La bonne affaire des puisatiers
Dans la commune de Yoff, les coupures d’eau se font ressentir dans ce qu’on appelle les ‘‘cités nouvelles’’. Beaucoup de puits de surface sont forés un peu partout, mais celui du cimetière musulman est un peu particulier.
A la cité Diamalaye, l’eau est disponible par intermittence. Si la situation s’est légèrement améliorée ce weekend, la semaine a été un véritable calvaire pour avoir de l’eau potable et pour les usages domestiques. Le liquide introuvable en matinée est guetté par les résidents dans la nuit pour remplir seaux, bidons, fûts et réservoirs. Ceux ou celles qui n’ont pas veillé la nuit se rabattent sur la dizaine de puits forés çà et là. Mais il en existe un dont la particularité tient au fait que son eau est consommable.
Adossé à un pan du mur du cimetière musulman de Yoff, le ‘’forage’’ fait des heureux côté vendeurs. Ces derniers, qui y ont installé un puits de surface, écoulent cette eau à 100 F Cfa la bouteille de 10 l. En temps normal déjà, ‘‘cette bonne eau’’, dixit un Nigérian, s’arrache comme liquide de substitution aux Kirène, La Casamançaise ou autres marques d’eau minérale. La rupture en approvisionnement notée dernièrement a élargi la palette de clients. ‘‘C’est vrai que, depuis quelques mois, on reçoit beaucoup plus de monde qui nous achète cette eau. D’habitude, ce sont les locataires nigérians des cités environnantes qui se la procuraient’’, déclare l’homme au chapeau à rebord, officiant comme ouvrier principal qui préfère taire son nom.
Par groupes de trois ou quatre personnes tenant chacune une ribambelle de bouteilles vides ou dans les coffres de leurs voitures, beaucoup de résidents des cités Djily Mbaye, Diamalaye, Nord Foire, Apecsy viennent s’y approvisionner, mais pas forcément pour la consommation. ‘‘Je viens acheter ici parce que c’est plus pratique que de faire la queue pour aller actionner une pompe. Mais c’est bien pour des usages courants que j’en ai besoin’’, souligne Maïmouna. Avec l’afflux, les clients sont maintenant obligés d’apporter leurs propres bouteilles, alors qu’auparavant, l’eau leur était vendue déjà ‘‘conditionnée’’.
Ces puisatiers d’un genre particulier sont quand même sensibles à la situation, puisqu’ils s’engagent à ne pas hausser les prix, quelle que soit la forte demande. Ce qui est bien apprécié par Maïmouna qui déplore un budget subsidiaire et imprévu en eau, mais également l’énorme manque à gagner dans la recherche du liquide précieux.
OUSMANE LAYE DIOP