Les demandes de Legs Africa
L'annonce, cette semaine, de l'exploitation du premier baril de pétrole au Sénégal a créé une immense joie chez de nombreux citoyens sénégalais. Sans tomber dans l'euphorie populaire, Legs Africa tire la sonnette d'alarme et demande une gouvernance transparente et inclusive de ces ressources.
L'ONG Legs Africa a voulu anticiper l'exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal. En début de semaine, l'information a été donnée que le Sénégal venait de puiser son premier baril de pétrole. Cela a plongé plus d'un Sénégalais dans une liesse euphorique. Dès lors, Legs Africa a rendu publique sa position à travers un communiqué de presse dans lequel elle demande au gouvernement d'assurer une gouvernance démocratique dans l'exploitation de l'or noir du Sénégal.
Dans ce sens, l’ONG invite le président de la République à une gouvernance démocratique inclusive des ressources naturelles, "particulièrement du pétrole et du gaz, en procédant à une réforme immédiate du cadre institutionnel avec la création d’un Conseil supérieur d’orientation et de veille sur l’intérêt national dans l’exploitation des hydrocarbures, en remplacement du Conseil d’orientation stratégique mis en place depuis octobre 2016".
Pour ce faire, elle soutient l’implication des organisations de la société civile (OSC), des communautés riveraines, des opérateurs et d’autres acteurs économiques et sociaux aux côtés du gouvernement, de l’Assemblée et d’autres institutions républicaines ainsi que des collectivités territoriales, afin de permettre une gouvernance efficace des ressources et la prise en charge effective des attentes et droits des citoyens et des communautés.
Dans le même ordre, Elimane Haby Kane est d’avis qu'il faut "sécuriser les acquis du Sénégal et améliorer la gouvernance démocratique du secteur des hydrocarbures au profit du peuple sénégalais".
En effet, lit-on dans la note écrite, "à travers le projet Sangomar, le Sénégal a démarré sa production de pétrole avec le First Oil tiré le mardi 11 juin 2024. Cet événement inédit intervient exactement 10 ans après l’annonce de la découverte faite en mai 2014 par l’explorateur britannique Cairn Energy et 60 ans après l’ouverture de la Société africaine de raffinage (Sar) en janvier 1964".
Sur cette lancée, souligne Elimane Haby Kane, signataire du communiqué, "après cette annonce de la compagnie Woodside qui a repris le projet en cours en tant qu’opérateur principal (82 %) avec Petrosen (18 %) qui représente l’État du Sénégal dans le consortium, Legs Africa attend une information exhaustive et précise de la part du gouvernement sur la quantité effective de production journalière et les dispositions mises en place pour un contrôle efficace de la production et des coûts de production".
Il rappelle que selon les termes du contrat de partage de production (CPP) et la décision finale d’investissement signée en janvier 2020, "ces derniers, estimés entre 4,9 et 5,2 milliards de dollars américains par l’opérateur Woodside, ont un impact majeur sur la part de production et la rente directe que peut attendre le peuple sénégalais de ce projet".
De plus, M. Kane a rappelé au gouvernement "son devoir d’informer les citoyens sur la stratégie nationale définie pour l’utilisation de la part de production de la partie nationale, les conditions de raffinage et de stockage du pétrole, les moyens de transport de la production du site offshore vers le continent, les dispositifs sécuritaires et surtout la gestion des risques d’impact environnemental et social".
Par conséquent, Elimane Haby Kane estime que le gouvernement a le devoir "d’informer le peuple sénégalais, à qui appartiennent les ressources naturelles, sur la nouvelle stratégie d’approvisionnement en hydrocarbures, précisément sur la contribution du projet Sangomar dans la gestion des importations des produits pétroliers et la réduction des coûts de l’énergie pour les consommateurs".
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)