Publié le 4 Nov 2022 - 16:15
TAMBACOUNDA - INJURES À L’ENDROIT DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE

Les sœurs Touré fondent en larmes et demandent pardon à la barre

 

Mardi dernier, deux filles du quartier Pont de la commune de Tambacounda ont fait face au juge du tribunal de grande instance. Elles ont comparu pour invectives envers l’Administration pénitentiaire.

 

Ndèye Awa et Mary Touré ont fait preuve d’une indiscipline notoire qui leur a valu un séjour carcéral et des regrets qu’elles ont exprimés, hier, devant le tribunal, à haute et intelligible voix. ‘’Pardonnez-nous, s’il vous plait. Nous ne recommencerons plus. C’était une grosse erreur de notre part’’, ont-elles fini par concéder, à la barre, après avoir tenté de nier les faits. Les donzelles ont manqué de respect l’Administration pénitentiaire.

Pourtant, à l’entame de l’audience, à la question du juge : reconnaissez-vous les faits ? Elles ont toutes les deux répondu par la négative. Dans un premier temps, elles ont reconnu s’être disputées avec le major Ndao, mais elles ont juré n’avoir pas proféré d’injures envers l’Administration pénitentiaire. Il a fallu le témoignage de l’agent Habib Ndao et la déclaration du major, pour que les filles fassent volte-face et acceptent leur culpabilité.

Habib Ndao a révélé que le jour des faits, il se trouvait dans le jardin à côté de la Maison d’arrêt et de correction (Mac). En retournant à la Mac, il a croisé les deux jeunes filles sur une moto qui tenaient des propos grossiers et injurieux envers toute l’administration. C’est ainsi qu’il s’en est ouvert au major Ndao qui, ce jour-là, se chargeait des permis d’entrée.

Dans son témoignage, le major a déclaré qu’il n’avait même pas vu Mary qui se tenait devant le portail de la prison, scotchée à son téléphone. ‘’C’est le chef de groupe qui m’a interpellé pour me dire d’aller dire à la fille devant la porte de ne plus venir ici habillée de la sorte’’. Il a appelé Mary, mais celle-ci, concentrée sur son téléphone, n’a pas entendu son appel. Il s’est alors approché d’elle. ‘’Je lui ai demandé son nom. Elle a répondu qu’elle s’appelait Mary. Ensuite, je lui ai demandé si elle avait remarqué que son habillement n’était pas décent. Elle m’a répondu qu’elle était sortie de chez elle comme ça et que ce n’était pas à moi de faire un jugement sur son accoutrement. Elle a commencé à mal me parler. Elle utilisait des mots grossiers. C’est ainsi que mon supérieur m’a demandé de leur dire de reprendre le repas et de le ramener’’, dit-il.

Une décision qui n’a visiblement pas plu à Ndèye Awa, âgée de 21 ans et mère de deux enfants, et à Mary, 19 ans et mère d’un enfant. Les deux jeunes célibataires sont entrées, alors, dans une colère noire et ont tenu des propos tellement grossiers qu’elles ont eu du mal à les répéter devant le tribunal.

Mary a dit : ‘’Allons-y, ce sont juste des imbéciles. Ils ne sont absolument rien.’’ Quant à Ndèye Awa, elle a insulté de mère tous les agents de la Mac.

Plus tard dans la même journée, la maman des filles est venue apporter le repas destiné à un des détenus. Le major Ndao lui a raconté la scène avec ses filles et lui a demandé de mieux éduquer ses enfants. Mais cette dernière l’a dévisagé avec mépris et est repartie sans piper mot.

C’est ainsi qu’il a pris la décision de porter plainte pour donner une leçon à ces filles. Une leçon qu’elles semblent avoir retenue, après leur séjour carcéral. ‘’Pardonnez-nous et laissez-nous rentrer. Depuis qu’on est là-bas, on ne mange pas, on ne dort et on pense à nos enfants’’, ont-elles imploré.

‘’Maintenant, vous savez qu’ils sont quelque chose’’, a lancé le procureur.  Avant de leur passer un savon. ‘’Pour qui vous prenez-vous ? Pensez-vous que vous pouvez manquer de respect à des agents, de surcroit sur leur lieu de travail, impunément ?’’. Le procureur d’ajouter : ‘’Vous ne pouvez pas vous comporter partout de la même façon. Ce que vous portez chez vous, vous ne pouvez pas le porter partout.’’

Le parquetier, dans un souci de faire du cas de ces jeunes un exemple, a requis trois mois ferme et 50 000 F pour chacune d’elles. Un réquisitoire accompagné de cris et de pleurs des prévenues.

La partie civile, représentée par le major Ndao, a, elle, tout simplement pardonné. Elle n’a pas demandé de réparation.

Le juge a lui décidé de renvoyé son délibéré au mercredi 9 novembre. Les jeunes filles vont devoir encore prendre leur mal en patience. Elles poursuivront leur séjour carcéral à la Mac, loin des yeux de leurs enfants. 

Boubacar Agna Camara (Tambacounda)

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