''Hip-hop bizz'', pour le salaire dans le rap
Des rappeurs peuvent désormais exhiber fièrement leurs bulletins de salaire. Du moins ceux qui ont signé avec le label Djolof For Life dans le cadre de son projet ''Hip-hop bizz'.
Ingénieux, le projet dénommé ''Hip-hop bizz du label ''Djolof for life''. Il vise à davantage formaliser et professionnaliser le milieu du rap. L'initiative offre aux rappeurs, avec lesquels le label dirigé par l'artiste rappeur et non moins manager Simon Kouka, la possibilité d'avoir un bulletin salarial mensuel.
Interrogé par EnQuête, l'auteur du titre ''Mbalax dee na'' (le mbalax est mort, en wolof) a expliqué que ''Hip-hop bizz est mis sur pied pour essayer de mieux réorganiser le milieu du hip-hop. Quand on fait l'addition des cachets reçu au cours de l'année et qu'on le divise par 12, on se retrouve avec le salaire moyen d'un cadre de société''. Donc, dit-il, le rap peut bien payer et être rentable si le secteur est mieux organisé.
Ainsi le label Djolof for life ne paiera plus de cachet à ses employés après un concert. Il signe pour un montant sur toutes ses prestations au cours de l'année. La somme globale sera divisée par 12, correspondant à un revenu mensuel, et l'artiste percevra un salaire le 5 de chaque mois. L'artiste-employé aura droit à un bulletin de salaire et pourra bénéficier de certains avantages. ''On va être les seuls rappeurs à travers toute l'Afrique à avoir un bulletin de salaire'', confie avec fierté Simon, PDG de ''Djolof for life''. Dans ce cadre, l'entreprise est en train de négocier un partenariat avec le ministère de la Santé afin que ses artistes-employés puissent bénéficier d'une couverture médicale.
Entamé en mars 2012, le projet dure un an. Il peut être une réponse au lancinant problème du statut de l'artiste qu'essaie de définir le département de la Culture. Le ministre de tutelle Abdou Aziz Mbaye l'a d'ailleurs bien compris puisqu’il serait l'un des partenaires de ce projet en plus d'une société de téléphonie soutenant à bras le corps l'initiative depuis un an. A ce jour, ''Djolof for life'' travaille avec une cinquantaine de rappeurs allant des old school aux crew underground, en passant par les middle et des news school.
Coût du projet, 203 millions F Cfa
En outre, Simon, membre de Y'en a marre, s'intéresse aux groupes des régions. ''On organise des concerts au cours desquels on sensibilise sur la citoyenneté, le paludisme ou encore la vaccination. On se fait les leviers de communication entre nos partenaires et la jeunesse'', fait-il savoir. Mais des sponsors, le projet en a encore besoin car cela pèse lourd financièrement. Il coûte en effet 203 millions F Cfa que doivent supporter Djolof for life et ses partenaires.
Par ailleurs, Simon et d'autres rappeurs participent aux tournées sur la diversité culturelle initiée par le ministère de la Culture dans le cadre d'un partenariat. Le ministère met à disposition la logistique et aide ainsi ''Hip-hop bizz'' à avoir de la visibilité et à tourner un peu partout au Sénégal. ''C'est nous qui animons la dernière journée sur les trois jours de la tournée sur la diversité culturelle. On le fait sans contraintes, et c'est nous qui décidons de tout'', précise Simon. Serait-ce là le Nouveau type de Sénégalais (NTS) qui initie et n'attend pas tout de l'État ?
BIGUÉ BOB
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