Publié le 5 Mar 2025 - 11:37
PAPA MAMA GUEYE (ÉLEVAGE, ARBORICULTURE…)

À 77 ans, toujours déterminé à développer l’élevage d’autruches

 

Très actif et passionné, Pape Mama Gueye élève des autruches dans son champ situé à Bayakh. Bien qu'il ait perdu beaucoup d'animaux, faute de personnel engagé, cet homme septuagénaire croit fermement en son rêve : constituer un cheptel.

 

À 77 ans, Pape Guèye continue de sortir de sa zone de confort, agissant par passion et se rapprochant progressivement de sa vision : implanter un cheptel d’autruches aussi développé que l’élevage de poulets au Sénégal. Un dimanche, comme très souvent, il quitte les Almadies pour se rendre dans son champ, situé à 70-80 km de là. Tout autour de son champ, les gens ont cédé leurs terres à des sociétés qui exploitent la carrière. Ces sociétés ont creusé tout autour du périmètre de 3 ha de M. Guèye, qui a refusé de grosses sommes d’argent par amour pour les arbres et les animaux, notamment les autruches.

Son espace est d'ailleurs en hauteur, à tel point que, pour y entrer, il doit traverser le terrain de son voisin. Dès son arrivée, il se met en tenue de travail. ’’Ça ne me dérange pas de vivre dans un champ. Tous les gens s'étonnent, se demandant comment j'ai fait pour vivre dans cette forêt. Pour moi, ce n'est pas un problème. C'est quoi ? L'agriculture, les arbres fruitiers, etc.’’, a expliqué Pape Mama Guèye, actif et très flexible malgré son âge. Cet homme, amoureux des animaux et de la nature, a fait le pari d’aller jusqu’au bout de son rêve.

Quand Pape Mama Guèye est au champ, il a les yeux partout. Tout ce qui ne va pas, il le voit. Au-delà des animaux et des arbres fruitiers, il veille sur la terre agricole (piments, arachides, etc.). ‘’Un animal malade, je le regarde et je vois qu'il est malade, sans hésitation’’, dit-il avec assurance, en nous montrant une jeune autruche. ‘’Et je remédie tout simplement à la situation. Les choses qui tombent, les gens les dépassent de gauche à droite. En voyant cela, je sais que ça peut être dangereux demain’’, a-t-il poursuivi.

C’est en France que Pape Guèye a commencé à aimer les autruches. Il a été initié par un certain Pierre qu’il a découvert à travers un reportage télévisé. ‘’Il prenait des œufs d’Afrique du Sud, les couvait et les vendait’’, a expliqué cet ancien émigré qui a vécu 40 ans au pays de Marianne avant de revenir au Sénégal en 2007.

‘’L’autruche est originaire de l'Afrique. Nous avons baissé les bras jusqu'à ce que d'autres pays en aient beaucoup. Mais nous n’avons pas de réserve ici. Depuis lors, je suis dedans. J'essaie d'élever’’, a-t-il soutenu. Il a commencé en 1975. Depuis, il a perdu bon nombre d’autruches, mais cela ne l’a pas découragé de continuer à atteindre l'objectif qu’il s'est fixé. ‘’Je ne désespère pas. Toujours, j'essaie de me relancer. Je ne me décourage pas, parce que je sais qu'un jour, si ce n'est pas moi, ce seront peut-être mes petits-enfants qui le feront. Mon objectif est d'avoir un cheptel ici, pour que cela puisse se développer au Sénégal’’, dit-il.

Et d’ajouter : ‘’Maintenant, je remercie Dieu, parce que je vois qu'il y a beaucoup de personnes qui en font et qui sont restées dans leur coin. Pour éviter la consanguinité, il faudrait partager les autruches.’’.

Pape Mama Guèye souligne qu’élever des autruches au Sénégal ne devrait pas être difficile. Pour lui, tout le monde peut le faire, mais il faut remplir certaines conditions, notamment avoir de l’espace. Un couple d'autruches nécessite au minimum 500 m carrés pour s’épanouir. Il faut aussi traiter les animaux avec attention, car ce sont des animaux grands et costauds, mais très fragiles en cas de négligence, selon M. Guèye. ‘’À partir de cela, on peut avoir de la chance. J'ai vu des gens qui ont eu seulement un couple et qui ont fini par en avoir une trentaine ou une quarantaine’’, a-t-il relaté.

