Publié le 18 Apr 2024 - 13:15
MORTALITÉ DES MOINS DE 5 ANS

En 20 ans, elle a diminué de 70 %

 

Une étude menée par des chercheurs sénégalais renseigne sur les bons résultats enregistrés dans la lutte contre la mortalité des moins de 5 ans et celle néonatale.  

 

Des chercheurs de l'ONG Exemplars in Global Health se sont intéressés aux nombreux programmes de l’État dédiés à la prise en charge des maladies qui touchent les enfants. Leur étude montre que de bons résultats ont été faits dans ce secteur.

En effet, les chercheurs ont analysé les facteurs déterminants des progrès réalisés par le Sénégal en matière de mortalité des enfants de moins de 5 ans, de mortalité néonatale et maternelle, de retard de croissance chez les enfants et d'administration de vaccins.

Ainsi, l’étude révèle que les enfants sénégalais ont plus de chances de survivre, au-delà de l'âge de 5 ans qu’auparavant. La mortalité des moins de 5 ans, renseignent les chercheurs, a diminué de 70 % en 20 ans. Ces résultats s’expliquent par l’amélioration de la couverture de la vaccination et des autres services de santé infantile et la mise à disposition des services essentiels là où les communautés se rassemblent.

Entre 2000 et 2017, d’après la même source, le Sénégal a réduit le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans de plus de 59 %. Les réseaux efficaces d’agents de santé communautaires, souligne-t-on, ont joué un rôle clé dans l’engagement communautaire, la sensibilisation et la prestation de soins. Cela a permis de renforcer l’adhésion du public et de faciliter le déploiement de nouveaux traitements.

Concernant la mortalité maternelle et de l'anémie chez les femmes en âge de procréer, on apprend que les femmes au Sénégal vivent plus longtemps et plus sainement, grâce aux efforts du pays pour accroître l'accès à la planification familiale et réduire les décès maternels et l'anémie chez ces femmes.

‘’La réduction des obstacles financiers aux soins de santé maternelle, les investissements dans l'éducation des filles, la formation des infirmières et des sages-femmes ainsi que l'augmentation de l'accès aux contraceptifs sont quelques-unes des actions clés entreprises. Entre 2000 et 2017, le taux de mortalité maternelle (TMM) du Sénégal a diminué, passant de 553 à 315 décès pour 100 000 naissances vivantes. Le pays a également vu son taux de mortalité néonatale (TMN) diminuer, passant de 38 à 21 décès pour 1 000 naissances vivantes entre 2000 et 2020. Le Sénégal a priorisé les efforts visant à impliquer les communautés et à promouvoir la santé maternelle et néonatale par le biais de politiques et d’initiatives visant à soutenir les communautés et à encourager les agents de santé communautaires qui se consacrent à la santé maternelle et néonatale, tels que les ‘’Bajenu Gox’’ et les matrones’’, souligne l’étude.

Les rédacteurs ajoutent que, de 2005 à 2017, le Sénégal a réduit la prévalence de l’anémie chez les femmes non enceintes en âge de procréer de 58 % à 53 %. Le renforcement des systèmes de santé a permis d'élargir l'accès à la lutte contre le paludisme (y compris la prévention, comme les moustiquaires imprégnées d'insecticide et le traitement, comme les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine), aux contraceptifs modernes et la supplémentation en fer/acide folique dans les régions rurales qui, historiquement, avaient un accès plus limité.

Toutefois, la prévalence élevée de la pauvreté et le ciblage sous-optimal des programmes sur les populations sous-dotées et les plus pauvres, selon l’étude, restent des obstacles majeurs à de nouveaux progrès.

Le retard de la croissance

En outre, renseigne l’étude, le Sénégal présente l'un des taux de retard de croissance les plus bas en Afrique de l'Ouest. ‘’Le pays a démontré un engagement politique distinct envers la nutrition, le plaçant parmi les rares pays à avoir élevé la nutrition au-delà du ministère de la Santé afin de garantir une plus grande visibilité et coordination. Ainsi, de 2000 à 2022, le Sénégal a réduit son taux de retard de croissance de 24,7 % à 17 %’’, selon le document.

D’ailleurs, dit-on, le Sénégal a créé la Cellule de lutte contre la malnutrition (CLM), un organisme dédié à la nutrition placé sous l’autorité du Premier ministre, qui assure la supervision et la mise en œuvre des programmes de nutrition. Également, le pays a élargi son système de santé communautaire et a vu le pourcentage de femmes ayant effectué́ au moins quatre visites de soins prénatals passer de 14 % à 57 %.

S’agissant de la fourniture de vaccins, en 2022, selon les chercheurs, 99 % des établissements de santé publique proposaient une vaccination de routine et disposaient de tous les vaccins de routine en stock. En effet, ‘’le Sénégal a cartographié l'hésitation à la vaccination pour mieux cibler l'engagement communautaire et a investi dans l'amélioration des chaînes d'approvisionnement grâce à des systèmes informatiques et à la formation des travailleurs de première ligne. Entre 2000 et 2017, le Sénégal a considérablement amélioré la portée et la rétention de son programme de vaccination. En effet, tous les départements ont enregistré une différence inférieure à 10 points de pourcentage entre les personnes ayant reçu une et trois doses de vaccin DTC. Le Sénégal a exploité efficacement un système de surveillance des maladies et de suivi de la couverture pour combler les lacunes en matière de couverture vaccinale et améliorer ses résultats’’.

Dans le même sillage, le gouvernement du Sénégal a aménagé ses activités de sensibilisation de manière à stimuler la demande, en établissant un cadre unique d’agents de santé communautaires, comme les Bajenu Gox.

Les rédacteurs sont ainsi d’avis que la réponse précoce du Sénégal à la Covid-19 a révélé des progrès, de même que sa capacité à maintenir les services de santé essentiels pendant la pandémie, notamment en s’appuyant sur des partenariats et des adaptations innovantes de ses services afin d’accroître les capacités.

‘’Le Sénégal a réutilisé ses capacités de dépistage destinées à d’autres maladies pour accélérer sa réponse à la Covid-19, et a décentralisé le dépistage dans tout le pays. Il a été l’un des premiers pays africains à mettre au point et à fabriquer des tests de diagnostic rapide’’, souligne l’étude.

CHEIKH THIAM

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