Quand des gouvernants tronquent les données
Indispensables à l'aide à la décision publique, les statistiques ne sont cependant pas à l'abri de la tentation des gouvernants de les ''contourner''. D'où l'enjeu de l'indépendance du secteur en débat depuis hier à Dakar. L’enjeu de l'indépendance est au cœur des débats de l’atelier sur les systèmes de statistiques modernes ouvert hier à Dakar pour trois jours.
Co-organisée par l’Institut international de la statistique (IIS) et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal, la rencontre regroupe les directeurs généraux des instituts nationaux des pays francophones. Selon l’ancien directeur général de l’Institut international de la statistique, Jean-Louis Bodin, la question de l’indépendance de la statistique se pose dans beaucoup de pays d’Afrique et à travers le monde. ''Les gouvernements sont les principaux utilisateurs de l’information statistique. Et là, certains sont parfois tentés de contourner, de prendre quelques libertés avec ces données'', a admis M. Bodin.
D'après lui, ''les gouvernements doivent accepter que les statisticiens travaillent en toute indépendance''. Mais pour faire face aux pratiques qui sapent leur fiabilité, les statistiques ont besoin de leader fort et efficace, capable de s’affirmer vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes, a-t-il indiqué. D’où l’importance du thème de la rencontre : ''Leadership dans les systèmes statistiques modernes.'' ''Le rôle du leader n’est pas de faire plaisir au ministre, c’est de dire la vérité. Il doit être fort. Il ne faut pas que les contraintes budgétaires soient un alibi pour peser sur l’indépendance de la statistique'', a insisté M. Bodin.
De l'avis par ailleurs de l’ancien DG de l’IIS, les pays africains ont besoin d’informations statistiques fiables pour asseoir leur développement et leur processus de démocratisation. Il a indiqué que pour cela, les gouvernements doivent doter les agences statistiques de moyens suffisants pour leur fonctionnement. ''La statistique est une mission régalienne qui appartient à l’État. Pour que les agences de la statistique puissent bien marcher, il faut d’abord des crédits qui viennent de l’État. Il faut donner aux institutions de la statistique des moyens financiers suffisants pour fonctionner normalement'', a plaidé Jean-Louis Bodin.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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