Publié le 13 Mar 2013 - 01:25
PROFIL – AHMADOU ALY MBAYE (DOYEN DE LA FASEG)

Les faces d'un universitaire de «consensus»

Cette façon qu'il a de vous regarder comme pour vous dire que vous avez tout intérêt à ne pas lui faire perdre son temps, ce doit être une marque déposée chez lui. Ahmadou Aly Mbaye, Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG), de taille et de corpulence moyennes, inspire tout de suite le respect, pour ne pas dire qu'il est intimidant.

 

 

Mais ce sentiment est néanmoins teinté d’un arrière goût indéfinissable, comme s’il y avait derrière la carapace de cet universitaire (trop ?) discret, une forme atténuée d'anxiété. Mais rassurez-vous, il sait quand même sourire ! Grâce à cet humour qui vaut souvent à un homme d'être qualifié de pince-sans-rire : tout est dans la tournure des phrases, la répartie, l’intonation vocale.

 

«Fier de mon cursus local»

 

Né en 1967, au quartier dakarois des HLM, d’une famille polygame (le professeur refuse tout net d’offrir plus de détails sur la question), Ahmadou Aly Mbaye se dit fier d’avoir fait toutes ses études à Dakar - mis à part, bien sûr, son 3e cycle parisien. Produit du lycée Maurice Delafosse, puis de l’Ucad, l’universitaire démontre très tôt - pour ne pas dire instantanément - de l'intérêt pour la chose publique, chose dont témoigne le doctorat qu’il obtient, en 1995 au CERDI, en Économie du développement.

 

Preuve de son attachement aux siens, ce scientifique marié «assez tôt» (là aussi, pas plus de détails !), Ahmadou Aly Mbaye n’a jamais hésité à emporter toute sa petite famille avec lui à travers ses pérégrinations professionnelles à chaque mission de longue durée : Etats-Unis, France, Allemagne, Ouganda, Afrique du Sud... Responsable de plusieurs programmes nationaux, régionaux et internationaux de Master et Doctorat, le doyen de la Faseg dit avoir tiré une plus-value essentielle de ces expériences-là, particulièrement en ce qui concerne le réseautage et la recherche. «Très souvent, les problèmes qui se posent chez nous sont les mêmes qu’ailleurs, il faut voir comment les gens les résolvent. Toutes ces solutions sont reproductibles ici, mais il est important de comprendre comment les autres ont fait. Quand on parle de réseau, c’est le partage de résultats et d’expériences de recherches», explique-t-il.

 

«Le doyen, la face cachée de la faculté»

 

C'est peut-être pourquoi, à ses yeux, son élection à la tête de la Faseg n’a pas été un tournant «extraordinaire» dans sa vie… Plutôt étonnant ? Pas tellement si l'on suit le raisonnement de cet homme pour qui l’autorité scientifique est le seul prestige qui en vaille la peine en tant qu’universitaire. «Il ne sert à rien de n’avoir en soi que la fonction administrative, le doyen est juste la face de la Faculté, le prestige de la position restant, au mieux, relatif. J’ai toujours été un chercheur qui bouge, qui a des réseaux, qui envoie des étudiants à l’extérieur, qui relève des défis… En toute humilité. En cela, ma mission de doyen n'est pas tellement différente de celle de l’enseignant que je suis», affirme-t-il, le fantôme d’un sourire sur les lèvres.

 

«On» lui reproche d'être distant, lui se revendique autre. «Je suis assez ouvert», rétorque-t-il. «La presse me reproche de ne pas être accessible… Cela dit, si un journaliste me trouve à une conférence et espère, séance tenante, que j’abandonne tout ce que j’ai à faire pour qu’il puisse me prendre en interview parce qu’il est soi-disant pressé par le temps, c’est niet», dit-il avec fermeté.

Dans ses rapports avec ses collègues, le Doyen de la FASEG se définit comme un militant du «consensus» et non de la «confrontation». Ne souhaitant rien ajouter de plus à l’affaire qui, l’opposant à ses paires, a récemment défrayé la chronique, il se dit conscient que la crise est une phase inévitable de la vie de chaque institution et que de ce fait, sans pour autant y revenir tout le temps, rien ne sert de fuir les conflits, ceux-ci étant une marque de vitalité pour une organisation.

 

«Transparence»

 

A ce propos, le Pr. Ahmadou Aly Mbaye estime, dans ladite affaire naguère relayée par EnQuête, que les faits plaident en sa faveur. Difficile de le contredire, en effet, au vu de certains documents dont nous avons eu copies par la suite et à la lecture desquels rien n’indique qu’il y ait eu la moindre irrégularité dans sa gestion. D’ailleurs, le rapport d’audit confidentiel sur la gestion du Centre de recherches en économie appliquée (CREA) dans la période coïncidant avec la gestion du professeur, et dont EnQuête est entrée en possession, est plus que clair dans ses conclusions : «A notre avis, relève-t-on dans lesdits documents, les états ci-joints présentent sincèrement, dans tous leurs aspects significatifs, les ressources encaissées et les dépenses décaissées par le Crea, conformément aux procédures d’encaissement et de décaissement décrites dans le protocole d’accord avec le bailleur et au manuel des procédures administratives, financières et comptables du Crea.»

 

A 46 ans sonnés, le Pr. Mbaye s’estime personnellement «trop vieux» pour changer quoi que ce soit à son tempérament et à ses choix de vie qu’il dit, avec son héritage culturel, «parfaitement assumer» même s’il n’est «pas parfait». Ayant pour habitude de répéter que le travail «n’est pas une épreuve, mais un plaisir», le «jeune doyen» ne se définit pas pour autant comme un homme ambitieux… Au-delà de sa personne attachée à la culture de la «fidélité sans faille» en amitié, le devoir de respecter «les gens substantiels qui ne s'attardent pas sur les détails» lui tient tout autant à cœur...

 

 

SOPHIANE BENGELOUN

 

 

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