Le facteur temps, casse-tête pour décideurs et chercheurs
Le Premier ministre Aminata Touré a recommandé, hier, aux acteurs publics et décideurs l'appropriation des résultats de la recherche économique et sociale des pays le Afrique de l'Ouest. Mais selon Abdoulaye Diagne, directeur du Cres, le hiatus entre le temps des décideurs et celui des chercheurs reste un problème.
La première édition de ce forum de vulgarisation a pour objet de partager les résultats de la recherche économique et sociale réalisés sur le Sénégal et les pays de l'Afrique de l'Ouest. Convoquée par le secrétariat permanent de la Stratégie de la croissance accélérée (SCA) et le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), son objectif est de faciliter leurs utilisations par les différents acteurs.
Venue présider l'ouverture de la cérémonie, le Premier ministre Aminata Touré a demandé aux acteurs publics de "s'approprier les résultats de la recherche qui contribuent à la définition'' de l'agenda de développement. ''Par la qualité des recherches menées dans des secteurs différents comme l'éducation, l'agriculture, la protection sociale, les institutions comme le CRES donnent aux décideurs des preuves et des points d'appui dont ils ont besoin pour formuler et conduire des politiques publiques efficaces", a indiqué le chef du gouvernement.
La Sca, dans sa fonction d'animation économique à travers le partenariat développé avec le Cres, offre au monde académique et de la recherche l'opportunité d'une plus forte implication dans le cadre des grappes de croissance, a-t-elle indiqué.
Pous sa part, Abdoulaye Diagne, directeur du Cres, a déploré une faible interpénétration entre le monde de la recherche et celui des décideurs qui évoluent de façon parallèle, et qui ne s’interpénètrent que de «manière assez fortuite souvent à l'occasion d'activités de consultance". Pour l'économiste, «le décalage existant entre le temps de la recherche et le temps de la décision» sont les raisons avancées pour justifier cet état de fait.
«Le décideur public cherche fondamentalement à satisfaire la demande d'un secteur de l'administration fournissant des faits scientifiques qui puissent appuyer la mise en œuvre d'une politique", a assuré M. Diagne. À cet effet, «l'utilisation des connaissances disponibles avant la prise de décision n'est pas toujours aisée, dira-t-il, pas seulement à cause des délais souvent très courts , mais parce que les connaissances sont rarement mises à la disposition des décideurs».
ANTOINE DE PADOU