Macky Sall et le “craton diplomatique”
L'Afrique de l'ouest est constituée par ce qu'on appelle le craton “ouest-africain» qui est une zone de stabilité tectonique consolidée au fil des âges géologiques. De la même manière, pour mener une politique qui mène au véritable développement, le Sénégal doit œuvrer pour faire de son espace géostratégique un “craton diplomatique»”. Dans le discours prononcé à l'Institut français des relations internationales (IFRI), le candidat Macky Sall a fait de la “diplomatie du voisinage” l'axe structurant de la politique étrangère du Sénégal qu'il présiderait en cas de victoire à la Présidence de la République.
Pour cela, le nœud gordien de la crise casamançaise doit être résolu grâce à “un accord de règlement définitif (...) négocié et conclu avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance”, avec l'implication de la Guinée- Bissau et surtout de la Gambie, lit-on dans la note citée. Récusant le qualificatif de “conflit de basse intensité” qui est attaché à la situation en Casamance, l'ancien président de l'Assemblée nationale parle d'une “crise meurtrière dont le coût en vies humaines et en biens est insupportable.”
S'il y a une “perspective stratégique de coopération dynamique et renforcée avec (...) le Mali, la Mauritanie et le Cap- Vert”, “la diplomatie pour un véritable développement” reste incontournable. “Si la France est toujours vue comme un acteur important, a rappelé Macky Sall, elle n'a plus le monopole de l'influence culturelle, économique et politique. Désormais, la population sénégalaise regarde, s'influence et échange avec nos frères africains, européens, américains, mais aussi avec des pays du Golfe ou d'Asie.”
En lien étroit avec les exigences du développement, la “diplomatie de paix et de sécurité” prônée par le président de l'Apr veille “à la souveraineté du Sénégal dans ses choix et orientations”. Mais parce que le Sénégal “ne peut faire face seul” à un contexte régional “précaire”, il doit s'engager “activement dans l'action collective” contre le terrorisme ambiant d'Aqmi dans la bande saharo-sahélienne, “les trafics d'armes et de drogue”, “l'accaparement des ressources et des richesses nationales par des oligarchies”, “la faiblesse des institutions républicaines”, “le chômage massif des jeunes”, etc.
Hors de ce cadre, le candidat Sall préconise pour l'Union africaine le principe d'une “seule voix pour peser dans les affaires du monde”. A cet égard et dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité, Macky Sall promet de soutenir le G4 (Japon, Allemagne, Brésil, Inde) en quête de sièges permanents contre un appui à une position commune africaine. Dans cette démarche, il affirme que pour notre pays, “plus de 20 ans après, le moment est venu de retourner au Conseil de sécurité pour partager” le regard et l'expérience du Sénégal “dans la conduite des affaires mondiales.”
Momar DIENG