Des acteurs outillés sur la problématique

Depuis avant-hier, une sombre histoire de maltraitance d’un jeune secoue la ville tricentenaire. Une énième bavure qui a provoqué une réaction vigoureuse des acteurs et des autorités de Saint-Louis. D’ailleurs, ils ont profité d’un atelier de formation sur la question pour alerter sur la situation catastrophique du centre de premier accueil (CPA) de la ville.
Les acteurs de la protection des droits des enfants de la région Nord ont encore du chemin à faire. Malgré leurs gros efforts de sensibilisation, les enfants sont toujours maltraités et leurs droits bafoués. La dernière affaire date de trois jeunes. Un jeune garçon a été violenté par son oncle paternel avant d’être retiré par le service régional de l’Aemo et confié à un centre d’accueil. Un centre de premier accueil (CPA) de la ville qui se trouve dans une situation très délabrée. D’ailleurs, les autorités centrales menacent de le retirer de Saint-Louis, si aucune action n’est faite pour sa réhabilitation.
‘’Le CPA avait un local à Goxu Mbacc, dans la Langue de Barbarie, mais il a été fermé, il y a trois, voire quatre ans, parce que le centre était en état tout délabré. Depuis lors, le CPA est logé au centre de formation Chipa de Ndiolofène. Malheureusement, sur les lieux, ils n’ont eu qu’une seule salle, qui sert de dortoir aux enfants, abrite le bureau du personnel et est utilisée également comme magasin pour les denrées. Donc, les conditions ne sont pas réunies pour permettre aux enfants de s'épanouir. Il y a vraiment lieu, pour l'État du Sénégal, de trouver un espace plus approprié pour permettre à ces enfants de vivre dans un milieu convivial et attrayant’’, a expliqué Adama Coundoul du consortium Yiir Xaleyi. Il a regretté le faible taux de capacité d’accueil d’enfants dans les centres publics et le nombre limité de centres privés.
Pour le coordinateur du consortium Yiir Xaleyi, il est temps qu’un centre polyvalent soit érigé pour une meilleure prise en charge des nombreux cas de maltraitance d’enfants et de violences sexuelles dans la région. ‘’On ne peut pas rester un mois sans avoir un cas signalé à Saint-Louis. Pis, il y a beaucoup de cas qui ne sont pas signalés. Vu les dures conditions de vie des enfants qui sont au niveau du CPA, il est nécessaire, pour l'État du Sénégal, de créer des centres multifonctionnels pour permettre aux enfants victimes, aux enfants témoins, aux enfants en conflit avec la loi d'avoir un espace pour leur rééducation, un espace pour éduquer, un espace pour faire de la formation professionnelle. Tous les acteurs doivent se mobiliser pour venir en aide aux enfants victimes de violences et de maltraitance. Mais les auteurs de ces atrocités doivent être traduits en justice et sévèrement punis‘’ a soutenu M. Coundoul.
Il faut signaler que la session de formation a regroupé les acteurs du Comité départemental pour la protection des enfants. Ils ont été outillés sur les cadres juridique et réglementaire, mais aussi sur le schéma de référencement des enfants victimes ou enfants témoins. Une activité qui a été financée par le projet Cipa, porté par le consortium de trois organisations, Enda, Jeunesse, Association d'aide aux personnes vulnérables et Miroir des enfants.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS