Les étudiants ne veulent plus du recteur
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Une marche a été initiée hier par la Coordination des Etudiants de Saint-Louis (Cesl) en hommage à Mohamed Fallou Sène mort mardi, suite à des affrontements avec les gendarmes. Les étudiants, très remontés, ont déclaré le recteur, Pr Baydallaye Kane, persona non grata dans l’enceinte universitaire ainsi que le directeur du Crous, Ibrahima Diao.
Un jour après la mort de l’étudiant Mohamed Fallou Sène, la tempérance ne cède toujours pas place à l’incandescence. La colère est encore très vive. Pourtant, à l’heure de la prière pour le défunt étudiant, hier matin, c’était d’abord la tristesse à l’Université Gaston Berger (UGB). Les étudiants ont organisé une procession. Main dans la main, ils se sont rendus sur le lieu où leur camarade est tombé sous les balles de la gendarmerie. Un silence de cathédrale a régné durant des heures sur le campus social où on n’entendait que les pépiements des oiseaux qui volaient d’un arbre à l’autre comme s’ils venaient compatir à la douleur de ces étudiants. Sur une pancarte, on pouvait lire : ‘‘Je suis Fallou Sène, tu resteras toujours parmi nous, frère.’’ Le porteur était à la tête des étudiants qui étaient en marche blanche. Une fois arrivés sur le lieu où était tombé leur camarade, à quelques pas de la direction du Centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (Crous), les étudiants prennent une brique pour marquer l’espace.
Des traces de sang sont toujours visibles au sol. Suffisant pour faire entrer certains d’entre eux en transe. Les uns fondent littéralement en larmes, tandis que d’autres, assis à même le sol, larmes dégoulinant sur les joues, scrutent l’horizon comme pour implorer le ciel pour un meilleur sort que celui qui s’est abattu sur le jeune Fallou, mort en réclamant ses allocations d’études. La tension est tellement vive que la bouderie s’invite : ‘‘Cet argent tacheté de sang, on n’en veut plus’’, lance une étudiante inconsolable. Un de ses camarades étudiants dirige les prières. Les versets du Coran sont récités. A la fin, la marche reprend. Ils se rendent tous à l’esplanade au Tour de l’œuf devenu depuis quelques jours le quartier général. Ici, c’est au tour du président de séance de la Coordination des Etudiants de Saint-Louis, Alexandre Mapal Sambou, de faire face à la presse. La voix cassée, empreinte d’une douleur tirée d’une veillée nocturne, M. Sambou revient d’abord sur les circonstances de la mort. Et il pointe un doigt accusateur sur le Crous. ‘‘Les premiers soins ont fait défaut’’, a-t-il lancé. Selon lui, lorsque Fallou Sène a été touché, on lui a refusé l’ambulance, prétextant qu’elle allait être saccagée. Pour lui, le décès est survenu avant qu’il n’arrive dans une structure.
‘‘A l’hôpital, les médecins n’ont reçu qu’un corps sans vie’’, a-t-il soutenu. Et de durcir le ton. ‘‘Nous exigeons la démission du ministre Mary Teuw Niane qui n’est plus notre interlocuteur’’, a-t-il dit. Quant au recteur de l’UGB, Pr Baydallaye Kane, et le directeur du Crous Ibrahima Diao, la ‘’fatwa’’ des étudiants a consisté à les décréter persona non grata dans l’enceinte universitaire. ‘‘On ne va plus concevoir qu’ils remettent les pieds dans cette université’’, a menacé Alexandre Mapal Sambou.
Le cas de Cheikh Tidiane Sabaly
Cette séance de prières n’était pas seulement pour le repos de l’âme de l’étudiant de Patar. Un autre de ses camarades, Cheikh Tidiane Sabaly, sérieusement touché à la suite des évènements et dont les rumeurs avaient faussement fait état de sa mort, a également été pris en compte dans les prières. Avant de terminer sa déclaration, Sambou est revenu sur les déclarations du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye qui soutenait que les bourses ont été payées au moment où les affrontements avaient lieu. ‘‘Faux !’’ a avancé le Président de la CESL. ‘‘C’est après avoir tué Fallou Sène que des messages ont été envoyés sur nos téléphones indiquant que les bourses sont disponibles sur les réseaux de paiement’’, a-t-il pesté.
FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)