Corniche ouest, cible des bandits
La Corniche serait-elle devenue le nouvel eldorado des agresseurs ? À l'évidence oui, si l'on en croit le témoignage de la dame Catherine Sène qui a été agressée mardi, alors qu'elle faisait du sport en compagnie de son amie Couro Wane.
''Deux agresseurs nous ont suivies. Ils ont sorti des machettes et nous ont demandé de donner nos affaires, en pointant sur nous leurs machettes. Il a tiré mes cheveux et a arraché ma chaîne en or. Il a ensuite pris ma sacoche qui contenait mon Iphone et de l'argent (15 000 francs)''. Son amie ne sera pas en reste. Montre, boucles d'oreille, bague et même chaussures. Les agresseurs ne lui laisseront que ses habits. ''Moi, ils ne m'ont pas pris mes chaussures, ils ont dû se dire que j'ai de petits pieds. Celui qui me tenait en joue avec sa machette m'a dit de remettre mes chaussures'', laisse entendre Cathy d'une voix d'abord calme. Puis, elle laisse éclater sa colère. ''Je ne dors pas depuis 48h. C'est une honte qu'on ne puisse pas se retrouver sur une corniche qui est le seul endroit où on peut faire du sport en respirant l'air marin, et qu'on se fasse agresser à 20h15'', martèle-t-elle d'une voix saccadée. ''Justement, on était à un rond-point de chez Macky Sall. C'était vers Atépa'', fulmine-t-elle.
Malgré les voitures qui passaient et un joggeur, les deux dames se sont faites dépouiller sans coup férir, avec en prime la peur de leur vie. ''Personne ne s'est arrêté''. De la police de Médina, on les oriente vers la police du Point E. ''Le policier m'a dit : ''Si vous saviez le nombre d'agressions qu'il y a au niveau de la Corniche''. Et là, Cathy est au bord de l'apoplexie. ''Je suis outrée. Je suis mère de famille, je travaille et j'essaie de décompresser comme je peux. Aujourd'hui, je ne vais plus aller faire du sport, parce qu'il y a des agresseurs au niveau de la Corniche. Heureusement qu'on ne nous a pas violées''. Se demandant comment un coin comme la Corniche, bordée des maisons qui abritent des autorités et l'essentiel des représentations diplomatiques de ce pays, puisse être aussi infesté de malfrats, au point de devenir un "no man's land", elle lance dépitée : ''Je suis choquée, pas de l'agression en elle-même, mais de l'idée que je ne puisse pas utiliser la Corniche pour faire du sport.'''
Selon le témoignage de Catherine Sène, la situation est à ce point catastrophique que ''l'ambassade des États-Unis a sorti un circulaire interne pour demander aux ressortissants américains de ne pas aller courir sur la corniche le matin, vers 7h -7h30. Idem, pour la France''. Un Italien, renseigne-t-elle, se trouve actuellement à l'hôpital. Il a reçu un coup de machette qui lui a fendu le crâne. Tandis qu'un ''diplomate canadien s'est fait agresser il y a trois semaines''. ''C'est une honte''.
Gaston COLY