Le BPE note une ‘’nette amélioration’’, entre 2011 et 2019
Après l’enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) sur la pauvreté, un autre indicateur économique vient mesurer le niveau de vie des Sénégalais.
Un bon élève. L’expression est adéquate pour qualifier les performances du Sénégal dans la mesure de la qualité de vie de ses citoyens. L’analyse émane des résultats d’une étude menée par le Bureau de prospective économique (BPE), logé au Secrétariat général du Gouvernement. Mené par les économistes Moubarack Lo et Amaye Sy, en collaboration avec Sambane Yade, statisticien-économiste, ce travail mesure, pour la troisième édition, l’indice national de la qualité de vie (INQV) et arrive à la conclusion suivante : il est constaté une ‘’nette amélioration de la qualité de vie au Sénégal, entre 2011 et 2019’’.
Alors que le débat sur l’’’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) au Sénégal’’ fait encore rage sur le niveau de pauvreté, ce nouvel indicateur vient réaffirmer de bons chiffres du gouvernement depuis une décennie.
En effet, si le rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) soutient que le taux de pauvreté est passé de 42,8 à 37,8 %, entre 2011 et 2019, le BPE affirme que l’indice national de qualité de vie (INQV) du pays a été mesuré à ‘’51,65 sur 100 en 2019 (un peu en dessus de la cible fixée pour 2030), contre 39,36 sur 100 en 2011 ; soit une hausse de 31 % sur la période 2012-2019’’. Ce qui correspond à une nette progression dans le cadre de l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) 2030.
Les ODD, également nommés Objectifs mondiaux, sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. Sur 17 points, les pays se sont engagés pour amener le monde à plusieurs ‘’zéros’’ qui changent les vies, notamment la pauvreté, la faim, le sida et la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Un indice de la qualité de vie en avance sur les ODD
L’indice de la qualité de vie du BPE, qui pourrait correspondre, selon ses concepteurs, à la dernière strate d’une construction pyramidale verticale, après l’étape d’émergence économique, ‘’ne cherche pas à mesurer un niveau de qualité de vie en tant que tel, mais bien son évolution dans le temps’’. Dans ce dessein, expliquent Moubarack Lo et Cie, ‘’11 dimensions de la qualité de vie, déclinées en 25 sous-dimensions et en 70 indicateurs, ont été sélectionnées par le BPE. La sélection des indicateurs est basée sur leur importance, leur pertinence dans la dimension considérée et la disponibilité de données chronologiques’’.
Selon la disponibilité des données des structures officielles de production de statistiques, ‘’une référence est fixée prioritairement comme une valeur cible des Objectifs de développement durable, une norme minimale fixée par une organisation internationale ou la moyenne de l’indicateur au sein du groupe des pays à revenu intermédiaire supérieur, selon la classification de la Banque mondiale. Ainsi, l’indice vaut 100, si tous les indicateurs considérés sont égaux à leurs cibles ODD de 2030’’.
L’étude des économistes relève que les dimensions qui ont le plus évolué dans leur score en huit ans, concernent la dimension ‘’Protection sociale’’ (score en hausse de +370 %), les ‘’Infrastructures-Tic-énergie’’ (+77 %) et la ‘’Sécurité des personnes et des biens’’ (+66 %). ‘’Les programmes publics d’investissement et de réforme mis en place dans ces différents domaines, complétés par les projets privés, expliquent ces changements positifs’’, ajoute la BPE.
Si l’on ne mesure que l’année 2019, cinq dimensions, sur onze, réalisent des scores largement supérieurs à la moitié de la cible retenue pour 2030 : ‘’Sécurité des personnes et des biens’’ (70,33 sur 100), ‘’Protection sociale’’ (68,63 sur 100), ‘’Revenus-inégalités-pauvreté’’ (65,87 sur 100), ‘’Genre’’ (63,6 sur 100), ‘’Infrastructures-Tic-énergie’’ (60,95 sur 100). Les dimensions ‘’Cadre de vie’’ (eau, assainissement, logement) (50,28 sur 100) et ‘’Education’’ (50,06) réalisent tout juste la moitié de la cible de 2030.
L’emploi, le tendon d’Achille
Tout n’est pas rose pour autant. Car l’étude des économistes montrent également que quatre dimensions sont largement en retard sur les objectifs fixés pour 2030, en matière de qualité de vie : ‘’L’emploi’’ (qui n’obtient qu’un score très bas de 15,65 sur 100 en 2019), ‘’L’environnement’’ (protection de la nature) (score de 39,75 sur 100), ‘’La santé-nutrition-couverture maladie’’ (score de 39,80).
Au-delà de l’année 2019, la dimension ‘’Emploi’’ est un réel problème, depuis l’accession au pouvoir du régime de Macky Sall. Elle est en régression constante, passant de 24,85/100 en 2011 à 15,65 en 2019. L’évolution est même négative, entre 2018 et 2019 (-1,56). Depuis son premier mandat, le président de la République a multiplié les promesses sur l’emploi. Cinq cent mille en 2012, un million à sa réélection et le Programme d'urgence pour l'emploi des jeunes depuis l’avènement de la Covid-19.
Il existe aussi d’autres dimensions de qualité de vie dans lesquelles le BPE invite le Sénégal à améliorer fortement ses performances. Elles concernent la protection de la nature, l’assainissement, le logement, l’éducation et la santé-nutrition-couverture maladie.
Lamine Diouf