Publié le 24 Jan 2023 - 23:09
TENSIONS POLITIQUES AUTOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE 2024

Alioune Tine plaide pour une rencontre entre Ousmane Sonko et Macky Sall

 

Membre influent de la société civile sénégalaise, le fondateur d’Afrikajom Center réaffirme sa préoccupation face aux tensions politiques que connaît le Sénégal, à un an de l’élection présidentielle.

 

La mobilisation de Keur Massar restera dans les annales des meetings  politiques au Sénégal. Une démonstration de force de Pastef/Les patriotes et de son leader. Si le monde fou rassemblé, dimanche dernier, par Ousmane Sonko a de quoi marquer les esprits, c’est la radicalisation de son discours qui suscite le plus d’inquiétudes et replonge le pays dans un éternel recommencement dans la perspective de joutes électorales depuis 2019.

Face aux menaces sur sa candidature exercées par l’issue incertaine de son procès à venir pour des accusations de viols et de menaces de mort, le maire de Ziguinchor a appelé ses  partisans à se tenir prêts pour la résistance. En face, le président de la République a déjà promis que les heurts qui ont accompagné l’arrestation de l’opposant en mars 2021 ne se reproduiront plus.

Une escalade des situations à risques que le fondateur d’Afrikajom Center décrit : ‘’Du côté du pouvoir politique, toutes les dispositions ont été prises pour renforcer les moyens matériels et humains des forces de défense et de sécurité. Du côté de l’opposition et du leader Ousmane Sonko, on assiste à une mobilisation sans précédent des militants constitués en majorité de jeunes pour engager la bataille : refus de se rendre à la justice et appel à la résistance. Cette situation exprime plus que tout, les graves et sérieux dysfonctionnements de la démocratie sénégalaise, malade de la politique politicienne.’’

 Alioune Tine s’est exprimé à travers un communiqué d’appel au calme visant principalement les deux personnalités politiques les plus en vue du pays. Au président de la République Macky Sall, le droit-de-l’hommiste demande de créer ‘’rapidement les conditions d’un dialogue avec l’opposition pour une sortie pacifique de cette grave crise que traverse le Sénégal à l’heure actuelle’’. A son plus grand opposant, l’expert indépendant sur la situation des Droits de l'homme au Mali demande de ‘’surseoir et bannir tout appel à l’insurrection et à privilégier le dialogue politique franc, sincère pour éviter l’effondrement des institutions publiques et du chaos’’.

La seule rencontre officielle connue entre les deux hommes politiques remonte à la date du 24 mars 2020. Alors que le Sénégal venait d’enregistrer ses premiers cas de malades du coronavirus, le gouvernement a appelé à l’union nationale en cherchant l’assentiment des opposants pour pouvoir légiférer par ordonnances sur les mesures à prendre face à la pandémie de Covid-19.

Mais la trêve patriotique a rapidement laissé place aux rivalités politiques, à l’approche des élections locales de janvier 2021. Même l’ivresse de bonheur qui a accompagné la victoire des Lions du Sénégal à la Coupe d’Afrique des nations (Can) n’a pas amené les deux hommes à se rencontrer. Bien que l’opposition ait été invitée à l’accueil des joueurs, aux côtés des autorités en place, lors des festivités.

Comment réussir l’exploit d’amener Ousmane Sonko et Macky Sall à s'asseoir à la même table ? Alioune Tine rappelle que même en état de guerre, les ennemis se parlent. De ce  fait, ‘’il n’y a aucune raison pour que l’opposition et le pouvoir ne s’assoient pas périodiquement pour parler de ce qu’ils partagent ensemble : le Sénégal et les Sénégalais dont ils proclament tous vouloir chercher leur bonheur’’, ajoute-t-il. L’enjeu est tout simple, mais crucial.

En effet, assure le fondateur d’Afrikajom Center, ‘’la transformation et la manipulation politique d’une affaire de mœurs en un enjeu de pouvoir sans précédent dans l’histoire du Sénégal, risque de créer des affrontements, des tensions et des violences politiques dont il est difficile de mesurer le développement et les conséquences pour la stabilité et la sécurité du pays’’.

