Publié le 13 Dec 2021 - 20:20
LOI DE FINANCES 2022

Le ministre des Finances annonce le beau temps après la Covid 

 

Au terme d’un ‘’marathon budgétaire’’, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, a annoncé de belles perspectives pour les années à venir. Taux de croissance relevé, maîtrise de l’endettement, investissements ciblés, l’Etat du Sénégal espère tourner la page Covid. C’était hier dimanche, lors de la clôture de la séance plénière pour l’adoption du projet de loi de finances 2022.

 

‘’Les autorités sénégalaises méritent d’être félicitées pour leur riposte rapide et exhaustive à la pandémie du coronavirus, par l’entremise du Programme de résilience économique et sociale… Grâce aux ressources importantes injectées dans le système de santé, la protection sociale, les approvisionnements en biens de première nécessité et dans l’économie en général, la récession a été évitée et les recettes ont été stabilisées. La relance de l’économie est déjà engagée et devrait se poursuivre en 2022, car les fondamentaux de la croissance économique du Sénégal demeurent solides’’.

Cette note optimiste de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), dans une interview du ‘’Soleil’’, a été reprise dans son discours de clôture des travaux sur le budget 2022 à l’Assemblée nationale par le ministre des Finances.

‘’Alors que la sortie de crise se profile, le gouvernement ne varie pas dans ses objectifs, lesquels sont autant de gages du sérieux de nos options budgétaires. Il s’agit précisément du ‘’retour sous la barre des 3 % de déficit public en 2024’’ ; de la ‘’poursuite des mesures de rationalisation des dépenses courantes’’, de l’intensification de l’effort de collecte des impôts et taxes, grâce à la Stratégie de recettes à moyen terme’’, de la ‘’sélection rigoureuse des investissements publics à financer, avec une priorité pour ceux à fort impact social (le dépassement régulier du niveau de 35 % de dépenses sociales dans le budget nous a amené à réviser l’objectif à 40 % largement atteint dans le projet de budget 2022) ainsi que ceux à taux de rendement interne élevé’’ et du maintien d’une ‘’politique d’endettement prudente’’.

Vers une sortie de crise…

Toutes choses qui sont résumées dans ‘’un PSE ajusté et accéléré à partir de 2020, puisque depuis bientôt deux ans, le monde vit sous l’ombre inquiétante de la Covid-19 et le Sénégal n’y a pas échappé’’, indique le ministre dans son discours. ‘’Nos politiques ont été redimensionnées et nos priorités redéfinies’’, dira-t-il en ne manquant pas de faire un clin d’œil appuyé à la ‘’place exceptionnelle’’ accordée à la jeunesse, ‘’puisque ce sont les jeunes qui ont payé le plus lourd tribut dans cette crise, non pas tant d’un point de vue sanitaire, mais plutôt en termes d’emplois détruits, d’horizons bouchés et de perspectives compromises’’.

Abdoulaye Daouda Diallo ne manque pas de relever que ‘’lorsque survînt le choc, le Sénégal avait fini le travail, entamé en 2012, de redressement de ses finances publiques et d’assainissement de son cadre macroéconomique’’. C’est ce qui nous a permis ‘’de maintenir des taux de croissance positifs (1,5 % en 2020 et 5 % en 2021) alors que la plupart des pays du monde basculaient dans la récession’’.

Donc, si le Sénégal a résisté à l’onde de choc du coronavirus, à l’image d’autres pays, c’est parce qu’il disposait ‘’de finances saines ainsi que de la confiance des marchés’’. Ce qui aurait ‘’permis de financer le Programme de résilience économique et sociale’’ et de doter le Fonds Force Covid-19.

Le ministre Abdoulaye Daouda Diallo n’a pas manqué de revenir sur le point très médiatisé du niveau d’endettement du Sénégal. ‘’Ce dernier point est l’occasion pour moi de revenir un tout petit peu sur la dette publique, car je sais que c’est un sujet qui suscite souvent des interrogations, pour ne pas dire des mauvaises interprétations’’.

