La procédure de levée de l'immunité de députés du PDS en exergue
Les quotidiens du mercredi suivent de très près l’évolution de la procédure de levée de l’immunité parlementaire des députés de l’opposition suspectés d’enrichissement illicite, une manière pour de nombreux titres de revenir sur la question de la traque des biens mal acquis, au centre de l’actualité depuis maintenant plusieurs semaines.
Les députés Ousmane Ngom, Oumar Sarr et Abdoulaye Baldé devraient être auditionnés hier mardi par la commission ad hoc chargée de statuer sur la levée de leur immunité parlementaire, dans le cadre de l’enquête les visant pour enrichissement illicite, rappelle Sud Quotidien.
Mais les parlementaires concernés ‘’ont finalement mis à exécution leur menace de ne pas déférer à la convocation (…) et ont adopté la politique de la chaise vide face à leurs +juges+. Prenant acte de cette absence, la commission dirigée par Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire Bokk Yaakaar (mouvance présidentielle), a décidé d’en référer à la plénière prévue demain, jeudi’’, écrit le journal.
‘’Une séance au cours de laquelle la procédure pour lever l’immunité des parlementaires ci-dessus cités sera bouclée par l’examen et le vote de la demande introduite par le ministère de la Justice auprès de Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale. La messe est déjà dite, car il ne fait aucun doute que les députés libéraux seront dépouillés de leur immunité’’, ajoute Sud Quotidien.
Les carottes étant cuites, le député Abdoulaye Baldé a pris les devants en adressant au président de la commission ad hoc une correspondance dans laquelle il l’informe avoir renoncé ‘’à cette pseudo-immunité parlementaire déjà violée (…)’’, par le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite, rapporte l’As.
‘’Je refuse de comparaitre à cause des dérives répétées et d’une hypocrisie politicienne qui n’honorent ni la République ni l’Assemblée (nationale)’’, écrit le maire de Ziguinchor dans la même correspondance. ’’ Votre commission est l’instrument d’une forfaiture que ma conscience de juriste m’interdit de cautionner’’, ajoute-t-il dans la même correspondance, sont des propos rapportés par ce journal.
‘’Ngom, Sarr et Baldé condamnés par défaut’’, souligne pour sa part Walfadjri quotidien. ‘’En refusant de déférer hier mardi à l’audition devant la commission ad hoc, les députés Oumar Sarr, Ousmane Ngom et Abdoulaye Baldé ont tourné le dos à leur dernière cartouche : la possibilité de livrer leur version des faits pour convaincre leurs collègues de les laisser avec leur immunité parlementaire’’, note le journal.
‘’Ils seront donc, sauf miracle, dévêtus de leur +gilet de sauvetage+ demain (jeudi), sans être entendus sur le fond par les 11 +juges+ de la commission’’, ajoute Walfadjri, faisant cependant observer que du côté du garde des Sceaux, ministre de la Justice Aminata Touré, la question de la levée de l’immunité parlementaire de ces députés libéraux relève d’une équation ‘’à plusieurs inconnues’’.
‘’Entre députés de la majorité et ceux de l’opposition, on ne parle visiblement pas le même langage, explique l’aîné des quotidiens du groupe Walfadjri. Si les premiers ont enclenché la procédure qui doit arriver à maturation demain en plénière, les seconds ne l’entendent pas de cette oreille’’.
‘’Les dernières respirations des condamnés’’, souligne la Tribune. ‘’Ils (les députés libéraux visés) ont su, en un temps record, occuper l’espace public en multipliant les déclarations fracassantes et les actes spectaculaires. Une motion de censure a même été déposée pour faire tomber un Premier ministre accusé lui aussi d’avoir trempé dans une histoire de blanchiment de l’argent de Habré. Mais le coup d’éclat n’a pas donné l’effet escompté’’, analyse le même quotidien.
Sur ce sujet, le secrétaire général du gouvernement, Seydou Guèye, ‘’souffle le chaud’’, rapporte Le Populaire, en citant des déclarations du porte-parole de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel. ‘’Plutôt que de parler de vices de procédure, qu’ils aillent répondre de leurs propres vices’’, dit M. Guèye.
D’autres quotidiens continuent pendant ce temps d’ajouter de nouvelles pièces à ce dossier, en alimentant à coups de révélations un autre volet de l’affaire se rapportant au règne de l’ancien président Abdoulaye Wade.
‘’Le triangle du wadegate’’, affiche ainsi Enquête. ‘’Les langues commencent à se délier, après l’inculpation et le placement sous mandat de dépôt d’Alioune Aïdara Sylla. Il nous revient, selon des sources proches de la justice, que le montant total des sommes d’argent, en chèques, ordres de virements et autres opérations bancaires (en cause) dépasse les 4 milliards de francs CFA’’, écrit-t-il.
‘’Et dans cette jungle à milliards, difficile de faire la différence entre ce qui relève des affaires propres de celui qui est présenté comme un commanditaire aux ordres, et ce qui est du ressort de l’ancien président Me Abdoulaye Wade au nom de qui, le natif de Thilmakha déclare agir’’, ajoute Enquête.
‘‘Wade encore mis en cause’’, indique Libération, faisant état d’un détournement de 2,9 milliards de francs CFA au ministère de la Famille. Des correspondances montent que l’ancien président, Abdoulaye Wade, ‘’a forcé le Trésor à payer’’, rapporte ce journal.
Mais, de toutes les façons, ‘’Wade est intouchable’’, dans la mesure où il jouit d’une immunité, selon L’Observateur citant notamment le chef de l’Etat. Sur France 24, le 15 octobre dernier. Macky Sall, ‘’avait soutenu que son intention +n’est pas d’envisager une quelconque poursuite contre le président Wade, surtout qu’il bénéficie d’une immunité+’’, rappelle le quotidien du groupe Futurs médias.
Le Quotidien en profite pour conter ‘’La sage des +fils éternels+ de Wade’’. ‘’Les relations entre Samuel Sarr et Madické Niang jusque dans les convocations devant les enquêteurs ne relèvent pas d’un hasard. Depuis l’affaire Me Sèye, ils partagent les dossiers judiciaires, politiques et financiers de Me Wade. Liaisons entre un homme et un avocat d’affaires’’, écrit-t-il.
‘’Nous nous sommes tous enrichis’’, souligne pour sa part Cheikh Mbacké Samb, responsable libéral aux Etats-Unis, une manière pour lui de donner la bonne mesure de la question de l’enrichissement illicite. Ainsi, pour lui, l’affaire Aîdara Sylla n’est qu’un ‘’coup monté, juste pour tirer des informations à l’ancien parlementaire’’, désigné par la presse comme le ‘’porteur de chèques’’ de Me Wade.
APS