Le coût salé du freelance
''L'indépendance de la presse'' a un coût. Lequel est salé pour le journalisme freelance, notamment pour le reportage en zone de guerre ou de crise.
''Grand reportage : parole à la génération Printemps Arabe''. Ce sous-thème a fait l'objet d'âpres débats lors de l'édition 2012 des Assises francophones du Journalisme et de l'information tenues les 2, 3 et 4 octobre dernier à Poitiers, en France. Animé par Hervé Ghesquière de France2 aux côtés de Reporters sans frontières, il y avait autour de la table Édith Bouvier, freelance au Figaro depuis le 2 octobre dernier), Alfred de Montesquiou de Paris Match, lauréat du prix Albert Londres 2012), Karim Talbi de l'AFP, David Thomson de France24-RFI et Marine Olivesi (freelance).
Tous ont en commun d'avoir couvert ce que la presse mondiale a appelé le Printemps Arabe. Certains parmi eux ont été faits otages durant les manifestations réclamant plus de liberté. Ils ont ainsi raconté les difficultés d'un freelance dans la couverture des événements. Mais en toile de fond du sujet sur le journalisme freelance et de son avenir, il était question d'indépendance du journalisme (thème central), du statut juridique, de la responsabilité, du droit et de l’accès à l’information et à la protection. Ainsi les cinq journalistes ont mis sur le tapis une préoccupation qui hante la profession : la prise en charge du journaliste freelance. Et leur indépendance a un coût.
Selon David Thomson, ''il y a un max de journalistes freelance qui partent en reportage en tant de guerre sans être assurés''. Il a ajouté que la grosse difficulté pour ces journalistes reste la cherté des assurances. Celles-ci se montent à ''300 Euros en tant de guerre'', soit environ 195 000 F Cfa. Les difficultés deviennent accrues quand, avant d’aller en reportage en zone de guerre, il faut faire un stage en environnement hostile. Le coût de cette formation s’élève à plus de 1000 Euros (environ 650 000 F Cfa, à en croire Hervé Ghesquière qui a été enlevé, avec son collègue Stéphane Taponier, le 29 décembre 2009 en Afghanistan et libéré le 29 juin 2011.
La phase d'acclimatation validée, il faut se rendre dans la zone de conflit où le journaliste doit faire face à de lourdes charges supplémentaires. En Somalie par exemple, pour avoir une escorte par jour, il faut débourser jusqu'à 2 000 dollars, (environ 1 million F Cfa). Car, a ajouté Karim Talbi de l’Agence France Presse (AFP), il se pose un problème de sécurité de base pour le journaliste en temps de guerre. D'après lui, la question, ''c’est comment se protéger en tant de crise''. Il a cité le cas des journalistes américains travaillant en tant de guerre : ''A New York Times, par exemple, les journalistes sont escortés et surveillés par des gardes du corps. Durant la chute de Benghazi en mars 2008, les journalistes du Times et d’autres médias américains avaient des gardes. Pour lui, il n'y avait de fait aucune contrainte dans l’exercice de leur métier car ''c’est le journaliste américain qui choisit où il veut se rendre pendant les échauffourées et non les hommes de garde''.
Par Idelette BISSUU
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