Publié le 12 May 2025 - 18:26
RISQUES DE FAMINE EN AFRIQUE DE L'OUEST ET CENTRALE

Le PAM a besoin d’un financement d’urgence

 

Cinq millions de personnes risquent d’être privées de l’assistance alimentaire vitale, si un financement urgent n'est pas reçu, alerte le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM). Il pointe les conflits persistants, les déplacements de population, la détérioration de la situation économique ainsi que les conditions météorologiques extrêmes récurrentes en Afrique de l'Ouest et centrale, poussant des millions de personnes vers des niveaux d'urgence de la faim (IPC4).

 

Selon les dernières estimations du Cadre harmonisé d’analyse de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et centrale, plus de 36 millions de personnes peinent à satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base. Ce chiffre devrait dépasser 52 millions pendant la période de soudure de juin à août 2025, dont près de trois millions en situation d'urgence (IPC4).

Par ailleurs, indique un communiqué de l’institution, 2 600 personnes au Mali risquent d'être confrontées à une situation de faim catastrophique (IPC5).

Les conflits persistants ont déplacé de force plus de 10 millions de personnes parmi les plus vulnérables de la région, dont 2,4 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile, au Tchad, au Cameroun, en Mauritanie et au Niger. Près de huit millions d'autres ont été déplacés à l'intérieur de leurs pays, principalement au Nigeria et au Cameroun. Beaucoup ont été coupés de leurs moyens de subsistance, ayant abandonné leurs fermes et pâturages à la recherche de nourriture et de refuge.

L'inflation alimentaire, exacerbée par la hausse des prix des denrées et des carburants, a fait grimper les niveaux de l’insécurité alimentaire au Ghana, en Guinée et en Côte d'Ivoire. Les prix des denrées alimentaires continuent d'augmenter au Nigeria, au Tchad, au Niger et au Cameroun, rendant les aliments nutritifs hors de portée des plus vulnérables.

Dans le même temps, les conditions météorologiques extrêmes récurrentes, en particulier dans le Sahel central, le bassin du lac Tchad et en République centrafricaine érodent la capacité des familles à se nourrir. Rien qu'en 2024, les inondations ont touché plus de six millions de personnes dans la région.

Cette année, le PAM prévoit d’apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle vitale à près de 12 millions de personnes en Afrique de l'Ouest et au Sahel pour soutenir les plus vulnérables face aux chocs de la faim.

À ce jour, le PAM a déjà fourni une aide vitale à trois millions de personnes parmi les plus vulnérables, notamment les réfugiés, les personnes déplacées internes, les enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition, ainsi que les femmes et les filles enceintes et/ou allaitantes.

Alors que les besoins humanitaires atteignent un niveau historiquement élevé, les ressources nécessaires pour mettre en place une réponse efficace à grande échelle ne suivent pas le rythme. ‘’Nous sommes à un moment décisif où des millions de vies sont en jeu. Sans financement immédiat, le PAM sera contraint de réduire davantage le nombre de personnes à nourrir et la taille des rations alimentaires à distribuer. Les conséquences seront dévastatrices ; la plupart des communautés déjà en crise ont été contraintes de vendre leurs derniers biens et de sauter des repas, ce qui pourrait avoir des effets négatifs à long terme sur leur santé et leur vie’’, avertit Margot van der Velden, directrice régionale du PAM pour l'Afrique de l'Ouest et centrale.

Aujourd'hui, l’organisation onusienne alerte que cinq millions de personnes risquent d’être privées de l’assistance alimentaire vitale si un financement urgent n'est pas reçu. Entre juin et août 2024, le manque de financement a déjà contraint le PAM à apporter assistance à 7,3 millions de personnes au Sahel, soit seulement 60 % de l'objectif de l'organisation et beaucoup ont reçu des rations réduites.

Le PAM a besoin de toute urgence de 710 millions de dollars pour continuer à fournir une aide vitale aux plus vulnérables de la région au cours des six prochains mois (mai-octobre 2025).

S'attaquer aux causes profondes pour mettre fin aux cycles générationnels de la faim

L'insuffisance des financements menace également les opérations du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) géré par le PAM au Mali et au Nigeria. L'UNHAS fournit des services aériens essentiels et un soutien logistique permettant aux travailleurs humanitaires et aux fournitures vitales d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin.

Au-delà de l'assistance alimentaire d'urgence, le PAM exhorte les gouvernements et les partenaires à investir dans des solutions durables visant à renforcer la résilience et à réduire la dépendance à long terme de l'aide.

Depuis 2018, le PAM travaille avec les gouvernements du Sahel pour s'attaquer aux causes profondes de la faim à travers son programme de résilience intégré, qui a déjà permis de réhabiliter plus de 300 000 hectares de terres au profit de plus de quatre millions de personnes dans plus de 3 400 villages. ‘’En ouvrant la voie et en investissant dans des actions précoces, tout en restaurant les écosystèmes, nous pouvons protéger les communautés vulnérables, sauver des vies, réduire les besoins humanitaires futurs et préserver les gains de résilience dans tout le Sahel. Nous savons ce qui fonctionne et exhortons la communauté internationale à accroître collectivement les investissements dans la reconstruction des écosystèmes et le renforcement des économies locales pour que les communautés prospèrent ; cela coûte peu et permet de prévenir les crises’’, ajoute Mme van der Velden.

Ainsi, l’organisation dit rester déterminée à travailler en étroite collaboration avec les autorités nationales, les organismes régionaux et les partenaires humanitaires pour garantir qu'une aide rapide, ciblée et sûre parvienne à ceux qui en ont le plus besoin.

CHEIKH THIAM

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