Le Sénégal reste un îlot de stabilité dans une zone marquée par l’insécurité et la volatilité des pouvoirs politiques en place. En tant qu’expert indépendant sur la situation des Droits de l'homme au Mali, où les troubles qui ont abouti au renversement du pouvoir sont partis d’élections législatives, Alioune Tine a souvent appelé, lors de périodes de tension accrue entre l’opposition sénégalaise et le pouvoir en place, à une rencontre entre les leaders politiques. Ce fut le cas à la veille des élections législatives du 31 juillet 2022.

En effet, ‘’aujourd'hui, la solution la plus pacifique, la plus appropriée, serait que les acteurs politiques se rencontrent autour d'une table et discutent. Il me semble que si le président de la République, Macky Sall, demande à son gouvernement de s'asseoir avec les responsables politiques de l'opposition, on aboutira à une solution pacifique qui nous permettra d'aller très rapidement vers des élections sereines’’, déclarait-il.

Au-delà du procès qui vise Ousmane Sonko, la candidature éventuelle du président Macky Sall pour un troisième mandat est également une source potentielle de troubles politiques. C’est ainsi que l’appel du membre de la société civile est également une invite  à la communauté internationale. D’abord, envers la Commission politique, de la paix et de la sécurité de la CEDEAO et de l’Union africaine ‘’à se rendre immédiatement à Dakar pour anticiper toute crise qui pourrait s’ajouter aux crises complexes qui, aujourd’hui, menacent la survie de certains pays de la CEDEAO’’. Ensuite, à la Cour pénale internationale ‘’de surveiller la situation politique qui se dégrade de jour en jour au Sénégal et qui pourrait donner lieu à l’explosion de la violence’’. Enfin, au Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, à l'Union européenne, aux États-Unis et tout autre État ‘’à activer les leviers de la diplomatie préventive pour aider le dialogue politique au Sénégal’’.

Les propos du président d’Afrikajom Center interpellent le Forum du justiciable

 

Dans le communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, Babacar Bâ et Cie disent "non à une société civile pyromane et rentière de la tension". D’après eux, ces propos tenus par Alioune Tine et relayés par la presse sont d'une gravité extrême. "Ce procès peut mener à une guerre civile’’, a regretté le Forum du justiciable.

Dans cette note, il déclare qu'au lieu d'appeler à l'apaisement et au respect des institutions de la République, seules garantes de la paix sociale, une certaine société civile joue à faire peur à la population sénégalaise.

Aussi, le Forum du justiciable considère cette réflexion d’Alioune Tine, qui est d'une tendance outrancière à l'exagération. "Ce champ lexical qui tente de peindre le Sénégal comme un État qui risquerait d'imploser, voire de brûler doit être banni et laisser la place à l'appel à la retenue, au dialogue et au respect des institutions de la République", lit-on dans le communiqué.

Dès lors, il rappelle que la société civile a pour rôle d'intervenir sans cesse sur "la promotion de la paix, de la sécurité des personnes et des biens, de la non-violence et le respect de la marche régulière des institutions de la République".

Le Forum du justiciable révèle que peu importe les insuffisances et défaillances, il est nécessaire de plaider pour la correction en vue d'obtenir une administration juste, équitable et indépendante.

Dans la même veine, il estime qu’"il est inapproprié, voire inacceptable d'utiliser certains propos pour qualifier d'éventuelles conséquences d'un procès pénal", ont-ils dénoncé.

Tout de même, ces derniers, pour un Sénégal stable et paisible, invitent tous les acteurs "au calme et à la retenue". De la même façon, le Forum du justiciable souhaite qu'on ne retombe plus dans des propos expéditifs qui, selon eux, pourraient saper notre commun vouloir de vivre-ensemble.       Mouhamadou Rassoul KANE (stagiaire)

Lamine Diouf

 

Section: 
LANCEMENT DU RÉSEAU DES ENTREPRISES POUR L'ÉGALITÉ DES CHANCES : Simplon veut booster l'employabilité des jeunes
BUDGET 2025 : La feuille de route du gouvernement 
MODICITÉ DE LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE LOCALE : Ngoundiane dans la tempête budgétaire
LOI DE FINANCES 2024 : Le régime engage la course contre la montre
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes
ASSEMBLÉE NATIONALE : Le projet de loi de finances pour 2025 finalisé dans les prochains jours
MARCHÉS DE L’ARACHIDE : L’État cherche un consensus  
Pikine