Publié le 22 Nov 2024 - 16:40
SAINT-LOUIS : JOURNÉE MONDIALE DE LA PÊCHE

Les acteurs de la pêche listent leurs doléances

 

À l’instar de la communauté internationale, les acteurs de la pêche de Saint-Louis se sont rassemblés hier au quai de pêche de Diamalaye de Guet-Ndar pour marquer la Journée mondiale de la pêche. Des pêcheurs aux mareyeurs, en passant par les femmes transformatrices, tous étaient présents pour célébrer leur activité. Une tribune que les acteurs ont également saisie pour faire entendre leurs préoccupations face aux défis qui menacent leur métier et interpeller les autorités étatiques pour qu’elles leur apportent des solutions durables.

 

La Journée mondiale de la pêche à Saint-Louis n’a pas seulement été une célébration, mais un véritable moment de plaidoyer pour la survie d’un secteur vital. Les acteurs de la pêche, unis dans leur diversité, ont su faire entendre leur voix, appelant à une prise de conscience et à des actions concrètes de la part des nouvelles autorités. Leur détermination à préserver leur métier et à défendre leurs droits résonne comme un écho puissant des défis auxquels ils font face. La mer, source de vie et de subsistance, était au cœur des échanges.

D’ailleurs, le président de l’Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Unapas), Moustapha Dieng, a profité de la rencontre pour lancer un discours poignant : ‘’Ce 21 novembre, nous ne célébrons pas seulement notre passion pour la pêche, nous levons aussi la voix pour parler des difficultés que nous rencontrons quotidiennement.’’  Pour lui, de nombreux problèmes menacent sérieusement le secteur, mais également l'avenir économique des pêcheurs.

Donc, il est urgent que des mesures soient mises en place pour réguler et garantir la durabilité de la pêche. Raison pour laquelle le président de l’Unapas a égrené un long chapelet de doléances tout en espérant que leurs préoccupations trouveront rapidement des solutions. ‘’Nous demandons avec insistance l'aménagement et la stabilisation de la brèche de Saint-Louis qui a déjà tué plus de 600 personnes et invitons l'OMVS à diligenter la construction de ports fluviaux maritimes à Saint-Louis pour la pêche et le commerce, et pour l'aménagement de la brèche. Nous réclamons le contrôle et la mise aux normes des sites de transformation et l'accompagnement financier des femmes mareyeuses et transformatrices, mais aussi nous insistons pour la régularisation de la situation professionnelle des femmes transformatrices par l'octroi d'une carte professionnelle. Nous demandons plus de diligence et d'accompagnement du programme de renouvellement du parc de camions frigorifiques par la baisse des prix des camions et la mise en place de subventions.  Mais pour plus de transparence dans la gestion des deniers publics attribués au secteur, nous exigeons l'évaluation des deux milliards du fonds Covid-19 placés au Crédit mutuel du Sénégal (CMS) comme crédit revolving et le remboursement des prêts pour la poursuite des financements’’ a listé Moustapha Dieng.

L’exploitation du gaz préoccupe les pêcheurs artisanaux

Avant d’ajouter que la pêche de Saint-Louis a une spécificité par rapport à l’exploitation des ressources naturelles que les autorités étatiques doivent prendre en compte. ‘’Les acteurs de la pêche exigent la prise en charge dans un nouveau chapitre du nouveau Code de la pêche, la cohabitation pêche et exploitation offshore du gaz pour une meilleure protection de nos récifs coralliens qui ne doivent pas servir de fondation aux plateformes. Ils demandent également l'application de l'article 57 du Code pétrolier pour l'indemnisation des pêcheurs impactés et la mise en place d'une banque bleue de la pêche.  Nous demandons une exploitation rationnelle du pétrole et du gaz le long des 718 km de côtes pour ne pas tuer la pêche artisanale.  Pour notre sécurité et celle de nos biens, les acteurs réclament plus de présence de nos gardes-côtes en mer pour une surveillance effective. Nous requérons la négociation d'une zone tampon à la frontière avec la Mauritanie pour compenser en partie le manque à gagner causé par la plateforme. Nous sollicitons la mise en place d'une commission tripartite Etat-BP-Pêcheurs pour la prise en charge de la compensation au niveau de la zone de Diattara à Saint-Louis.  Enfin, nous sollicitons un renforcement des capacités dans la pêche continentale, l'aménagement dans le fleuve Sénégal d'aires protégées, l'accès au financement, le désensablement des embouchures, des estuaires, des ponts et autres points de passage de l'eau dans le fleuve’’, a poursuivi M. Dieng.

 Les acteurs de la pêche de Saint-Louis ont profité de la célébration de la   journée mondiale pour encourager les nouvelles autorités à ne céder sous aucune pression devant l’Union européenne. ‘’Nous saluons le courage du président de la République et de son gouvernement qui ont refusé de renouveler les accords de pêche avec l’UE. Mais ils ne doivent pas s’arrêter en si bon chemin. Il faut auditer tous les autres bateaux étrangers et sanctionner sévèrement tous les fraudeurs. Toutefois, nous dénonçons l'interdiction saisonnière de la pêche nocturne qui cible uniquement les sennes tournantes et les fêlés-fêlés, et qui ne repose sur aucune base scientifique, qui favorise la pêche artisanale et avantage la pêche industrielle’’, a soutenu Moustapha Dieng.

Pour la présidente des femmes transformatrices de Saint-Louis, Fama Sarr, la célébration de la journée du 21 novembre ne doit être nullement des moments d’applaudissements, de chants et de danses, mais plutôt une journée de plaidoyer pour le secteur. ‘’Nous devons nous battre davantage pour la mise en place de réglementations pour protéger les stocks de poisson et assurer la durabilité de la pêche, des programmes de sensibilisation sur les effets du changement climatique et l’importance de la préservation des ressources maritimes. Nous devons interpeller les gouvernants pour l’amélioration des infrastructures et des conditions de travail pour garantir la sécurité des pêcheurs. Nous devons aussi accentuer la lutte contre la pollution des eaux, avec des mesures concrètes pour nettoyer et préserver l’environnement marin’’, a conclu Fama Sarr.

 

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS

 

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