Prééminence de soins informels
La prise en charge de la démence constitue un véritable problème, notamment dans les pays à faible revenu. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, publié le 16 septembre, beaucoup de pays n’ont pas de politique de soutien aux personnes atteintes.
Le Rapport mondial de situation sur l’action de santé publique contre la démence révèle que seul un quart des pays dispose d’une politique ou d’un plan national pour soutenir les personnes atteintes de démence et leurs familles. Publiée hier par l’Organisation mondiale de la santé, l’enquête souligne que la moitié de ces pays se situent dans la région européenne de l’OMS. Dans le même temps, le nombre de personnes atteintes de démence s’accroît, comme l’indique le rapport.
D’après l’OMS, ce problème touche plus de 55 millions de personnes (8,1 % de femmes et 5,4 % d’hommes âgés de plus de 65 ans). Selon les estimations, ce nombre devrait atteindre les 78 millions en 2030 et 139 millions en 2050.
Le rapport montre qu’il est nécessaire de renforcer de toute urgence le soutien au niveau national. Tant en matière de soins aux personnes atteintes de démence, que d’aide aux personnes qui dispensent ces soins. Que ce soit dans un cadre formel ou informel. L’enquête révèle que les personnes atteintes de démence ont besoin de soins primaires, de soins spécialisés, de services communautaires, de réadaptation, de soins au long cours et de soins palliatifs.
Si la plupart des pays (89 %) qui communiquent des données à l’Observatoire mondial de la démence de l’OMS déclarent fournir certains services de proximité, l’offre est plus importante dans les pays à revenu élevé que dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les médicaments contre la démence, les produits d’hygiène, les aides techniques et les aménagements du logement sont, en outre, plus facilement accessibles. Ils bénéficient d’un meilleur niveau de remboursement dans les pays à revenu élevé que dans les pays à plus faible revenu.
Selon le rapport, le type et le niveau des services proposés par les secteurs de la santé et de l’action sociale déterminent également le niveau des soins informels, qui sont principalement dispensés par les membres de la famille. Les soins informels représentent environ la moitié du coût global de cette maladie. Tandis que les coûts relevant de l’action sociale en représentent plus d’un tiers. ‘’Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, le coût des soins prodigués relève, la plupart du temps, des soins informels (65 %). Dans les pays plus riches, le coût des soins informels et ceux relevant de l’action sociale s’élève à environ 40 % dans chaque cas’’, renseigne l’OMS.
D’après l’étude, en 2019, les aidants passaient en moyenne cinq heures par jour à apporter une aide aux tâches de la vie quotidienne à la personne atteinte de démence dont ils s’occupaient. Et 70 % de ces soins étaient dispensés par des femmes. Compte tenu des difficultés financières, sociales et psychologiques auxquelles sont confrontés les aidants, l’accès à l’information, à la formation et aux services, ainsi qu’au soutien social et financier, revêt une importance particulière. Actuellement, 75 % des pays déclarent apporter un certain niveau de soutien aux aidants, même si, là encore, il s’agit principalement de pays à revenu élevé.
En effet, la démence est causée par des maladies et des traumatismes divers qui affectent le cerveau, comme la maladie d’Alzheimer ou un accident vasculaire cérébral. Elle touche la mémoire et d’autres fonctions cognitives, ainsi que la capacité à effectuer des tâches de la vie quotidienne. Le handicap associé à la démence est un facteur clé des coûts liés à cette maladie. De l’avis du directeur général de l’OMS, la démence prive des millions de personnes de leurs souvenirs, de leur indépendance et de leur dignité. ‘’’Elle prive également le reste d’entre nous des personnes que nous connaissons et aimons. Le monde abandonne les personnes atteintes de démence et nous en souffrons tous. Il y a quatre ans, les gouvernements ont convenu d’un ensemble d’objectifs clairs visant à améliorer les soins aux personnes atteintes de démence. Mais les objectifs à eux seuls ne suffisent pas. Nous avons besoin d’une action concertée, si nous voulons que toutes les personnes atteintes de démence puissent vivre avec le soutien et la dignité qu’elles méritent’’, précise le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Il informe, par ailleurs, qu’une série d’essais cliniques infructueux sur différents traitements, combinée aux coûts élevés de la recherche et du développement, a entraîné une baisse d’intérêt pour de nouveaux travaux. Toutefois, il est constaté une augmentation récente du financement de la recherche sur la démence, principalement dans les pays à revenu élevé.
VIVIANE DIATTA