Le Sénégal dans le lot des “pays à risque de surendettement modéré”

Sur ce plan, ‘’je voudrais tout simplement rappeler qu’il n’existe aucun pays au monde, je dis bien aucun, ni parmi les pays riches ni parmi les pays en développement, qui arrive à financer 100 % de son budget uniquement avec ses ressources propres’’.

Pour lui donc, tous les pays du monde font recours à l’endettement, une réalité aussi vieille que l’apparition de l’Etat. ‘’Or, en matière de gestion de sa dette publique (…), le Sénégal reste classé dans la catégorie des “pays à risque de surendettement modéré”. Au moment où ‘’l’écrasante majorité des pays de l’Afrique subsaharienne, au nombre de 48, est classée “pays à risque de surendettement élevé ou en détresse”.

Abdoulaye Daouda Diallo estime donc qu’il n’y a point de quoi fouetter un chat, puisqu’en plus, ‘’le Sénégal est en train de se désendetter. Car si l’on considère le stock de la dette de l’Etat central rapporté au PIB, il est projeté à 66,7 % à 2021, contre 64,6 % prévus en 2022, soit une baisse de 2,1 points de pourcentage’’.

Mieux, estime-t-il, ‘’en fin 2023, avec les revenus du pétrole et du gaz, la tendance baissière devrait se poursuivre pour se stabiliser à un taux de 56, voire 55 % du PIB’’.

Concrètement, les opérations de financement continueront de privilégier les ressources concessionnelles, le marché financier régional et les partenariats public-privé, ‘’afin de maintenir l’endettement sur une trajectoire soutenable et viable’’. Le recours aux financements non-concessionnels ‘’ne sera retenu que pour financer les projets présentant un taux de rendement interne élevé’’.

Le ministre des Finances et du Budget reconnaît, du reste, que ‘’nous ne réglerons pas tous les problèmes séance tenante et en même temps. Dire autre chose serait faire preuve d’irresponsabilité. Or, gouverner (…) Mais je tiens toutefois à vous rassurer : cette prudence dans le mode de gestion ne signifie pas que nous avons délaissé notre ambition de transformer ce pays’’.

Le ministre annonce aussi ‘’deux réserves de gestion dans le budget 2022, d’un montant cumulé de 50 milliards de F CFA qui vont couvrir, en fonctionnement et en investissement, les imprévus, les oublis, de même que les besoins qui s’avéreront sous-estimés’’.

BUDGET 2022

Les chiffres-clefs

La loi de Finances 2022 consacre de chiffres clefs qui se déclinent comme suit.

Le Budget 2022 est arrêté à 5198 milliards de francs Cfa contre 4 589,15 milliards FCFA et 4 215,2 milliards FCFA en 2020.

Le taux de croissance estimé pour 2022 est de 5,5% alors que le déficit budgétaire projeté est de 4,8%. Le taux d’endettement prévu est estimé 64,6% de l’Etat central. Les programmes et dotations dont les financements sont réellement budgétisés sont au nombre de 142 dont 10 sont constitués en dotations. Sept (7) constituent les comptes spéciaux du Trésor. 

4 milliards aux anciens agents d’Air Afrique

‘’Je porte à votre attention qu’au cours de cette session, le président de la République nous a instruit de procéder au paiement, en 2022, des 4 milliards de francs dus aux 223 ex-agents de la compagnie Air Afrique. Le chef de l’Etat a également demandé le paiement des indemnités dues aux habitants des villages de Diawar et de Kheune, d’un montant total de 1,197 milliard F CFA, suite à leur déplacement, dans le cadre du programme d’aménagement, en 1993, de la rive gauche du fleuve Sénégal’’. Ces mesures ont été annoncées par le ministre des Finances et du Budget, lors de la séance marathon de vote du budget 2022.

Autre décision majeure : ‘’En 2022, pour la troisième année consécutive, le cumul du Fonds de dotation de la décentralisation et du Fonds d’équipement des collectivités territoriales dépassera les 60 milliards de francs CFA, pour s’établir exactement à 64 608 826 520 F CFA’’. L’annonce est toujours du ministre des Finances.

 

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