Élevage d'autruches : difficile, passionnant, lucratif

Ce qui est difficile dans l’élevage d’autruches, c'est l'alimentation. Une autruche adulte peut manger jusqu'à 10 kilos par jour. ‘’Ici, le coût de l'aliment est trop cher’’, a constaté Pape Guèye, qui essaie de s'adapter avec ce que le Sénégal a en matière première. Après l’étape du démarrage, pour nourrir les autruches adultes, il compose différents aliments, dont le maïs.

Cependant, l'autruchon est hors de danger qu’à partir de 7 mois. ‘’Tant qu’il n'a pas plus de 7 mois, cet animal est toujours en danger à cause de problèmes de jambes, de manque de calcium, etc. S'il reste dans des espaces étroits, il n'arrive pas à se développer correctement’’, a expliqué Pape Guèye. Un œuf d'autruche coûte environ 30 000 F CFA et la chair, jugée plus délicieuse que le bœuf, est lucrative. De plus, il n'y a pas de cholestérol dans la chair de l'autruche. Tout est exploitable, d'après M. Guèye. ‘’Des plumes jusqu'à tout. On en fait du savon, de la margarine, etc. À partir des plumes, les artistes peuvent créer des œuvres. Au début, les gens les utilisaient pour faire des masques, etc.’’, renseigne-t-il. Un grand couple d’autruches peut se vendre entre 250 000 et 300 000 F CFA.

Au-delà des autruches, Pape Mama Guèye élève aussi des vaches et des poulets. Cet attachement aux animaux lui vient de son père. Il a un employé. Avant l’arrivée de ce dernier, de nombreux jeunes ont travaillé avec M. Guèye, mais peu ont tenu le rythme. Aujourd'hui, il est un peu seul, mais reste toujours déterminé. ‘’Ce que je fais ici, c'est pour développer cet élevage, non seulement pour moi, mais pour que tout le monde puisse avoir cette conviction d'aimer les animaux. Moi, je suis disponible, j'ai environ 4 ha et je ne peux pas tout faire. Donc, les bonnes volontés, qui aiment les défis et qui aiment travailler, sont les bienvenues’’, a-t-il soutenu. ‘’Mais le Sénégalais est souvent paresseux. Il veut tout avoir sans effort et c'est impossible. La terre ne ment pas. Tout ce que tu mets dans la terre, s'il y a un bon suivi, tu finiras par gagner. Mes arbres sont petits, mais certains donnent. Ils ne donnent pas beaucoup, mais je ne m'attends pas à ce qu'ils donnent tout de suite’’, a ajouté M. Guèye.

BABACAR SY SEYE

Section: 
STANDARD & POOR’S ABAISSE LA NOTE SOUVERAINE DU SÉNÉGAL DE B+ À B, AVEC UNE PERSPECTIVE NÉGATIVE : Une alerte économique majeure
Conseil des ministres africains chargés de l'eau
Production industrielle
Acson-New Deal Technologique
Visite directrice Banque mondiale
PERFORMANCES 2024 : La Sonatel franchit la barre des 1 776 milliards F CFA
KAOLACK : POUR LA MAÎTRISE DES BUDGETS DE L'ÉTAT ET DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES Des associations et mouvements de jeunes formés
MAÎTRISE DES EAUX, AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE, CRÉATION D'EMPLOIS… : Bassirou Diomaye Faye lance le Promoren d'un coût de 36 milliards F CFA
NEW DEAL TECHNOLOGIQUE : Le Sénégal lance sa nouvelle stratégie numérique
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - PENSION DE RÉVERSION : La colère noire du Saes
FORUM D'AFFAIRES FRANCO-SÉNÉGALAIS : Vers une coopération économique renforcée
RISQUES LIÉS À LA DETTE PUBLIQUE ET AUX GARANTIES : Évolution du Service de la Dette
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE : Le maïs, l'autre grand défi du secteur agricole 
NOTE SUR LES ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES RÉCENTES : Les secrets du rapport de l’ANSD
4E ÉDITION DU FORUM DE LA PME SÉNÉGALAISE : Les PME à la conquête de nouveaux horizons
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : Une guerre des puissances
DES MÉTIERS EN VOIE DE DISPARITION : Les dangers du recours excessif à l'IA
SANTÉ, AGRICULTURE, TRANSPORTS : Faire une IA qui nous ressemble
NOUVELLES TECHNOLOGIES : La course folle vers l’IA
ATELIER SUR LES RÉFORMES ÉLECTORALES : Le Gradec plaide pour une réforme électorale inclusive