''Ce que m'a dit Yékini...''
Yoff n'en revient toujours pas de la victoire mercredi de son lutteur sur Sa Thiès, jeune frère du ''roi des arènes'' Balla Gaye 2. Pour faire honneur au vainqueur, tam-tams, tambours étaient de sortie, hier. La maison de Malick Niang a été prise d'assaut par un monde fou. A l'intérieur de son domicile, le lutteur, tout sourire, a reçu EnQuête pour un entretien sans détour.
Pouvez-vous revenir sur la technique dont vous vous êtes servi pour battre Sa Thiès ?
Je misais beaucoup sur la bagarre, mais le combat s'est finalement terminé par de la lutte pure, tant mieux.
Il se dit que vous n'étiez pas encore prêt quand Sa Thiès vous a attaqué ?
C'est vrai, il était sur moi avant que je ne dise à l'arbitre que j'étais prêt, mais il ne savait pas que j'avais plus de réflexe que lui. Il misait tout sur sa rapidité, alors que dans ma formation de garde rapprochée, on nous apprenait à être plus rapide que les balles de pistolet. Et je crois qu'une personne ne peut pas être plus rapide qu'une balle ; dans ces cas-là, on ne voit même pas l'impact arriver, on utilise son réflexe pour parer au danger. C'est ce travail professionnel qui m'a aidé à battre mon adversaire, mercredi.
Avez-vous réalisé que votre uppercut l'a atteint ?
Je sais que je ne l'ai pas atteint comme il le fallait, je l'ai juste effleuré par deux coups, je pense, parce que je n'ai pas compté. Je ne voulais même pas le frapper parce qu'il porte le nom de Serigne Saliou. Ce Saint homme était mon marabout. Je l'ai juste effleuré pour avoir une ouverture et pour le stopper. Je l'estime beaucoup. Tout ce que je sais, c'est que les lutteurs doivent éviter de trop parler lors des face-à-face, cela peut porter préjudice. C'est un combat que j'ai préparé pendant sept mois. Il ne pouvait pas par ses paroles m'atteindre ou me faire changer de comportement. Tout le monde est d'avis que je suis une personne respectueuse et polie, je ne voudrais pas que cela change, pour rien au monde. Il m'avait défié, en disant que c'est lui qui allait frapper, mais au coup de sifflet de l'arbitre, on a vu le résultat. Agir, c'est mieux que parler.
Avez-vous tiré une satisfaction personnelle de cette victoire ?
Non je ne suis pas encore satisfait. Il me reste encore beaucoup de lutteurs à battre. Je n'ai que dix victoires. Il me reste encore une cinquantaine de combats à livrer, donc je n'ai même pas encore fait un quart du chemin qui me reste à parcourir. J'aime la lutte, c'est tout ce que je peux vous dire.
D'aucuns disent que vous avez vengé Yékini (ex-coéquipier d'écurie vaincu par Balla Gaye 2, grand frère de Sa Thiès), est-ce votre avis ?
Non, je n'ai pas pris sa revanche. Lui c'est Yékini, moi je suis Malick Niang. Lui luttait contre Balla Gaye 2, moi contre Sa Thiès.
Avez-vous vu eu des contacts avec Yékini avant le combat ?
Il m'a appelé le jour du combat dans la matinée. Il m'a dit : ''Alors, zéro pression'' ; je lui ai répondu : ''oui, zéro pression''. Il m'a dit que Dieu est Grand et qu'Il allait m'accorder la victoire. Il a prié pour moi, comme au temps où j'étais à l'écurie Ndakaaru. À chaque combat, il m'appelait, et cette fois-ci, il n'a pas dérogé à la règle.
Êtes-vous du même avis que ceux qui avancent que vous aviez un meilleur encadrement à Ndakaaru ?
Non, je ne suis pas du même avis. La seule différence qu'il y a entre les deux, c'est que Ndakaaru avait en son sein un roi des arènes, alors que Yoff n'en a jamais eu. Yoff est une écurie composée de jeunes qui en veulent, qui se donnent à fond et qui ont du talent. Je suis venu pour leur apprendre de mon expérience, mais aussi pour apprendre d'eux.
Il paraît que vous étiez tombé malade à quelques jours du combat. Qu'en est-il ?
En fait, j'avais une fatigue générale, et pas qu'une fois, mais à deux reprises. Je m’entraînais comme un fou, sans me nourrir, et cela a eu des conséquences néfastes sur ma santé. L'avance sur mon cachet que j'avais reçue était épuisée, de telle sorte que je ne pouvais pas me nourrir convenablement. Je peux vous dire qu'à ce jour, j'ai contracté une dette de 4 millions que je compte payer avec le reste de mon reliquat. Mais pour moi, une victoire vaut une dette d'un milliard, même s'il faut payer tout au long de sa carrière.
Vos anciens amis de l'écurie Ndakaaru ne sont pas venus vous soutenir au stade. Pourquoi ?
C'est Yékini Junior qui m'a aidé à nouer mon ''ngemb''. Durant toute la préparation de ce combat, je n'avais de contacts qu'avec lui. Et c'est pour moi l'occasion de remercier mon staff, qui m'a donné la permission de m'entraîner avec Yékini Junior. Tout ce que m'interdit mon staff, c'est de me doper, ou de faire des sacrifices humains pour gagner un combat. Yékini Junior m'a conseillé d'appliquer ce que j'ai fait aux entraînements et de ne pas lutter pour le public. J'ai suivi ses conseils à la règle. Depuis sept mois, j’étais persuadé que la victoire me reviendrait. Ce sont mes proches qui s'inquiétaient, mais à aucun moment je n'ai douté de mes capacités à battre Sa Thiès depuis que j'ai accepté ce combat.
Comment avez-vous passé la nuit de la victoire ?
Je ne me suis couché qu'à 4h du matin, j'ai passé toute la nuit à parler au téléphone. Des parents, des fans, des sympathisants m'appelaient de partout.
Et la place du mystique dans ce combat... pensez-vous avoir atteint votre adversaire mystiquement ?
Non, je ne l'ai pas atteint. Je n'ai fait que me protéger. C'est lui qui m'avait défié sur le plan mystique. Si je l'avais atteint, il n'allait pas faire le déplacement au stade le jour du combat. Et les rumeurs qui disent que j'avais fui à Ngor par peur d'être atteint mystiquement sont fausses.
Qui sera votre prochain adversaire ?
Je ne sais pas, cela ne tient qu'aux promoteurs. J’attends leurs propositions avec impatience. Et je ne fuirais devant aucune proposition. Tout adversaire est le bienvenu. Je m'entraîne et je n'attends qu'un adversaire. Je ne minimise personne, même pas Yawu Dial et je n'ai pas non plus peur des plus grands que moi. Je peux lutter avant la fin de la saison, même dans un mois, ou dans 15 jours, je suis fin prêt.
KHADY FAYE
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