74% des exportations du Sénégal ont eu lieu dans la sous-région
Au fil des ans, la tendance ne semble pas s'inverser en matière de déficit structurel de la balance commerciale en ce qui concerne les pays en voie de développement, le Sénégal y compris. C'est le constat fait par le rapport (provisoire) sur le diagnostic sur le transport routier de marchandises au Sénégal, réalisé avec le concours de l'Union européenne.
Présentée hier par le chef de mission Amakoé Adolehoumé, économiste des transports, cette étude note que les importations sont passées de 5,617 millions à 6,498 millions. Il a ajouté que les exportations ont aussi augmenté de 3,268 millions à 4,630 millions de tonnes, entre 2008 et 2012. Le déséquilibre est très criard en valeur, puisque sur la période considérée, les importations sont passées de 2 531 milliards à 3 005 milliards, alors que les exportations vont de 891 à 1 216 milliards.
D'après le diagnostic, en 2011, les échanges du Sénégal avec les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la Mauritanie représenteraient 74% des exportations totales du pays en volume (13 % en valeur) et 17 % des importations totales en volume (20% en valeur). L'analyse relève en outre qu'à l’import ou à l’export, le transit apparaîtrait plutôt marginal, ''moins de 1% du commerce total du Sénégal, avec la CEDEAO et la Mauritanie''.
Ces statistiques montrent que le secteur des transports routiers constitue un élément fondamental du développement du commerce extérieur. À cet effet, il est inscrit dans le rapport provisoire que le corridor malien occupe une place prépondérante dans les échanges du Sénégal avec les pays voisins. Tout comme le corridor sénégalais a pris une part importante dans l'acheminement des marchandises en provenance et à destination du Mali. Ainsi, entre 2005 et 2012, le volume total transporté par ce corridor (imports-exports) a été multiplié par 2,6 environ, passant de 897 691 tonnes (2005) à 2 326 802 tonnes (2012). Cependant, il est à précisé que les deux modes que sont les rails et la route participent de façon inégale à ce trafic puisqu'en 2012, la route assure près de 90% du trafic global malien passant par le Sénégal contre 10% par le rail.
Par ailleurs, il est noté un écart entre la région de Dakar et le reste du pays, mais également des différences entre catégories d'entreprises. Ainsi, la région de Dakar regroupe près de 50% des transporteurs du pays alors qu'elle ne concentre que 21% de la population nationale. Le constat est le même pour les véhicules car la région de Dakar rassemble 65% du parc de véhicules de transport routiers de marchandises (TRM) ; suivent ensuite Thiès et Diourbel.
Dans le document, il est également rapporté que le parc de véhicules de TRM rend justement compte du déséquilibre spatial entre Dakar et le reste du Sénégal, de même qu'il traduit clairement les inégalités entre opérateurs de la capitale et des autres régions.
Plus de 85% des véhicules ont plus 10 ans
Un autre fait qui interpelle demeure l'âge du parc de véhicules de TRM. Selon le rapport, en considérant uniquement les camions (14 679), les tracteurs (11 993) et les remorques/semi-remorques (10 679), le parc dont le total enregistré se monte à plus de 37 000 unités compte, en 2012, plus de 85% des véhicules ayant plus de 10 ans. ''Le parc est donc très âgé, parfois inutilisable, selon les propos de nombreux opérateurs dont certains disent éviter des marchés de transport qui occasionnent de longs trajets (internationaux notamment), par crainte de tomber en panne'', informe le document.
À ce sujet, Jules Sagna, secrétaire général du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, a indiqué que le renouvellement du parc reste une préoccupation majeure de l’État et des opérateurs. ''L’État est déterminé à les accompagner de façon à ce qu'ils puissent être concurrentiels'', a indiqué M. Sagna.
ANTOINE DE PADOU