Des acteurs pour une refondation de l’école sénégalaise
L’école sénégalaise, dans son ensemble, est prise en otage par différents types de conflits. Ces conflits opposent pour la plupart les élèves aux enseignants ou les syndicats au gouvernement. Pour cela, les acteurs appellent à une refondation de l’école, mais aussi à un “devoir d’introspection“.
L’école sénégalaise est minée par des conflits complexes et variés. D’après une étude nationale sur l’impact de ces conflits sociaux dans le système éducatif, présentée hier par le professeur Souleymane Gomis, enseignant chercheur à l’UCAD. Les conflits opposent la plupart du temps les élèves à l’administration d’une part, et d’autre part les premiers nommés aux enseignants.
Il y a aussi des conflits sociaux entre les enseignants et leurs supérieurs hiérarchiques et les relations entre le corps enseignant et les parents d’élèves. Ces conflits, surtout ceux opposant les élèves à l’administration, pour la plupart liés au manque de professeurs ou de tables bancs, font que chaque année scolaire est susceptible d’être perturbée, d’après l’étude. Les conflits entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement font au moins une perturbation de 45 jours ou plus, poursuit l’étude.
Face à tous ces conflits qui minent l’espace scolaire sénégalais, le président du Comité national du dialogue social (CNDS) demande la mise en place, dans le secteur, d’un dialogue social et de consultation. “C’est une opportunité que nous devrons saisir pour opérer une rupture et une refondation de l’école. Il faut un changement réel des comportements et des mentalités, arriver à doter l’école d’un climat apaisé afin d’arriver à un changement“, recommande Youssoupha Wade.
Selon le Secrétaire général du Ministère de l’Éducation, ce qui s’est passé l’année dernière, avec une grève des syndicats d’enseignants qui a duré 5 mois, dépasse “l’entendement“. “5 mois de grève, ce n’est possible qu’au Sénégal. Au regard des investissements que le gouvernement consacre à l’éducation, nous avons le devoir de faire une introspection. Sans un changement de valeurs, de comportements, il nous sera difficile d’obtenir le changement que nous voulons“, réprimande Makhafa Touré. “Il y a une nécessité de mettre de l’ordre dans l’espace scolaire. Il y a trop de syndicats d’enseignants“, déplore le directeur de la planification, Djibril Ndiaye Diouf.
Selon cette étude qui concerne 140 établissements élémentaires et 140 écoles du moyen et secondaire à travers toutes les régions du pays, les principales causes des conflits scolaires, de l’avis des enseignants, sont pour la plupart liées au “non respect des engagements par les autorités“, au logement, au salaire des enseignants, à la formation, à la sécurité sociale et aux horaires de travail. Comme recommandations, Souleymane Gomis propose la limitation du champ syndical à deux au maximum dans le public, la suppression du recrutement des vacataires, le renforcement de capacités des syndicalistes, le respect des engagements par l’Etat et l’harmonisation des salaires où, dit-il, des enseignants de même catégorie se retrouvent avec des salaires différents.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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