Les foirails de la vieille cité n’affichent pas encore le plein

Lors du comité régional de développement préparatoire de la Tabaski 2025, la région de Saint-Louis avait évalué ses besoins à plus de 220 000 têtes. Mais à quelque trois semaines de la fête, les foirails de la commune sont encore quasi déserts. Une situation qui préoccupe déjà certains chefs de famille, même si les éleveurs tentent de tempérer.
Il est 12 h, au foirail de Khor, l’un des plus grands marchés de vente de bétail de la commune de Saint-Louis. Sur les lieux, ce n’est pas l’ambiance des grands jours. On note encore ni le grand rush de clients ni de gros troupeaux de moutons à l’entrée et aux alentours du foirail. De teint clair, le portable collé à l’oreille, un grand turban autour de la tête, des lunettes de soleil bien posées sur le visage, le président du foirail nous accueille avec un large sourire sous un hangar, en présence d’autres éleveurs. Pour le président Mamadou Oumar Ba, la situation n’est pas alarmante, même si le nombre de moutons qu’il y avait à pareille date l’année dernière est supérieur au nombre de 2025. “La situation est sous contrôle ; il n’y a pas lieu de paniquer. Il y aura suffisamment de moutons pour toutes les bourses. Khor est le plus grand foirail de Ndar. Certes, ce n’est pas encore le grand rush, mais cela ne va pas tarder. Actuellement, il n’y a que des moutons venus du pays, mais dans une semaine, les camions vont commencer à débarquer les moutons importés de la Mauritanie. Cependant, je confirme qu'à la même période en 2024, il y avait plus de moutons et d’acheteurs”, a déclaré le président Ba.
Les Mauritaniens veulent éviter les charges liées au séjour
Selon l'éleveur, cette situation peut s’expliquer de diverses raisons. D'abord, soutient-il, la principale source d'approvisionnement du marché de Saint-Louis reste la Mauritanie. “Pour amoindrir leurs charges de séjour au Sénégal, les éleveurs mauritaniens préfèrent attendre quinze, voire dix jours avant la fête pour traverser et débarquer à Saint-Louis. Pratiquement, les éleveurs mauritaniens sont présentement sur l’autre rive en train de pâturer leurs troupeaux”, informe l'éleveur. L’autre aspect de ce déficit peut s’expliquer, d'après lui, par les lenteurs observées dans la disponibilité de financements des organisateurs d’opérations Tabaski de grande envergure. “Chaque fois qu’il y a des couacs à ce niveau, cela se ressent dans l’approvisionnement des moutons sur le marché. Pourtant, nous avions alerté au CRD préparatoire pour que les financements soient diligentés rapidement”, a-t-il prévenu.
Malgré ses réserves, le président Ba reste très optimiste quant à l'approvisionnement du marché. “Nous assurons que le mouton sera disponible à suffisance avant la Tabaski à Saint-Louis. D’ailleurs, nous sommes en contact avec des collègues éleveurs qui ont déjà terminé leurs achats à l’intérieur du pays et se préparent à faire mouvement vers les foirails de Ndar”, a rassuré Mamadou Oumar Ba.
Profitant de l’occasion, il tire la sonnette d’alarme sur un fait qui porte préjudice aux éleveurs à chaque période de Tabaski. Il s’agit des retards et des insuffisances dans la distribution de l'aliment de bétail subventionné par l'État. Pour M. Ba, les autorités doivent tout faire pour corriger ces impairs, si elles veulent assister les éleveurs et les populations. “En ce moment, la maison des éleveurs devait accueillir le quota de Saint-Louis. Malheureusement, elles attendent jusqu’à la dernière semaine pour distribuer des quantités bien inférieures aux besoins exprimés, exacerbant la frustration des éleveurs. Ce manque à gagner de l’éleveur est aussitôt répercuté sur le prix de l’animal ; ce qui flambe souvent les prix des moutons à l'approche de la Tabaski” a-t-il signalé.
Face à cette situation, les éleveurs appellent les autorités à accélérer la distribution de l'aliment de bétail subventionné et à augmenter les quotas alloués. Ils demandent également une meilleure coordination entre les différents acteurs de la filière, pour éviter les retards et les malversations.
Pour rappel, lors du comité régional de développement préparatoire de la Tabaski 2025, la région de Saint-Louis avait évalué ses besoins à plus de 220 000 têtes.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS