Dans l'attente des moutons mauritaniens pour casser les prix

Les moutons n’ont pas encore démarré leurs incessantes traversées du fleuve pour inonder les marchés de la région de Matam. À Orkadiéré et à Nabadji, les plus grands marchés hebdomadaires des départements de Kanel et de Matam, les clients se plaignent de la cherté des prix. Les prévisions ne seraient pas encore optimistes pour les revendeurs.
Le marché hebdomadaire d’Orkadiéré est un rendez-vous incontournable pour vendeurs de moutons et potentiels clients. Dans cette bourgade située à plus de 60 km de la capitale régionale, le jour du dimanche n'est pas seulement le jour du Seigneur, c’est surtout un jour pour les bonnes affaires. En cette période de préparatifs de la fête de Tabaski, le marché a refusé du monde. Les potentiels acheteurs sont venus de tous les coins de la région pour profiter des prix. Mamadou Sarr est un enseignant qui sert dans une école élémentaire d'un village près de Ourossogui. Il a sacrifié son dernier jour de week-end dans l'espoir de trouver des béliers à bon prix, mais il a dû déchanter. “Je suis venu ici pour acheter des moutons que je revends à des collègues, mais les prix que j’ai trouvés sont loin de mes attentes. Tout le monde dit que les prix sont accessibles ici. Je suis déçu. Les moutons en provenance de la Mauritanie ne sont pas en grande quantité, c’est peut-être ce qui explique ces prix hors normes”, rouspète M. Sarr.
Dans ce marché, le prix des moutons varie entre 75 000 et 130 000 F CFA. Une fourchette qui ne ravit pas les habitués du marché d’Orkadiéré. “Ce n’est pas normal de trouver ces prix dans ce marché. Si le louma d’Orkadiéré affiche ces prix, quid des autres marchés ?”, s’interroge Baba.
Mais pour le téfanké Abouyel, ruisselant de sueur, les prix ne sont pas exorbitants. “Les clients refusent de mettre les bons prix. Tu vois quelqu’un qui choisit un gros bélier pour ne proposer qu'un prix dérisoire. Ce n’est pas possible. On ne va pas brader nos moutons”, précise-t-il.
Pour la plupart des habitués, les prix sont bien au-dessus des prix habituels. Ils ne sont pas encore à la portée de toutes les bourses. Mais, tempèrent-ils, il n'y a pas péril en la demeure. Il reste encore plus de quinze jours et les moutons provenant des pays voisins viendront inonder le marché local, estime Kaw Moussa. “Les gens s’alarment très vite, mais il y aura assez de moutons pour cette fête de Tabaski. Les Mauritaniens sont en cours de route. Ils devraient arriver dans la région certainement avant le vendredi. J’ai parlé à mes contacts, ils m'ont assuré qu’ils vont venir avec une grande quantité de béliers et cela fera baisser les prix”, dit-il.
Pour ce vieux très connu dans le village de Nabadji Civol, l’État devra juste faciliter l’arrivée des troupeaux, en baissant les taxes afin de permettre aux bergers de faire de bonnes affaires.
Djibril BA