le Rassemblement national réalise aujourd’hui la percée la plus importante de toute son histoire.’’

Malheureusement pour lui et ses partisans, cela n’a pas été suffisant pour prendre le pouvoir. ‘’L’alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux, passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec des formations d’extrême gauche, privent ce soir les Français d’une politique de redressement qu’ils ont cependant plébiscité largement. Ces accords jettent la France dans les bras de l’extrême gauche de Jean Luc Mélenchon’’.

Pour lui, Emmanuel Macron ne s’est pas limité à paralyser les institutions, il a mené la France vers ‘’l’incertitude et l’instabilité’’, privant les Français ‘’de toutes réponses à leurs difficultés quotidiennes, avec un pays sans majorité, sans gouvernement qui puisse agir…’’

Avec qui donc Emmanuel Macron pourrait-il gouverner la France ? C’est la question que tout le monde se pose au sortir de ces législatives. Arrivé premier, le Nouveau front populaire ne semble pas dans les dispositions de négocier avec la majorité sortante pour composer un gouvernement commun. Troisième aux législatives, le Rassemblement national s’était aussi refusé à des compromis dans le cas où il n’obtiendrait pas une majorité absolue. Or, ces deux blocs font plus de 300 députés.

Le Premier ministre sortant Gabriel Attal constate les difficultés de former un nouveau gouvernement. ‘’Ce soir, bon nombre de Français ressentent une sorte d’inquiétude sur l’avenir, puisqu’aucune majorité absolue ne se dégage. Notre pays connait une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j’assumerai mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera’’, soutient Attal, tout en affirmant qu’il va présenter sa démission dès aujourd’hui au président de la République.

Pour lui, il est hors de question de se ‘’soumettre aux extrêmes, de laisser se déchirer le pays à force de nous débattre dans un chacun pour soi…’’

Attal tourne la page Macron : ‘’une nouvelle ère commence’’

Par les extrêmes, il faut non seulement entendre le Rassemblement national, mais aussi La France insoumise et plus particulièrement Jean Luc Mélenchon et ses plus fidèles compagnons. Cela, dit-il, a été son principal combat. ‘’Dès le début, j’ai alerté sur trois risques : le risque d’une majorité absolue dominée par la LFL, le risque d’une majorité absolue dominée par le Rassemblement national et le risque d’une disparition du Mouvement qui incarne nos idées et nos valeurs. Ces trois risques aujourd’hui ont été écartés par les Français.’’

Tout en prenant ses distances avec Emmanuel Macron, Attal se veut formel : ‘’Aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes. Nous le devons à cet esprit français, si profondément attaché à la République et à ses valeurs. Aussi, le courant politique que j’ai représenté, celui de la République et du progrès, celui de l’autorité et du travail…, est bel et bien vivant… Nous avons tenu et nous sommes debout, avec trois fois plus de députés que ce que donnaient certaines estimations au début de cette campagne.’’

Issu lui-même du Parti socialiste, Attal pourrait donc chercher à trouver des compromis avec certaines composantes du NFP à l’exception de la LF ou bien de l’aile dure de la LFI. En tous les cas, semble se convaincre le PM sortant, la page Macron est derrière. ‘’Une nouvelle ère commence pour notre Nation. A compter de demain (aujourd’hui), le centre de gravité du pouvoir sera par la volonté des Français, désormais plus que jamais, entre les mains du parlement, entre les mains des représentants de la nation. Et donc entre les mains de nos concitoyens. Notre responsabilité est immense. Je ne me résous pas et je ne me résoudrais jamais à ce que l’offre politique soit scindée en trois blocs dont chacun cherche la disparition des deux autres’’, a-t-il relevé.

 

FRANCE-AFRIQUE

Les françafricains l’emportent

En Afrique, ces élections ont été suivies avec une attention toute particulière. Avec la probabilité très forte de voir le Rassemblement national s’emparer du pouvoir, ils étaient nombreux les Africains aussi bien en France que dans le continent à s’interroger sur le futur des relations entre le pays de Marianne et les pays africains. Des relations certes sérieusement ébranlées depuis quelques années, mais des relations qui restent encore assez fortes.

Spécialiste en Relations internationale, Thierno Souleymane Diop Niang explique :  ‘’Nous avons vu que les questions migratoires ont été au cœur de ces élections. Comme à leur habitude, les gens du Rassemblement national prennent les étrangers comme bouc émissaire pour justifier tous les maux de la France. Un discours dangereux qui ne repose sur rien de solide. Je crois que ces gens méconnaissent carrément les réalités entre leur pays et l’Afrique. Ce partenariat, contrairement à ce qu’ils pensent, profite plus à la France qu’aux pays africains.’’

De l’avis de Monsieur Niang, les étrangers, y compris les Africains qui sont les principales cibles du RN, contribuent de manière importante au dynamisme de l’économie française. Aussi, précise-t-il, il y a toutes ces entreprises françaises établies dans le continent et qui exploitent les ressources naturelles des différents pays africains. ‘’Dans beaucoup de domaines, la France exploite nos pays. Je peux citer le cas de l’uranium au Niger exploité depuis des années par les entreprises françaises dans des conditions économiques déséquilibrées…. Partout sur le continent, la collaboration a plus profité à la France qu’aux Etats africains, ce qui a d’ailleurs provoqué le développement d’un certain mécontentement depuis quelques années.’’

Selon lui, soit ceux qui dirigent le RN n’ont rien compris, soit ils sont dans le populisme. Il ajoute : ‘’Moi j’ai presque souhaité dans un coin de mon cœur que l’extrême droite vienne au pouvoir. Parce que pour moi, les populistes on doit leur donner le pouvoir, pour que tout le monde puisse constater leur limite, ou bien la limite des idées qu’ils développent. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les idées d’extrême droite vont continuer d’infester la vie politique en France.’’

Revenant sur la victoire relative de la gauche, il déclare : ‘’J’attends la gauche sur des actions concrètes, même si je ne me fais aucune illusion. J’espère quand même qu’ils vont travailler pour rééquilibrer un peu plus les rapports entre la France et les pays africains, qu’ils travaillent à mettre un terme au paternalisme de la France dans ses relations avec l’Afrique. Je n’attends cependant pas grand-chose, parce que le destin de l’Afrique, c’est entre les mains des Africains.’’’

A la question de savoir si le RN n’était pas le meilleur allié pour ceux qui aspirent à des ruptures profondes dans les rapports entre l’Afrique et le pays de Marianne, il rétorque : ‘’Je ne crois pas parce que comme je l’ai dit, le RN est surtout dans le populisme. Ils n’auraient pas fait grand-chose s’ils avaient pris le pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi je n’aurais pas été malheureux s’ils avaient gagné, bien qu’ils développent des idées d’une extrême gravité.’’

MOR AMAR

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