Trois des six pêcheurs portés disparus sauvés de justesse
Depuis 48 heures, des recherches sont effectuées en haute mer et à la brèche pour retrouver des pêcheurs portés disparus. Cependant, il y a du nouveau dans le chavirement de la pirogue d’Oumar Diop. En effet, des six pêcheurs noyés, trois ont été sauvés d'une mort certaine et embarqués par d'autres collègues qui passaient non loin du lieu de l'accident. Ils ont été acheminés à Yarakh (Dakar) avant leur évacuation à Saint-Louis.
El Hadj, Vieux et Mamadou Diop sont plus chanceux que leurs trois autres collègues pêcheurs toujours portés disparus. Après le naufrage de leur embarcation à la brèche de Saint-Louis, ils ont été secourus en haute mer par des pêcheurs de Dakar et débarqués à Yarakh.
Pour Oumar Diop, propriétaire de la pirogue, le sauvetage de ces trois jeunes pêcheurs guet-ndariens est un véritable soulagement pour leurs familles et tout le quartier de Santhiaba. "J'ai été informé hier par des pêcheurs de Yarakh que trois membres de l'équipage de ma pirogue chavirée la veille sont sauvés et ramenés à la terre ferme. C'est par la suite que je suis entré en contact avec eux pour qu'ils m'expliquent ce qui s'est réellement passé lors de l’accident. Pour le moment, nous remercions Allah de nous ramener nos trois enfants sains et saufs. En attendant, nous croisons les doigts et prions pour que les autres portés disparus connaissent le même sort et soient retrouvés vivants", a déclaré Oumar Diop.
Revenant sur l'accident, le propriétaire de la pirogue a signalé que le mauvais temps en est la principale cause. "Les rescapés ont révélé qu'ils ont été prisonniers d'une forte houle et d'une mer très agitée, au moment de traverser la brèche. C'est sur ces entrefaites que la pirogue s'est renversée et chaque pêcheur a essayé de sauver sa peau. Il a fallu quelques heures de lutte et de survie aux trois jeunes pêcheurs avant d'être embarqués par des collègues qui passaient non loin du lieu de l'accident. D'ailleurs, c'est à cause du mauvais temps qu'ils n'ont pas été ramenés à Saint-Louis, puisque les sauveteurs n'ont pas voulu prendre de risque en tentant de traverser la brèche" a-t-il expliqué.
Toutefois, Oumar Diop a invité les autorités à continuer les recherches pour retrouver le reste de l'équipage. "Depuis la survenue de la catastrophe, les populations de la langue de Barbarie ont mobilisé beaucoup de moyens matériels et humains pour participer activement aux recherches. Mais avec le mauvais temps en haute mer, on ne peut affronter certains obstacles. Raison pour laquelle nous insistons pour que les autorités de la marine mettent plus de moyens dans les recherches des trois autres pêcheurs", a soutenu M. Diop.
Les alertes de la météo négligées par les pêcheurs
Pourtant, la veille de l'accident, la météo avait demandé aux professionnels de la mer de rester à quai, à cause d'une houle dangereuse sur les côtes de Saint-Louis. Les alertes de l’Anacim faisant état d’une mer fortement agitée ne sont malheureusement pas prises au sérieux par certains pêcheurs guet-ndariens. Un non-respect qui occasionne souvent des catastrophes avec des pertes en vies humaines ou des disparitions. Le drame qui s'est produit dans la nuit du lundi au mardi à la brèche en est une parfaite illustration.
Pour le secrétaire général de l'Urpas, Insa Fall, c’est en traversant la brèche que les pêcheurs ont raté leur manœuvre, à cause du mauvais temps. Pourtant, les populations touchées par les nombreux cas de disparition de pêcheurs en haute mer, pendant les campagnes de pêche, avaient pris l’engagement devant les autorités maritimes et administratives de ne plus s’amuser avec la houle qui a fait perdre la vie à leurs parents, amis et employés. Des engagements que les comités de vigilance installés dans la langue de Barbarie peinent à faire respecter. C'est pourquoi la liste des morts et des portés disparus dans les rangs des pêcheurs guet-ndariens continue de s’allonger.
Il faut signaler que depuis que le canal de délestage est creusé dans le Gandiolais en 2003, plus de 450 personnes y ont perdu la vie. "Cet énième accident maritime remet sur la table la lancinante question de sécurité de traversée de la brèche. Depuis près de 20 ans, les populations de la langue de Barbarie alertent les autorités étatiques sur l’urgence et la nécessité de draguer et de baliser la brèche qui a fait des centaines de victimes et occasionne beaucoup de dégâts matériels", s'est désolé le secrétaire général de l'Urpas, Insa Fall.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS