''Raki'', le triomphe de l'amour sur la tradition
Deuxième roman du président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), Alioune Badara Bèye, ''Raki'' narre l’histoire d’un amour que l’on a cru maudit entre une beauté peuhle et un fils du Oualo. Avis aux amateurs d’épopées dans la plus pure tradition du Fouta.
Moins roman que poème épique, ''Raki'', le deuxième roman du président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), Alioune Badara Bèye, semble être le cadeau fait par un père à sa fille. En effet, ce récit magique, surréel, parfois mystique, porte, dans sa narration, un amour presque paternel à son héroïne, qui donne – on l’imagine aisément - son nom à l’œuvre.
Décrite comme belle à en être aveuglante, celle qu’on surnomme dans le roman l’''étoile'' de Saré Lamou, son village, semble posséder toutes les qualités d’âme séant à son incroyable physique. Non seulement elle est douce et gracieuse, mais aussi obéissante et pieuse, semblant – et c’est étonnant vu le nombre de superlatifs utilisés pour la décrire – ne pas tirer outre mesure de vanité quant à son physique.
Même sa naissance relève du surhumain. Née d’une mère restée stérile pendant 20 années, Raki n’a été dévoilée à son père, un pur ''Torodo'' (noble de l’ethnie Hal Pulaar). Sa venue au monde, en plus d’être un miracle, a également réussi à faire revenir sa mère, Dado, dans les bonnes grâces de son époux, qui l’avait délaissée au bénéfice d’une seconde femme cruelle et narquoise.
L'héroïne, bénédiction de sa mère, éclipse évidemment sa demi-sœur, une pauvre fille décrite comme laide et effacée qui connaîtra une longue maladie, puis une fin tragique.
Même si tout semble lui sourire, Raki ne choisira pas la voie de la facilité, de la convention, puisqu’éprise du beau Meïssa, un ''Brack'' du Oualo. Elle défendra avec bec et ongles son idylle, malgré l’opposition de ses parents, et finira par triompher. Le triomphe de l'amour sur les traditions.
Un opus de 103 pages qui se lit mieux à voix haute qu’en aparté.