Le secteur privé national reprend espoir
Le secteur privé national compte beaucoup sur le nouveau régime qui a décidé de faire du patriotisme économique son nouveau cheval de bataille, afin d’assurer le développement endogène de notre pays. Cette perspective risque de se heurter aux défis que doit surmonter le secteur privé national qui peine à s'épanouir au cœur de l'économie sénégalaise.
Le secteur privé national nourrit de grands espoirs sur le nouveau régime qui a fait de la souveraineté économique son nouveau credo. Lors du dernier conseil des ministres, le président Bassirou Diomaye Faye a demandé au nouveau gouvernement dirigé par Ousmane Sonko d’engager, sans délai, avec le secteur privé (national notamment), la mise en œuvre d’une politique hardie de relance de l’économie nationale ».
Ainsi, la quête de la souveraineté économique passera par l’épanouissement et le développement du secteur privé local. Selon plusieurs observateurs, le caractère extraverti du Plan Sénégal Emergent (PSE) n’a pas beaucoup profité aux entreprises nationales qui ont été laissées pour compte au profit des entreprises étrangères dans la réalisation des grands ouvrages de l’Etat. « On a ainsi assisté à un développement extraverti qui n’a pas beaucoup profité aux Sénégalais en termes de créations d’emplois et de développement des entreprises nationales. A travers le « Projet », il va falloir pour les nouvelles autorités corriger ces imperfections et impulser un développement plus introverti, tout en sachant que nous ne pouvons pas vivre en autarcie », déclare Cheikh Tidiane Sy, vice-président du Conseil national du Patronat (CNP) sur les colonnes du Soleil.
Pour Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF/SENEGAL), le contenu du projet tend une perche au secteur privé national avec le patriotisme économique. « Il faut reconnaître que le secteur privé national constitue le meilleur moteur de croissance économique pour notre pays. C’est sur le secteur privé que repose le développement social de notre pays », affirme l’économiste.
Donc renseigne-t-il, il appartient à l’Etat d'asseoir un cadre législatif et réglementaire pour éclosion de talents du secteur privé. « L’Etat s’est engagé à lutter contre la corruption et à promouvoir la mutualisation de tous les leviers de financements destinés au secteur privé. En effet, l’instauration d’une banque de promotion du secteur privé pourrait offrir à nos entreprises un véhicule financier capable d’accompagner la création d’emplois et de revenus fiscaux pour l’Etat », fait savoir Habib Ndao.
Ainsi, les patrons locaux réclament la mise en place d’un cadre juridique, politique et fiscal favorable au développement des PMI et PME capables d’assurer la création d’emplois et d’absorber l'important chômage chez les jeunes.
Le patriotisme économique comme nouveau moteur du privé national
Dans ses revendications, le syndicat des patrons sénégalais réclame plus de protection et d’accompagnement de la part de l’Etat. Même si, le contenu local dans le secteur du pétrole et du Gaz a été salué comme une avancée pour le secteur privé national. Surtout la nécessité de capter les investissements directs étrangers (IDE) devient aussi capitale pour la survie de nos entreprises nationales.
Selon le patronat sénégalais, le nouveau référentiel « Projet » doit avoir comme paradigme la bonne gouvernance capable d’assurer un climat des affaires attractif et compétitif pour les entreprises sénégalaises, même celles présentes dans le secteur informel.
Par ailleurs, le règlement de la dette intérieure qui a souvent freiné le privé national sera aussi au cœur des enjeux pour le développement d’un marché intérieur. Ce déficit dans le paiement de cette dette a souvent handicapé les entreprises locales qui peinent à obtenir un capital substantielle capable d’accompagner leur développement. Des entités qui souffrent aussi de l’accès au financement des banques et des institutions financières.
En outre, l’instauration de structures alternatives comme le FONGIP, FONSIS n’a pas su résoudre le déficit d’accès au financement de la part de nos entreprises. Toujours, selon Habib Ndao, la principale attente pour consolider le secteur privé repose sur la formation et la formalisation du secteur privé, afin de lui offrir un meilleur accès au financement et à la commande publique.
« Nous avons 9 millions de personnes dans le secteur informel. Il faut encadrer ce secteur informel qui peut devenir le moteur de croissance et de promotion de l’emploi, surtout que l’administration ne peut plus recruter. Dans cette volonté d’endogénéisation de l’économie, il faut que le secteur privé favorise les industries de transformation de nos productions locales et des matières premières, afin de réduire au maximum les exportations et équilibrer la balance commerciale du Sénégal. Le secteur privé national doit quitter son rôle de rentier et être plus audacieux pour faire face à un monde de plus en plus concurrentiel, notamment dans la production de biens et des services », conclut-il.
MAMADOU MAKHFOUSE NGOM