Les vents de Sandy favorables à Obama?
Trois jours après avoir suspendu sa campagne en raison de l’ouragan Sandy, Barack Obama reprend ses activités de candidat. Le président se rend, ce jeudi 1er novembre, dans trois Etats charnières : le Nevada, le Colorado et le Winsconsin. Sa gestion de la crise suscitée par le passage de Sandy a été saluée par les Américains. Intervenue à une semaine du scrutin, la tempête pourrait changer la donne électorale.
« La tempête Sandy a réalisé pour le président ce qu’il ne parvenait à pas à faire lui-même : lui rendre sa stature de commandant en chef », ironisait le Washington Post au lendemain du passage de l’ouragan sur les côtes nord-est du pays. Dès l’arrivée de Sandy sur le territoire américain, lundi, le président avait abandonné son emploi du temps surchargé de candidat pour se consacrer exclusivement à l’organisation des secours. Une stratégie qui semble lui avoir réussi : selon un sondage paru ce jeudi dans les colonnes du Washington Post, huit Américains sur dix considèrent que le président a fait un excellent travail.
Unité nationale face au désastre
Le souvenir de la faute politique majeure de George Bush, qui s’était contenté de survoler la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina en 2005, a sans aucun doute motivé la stratégie du président américain. La Maison Blanche l’a bien fait savoir : Barack Obama s’est tenu informé heure par heure du développement de la tempête, et a personnellement appelé tous les responsables locaux affectés par le passage de Sandy.
Ce mercredi, le président américain a effectué une tournée dans le New Jersey sinistré, aux côtés du gouverneur républicain Chris Christie. Une rare image d’unité dans une campagne qui s’est singularisée par des attaques sans nuance entre les deux partis. Chris Christie, connu pour son franc-parler et qui occupait un rôle clé dans la campagne de Mitt Romney, avait manifesté dès mardi son soutien à l’action du président. « Le président a été formidable. Il a été très attentif et m'a obtenu tout ce que j'ai demandé », a-t-il déclaré au micro de nombreuses chaînes de télévision.
Sur les plateaux de la très conservatrice Fox News, le gouverneur du New Jersey a même pris ses distances avec Mitt Romney, en expliquant qu’il ne souhaitait pas accueillir le candidat républicain sur ses terres. « Je ne suis pas intéressé, ni concerné par une telle visite », s’était-il exclamé. Une réaction sans doute difficile à digérer dans le camp républicain : cantonné au rôle d’observateur après le passage de Sandy, Mitt Romney aurait pu bénéficier de l’effet positif apporté par les images d’un candidat en empathie avec les sinistrés. Au lieu de quoi, le républicain a dû se contenter de transformer une réunion électorale en collecte pour les victimes, et a simplement été filmé en train d’empaqueter des colis de riz et des bouteilles d’eau.
Le rôle de l’Etat fédéral revalorisé
Barack Obama n’a pas manqué de le répéter aux responsables des zones sinistrées : la réponse de l’Etat fédéral doit être efficace. « Si vous mettez trop longtemps à recevoir une réponse de l’administration à Washington, appelez-moi personnellement », a-t-il fait savoir aux élus concernés. En déclarant dès mardi l’état de catastrophe majeure, Barack Obama a permis le déblocage rapide de fonds fédéraux pour venir en aide aux victimes de la tempête.
Le président a aussi vanté l’amélioration du fonctionnement de la FEMA, administration chargée de la gestion des situations de crise, dont les lacunes avaient été sévèrement dénoncées après le passage de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans en 2005. Cette mise en valeur du rôle de l’administration centrale n’a rien d’anodin dans le contexte électoral. Le camp républicain ne cesse de dénoncer l’incurie de Washington, et milite en faveur d’une moindre intervention de l’Etat. Lors d’un débat au cours des primaires républicaines, Mitt Romney avait ainsi préconisé la privatisation des secours en cas de catastrophe naturelle, et mis en cause la FEMA, dont le rôle s'avère aujourd’hui crucial pour les victimes de Sandy. Ses propos ont opportunément ressurgi après le passage de la tempête en début de semaine, mais interrogé sur leur pertinence, le candidat républicain s’est réfugié dans le silence.
Des problèmes logistiques pour l’organisation du scrutin
Le passage de la tempête n’a pas que des effets bénéfiques pour le camp de Barack Obama. Les opérations de vote par anticipation ont été interrompues dans plusieurs Etats malmenés par Sandy, et quelques bureaux de vote ont été détruits. La situation chaotique dans certains secteurs risque de pousser les électeurs, plus préoccupés par l’organisation de leur quotidien que par le scrutin, à bouder les urnes. Or, selon les sondages réalisés, la majorité des citoyens qui vote avant le 6 novembre se prononce pour Barack Obama. Et parmi les Américains qui hésitent à aller voter, ceux qui se prononcent en faveur du camp démocrate sont plus nombreux que ceux qui optent pour les républicains. Une baisse significative du taux de participation du fait de la tempête risque donc de nuire avant tout à la candidature du président sortant.
Une issue toujours incertaine
Même si la population juge que le président américain a réagi de manière efficace au passage de la tempête, les électeurs directement concernés par Sandy restent minoritaires. Parmi les Etats jugés clés pour déterminer l’issue du scrutin, seules la Virginie et la Caroline du Nord ont été balayées par les vents furieux. La plupart des Américains, notamment dans les Etats où les indécis sont majoritaires, feront avant tout leur choix en fonction du bilan global de Barack Obama, notamment sur les questions économiques. Malgré les images convaincantes d’un président réconfortant les victimes de Sandy ou coordonnant l’organisation des secours depuis la Maison Blanche, la réélection de Barack Obama reste donc bien incertaine. Les sondages le donnent toujours au coude à coude avec Mitt Romney.
RFI