Publié le 23 Oct 2022 - 09:55
TROISIEME CANDIDATURE DE MACKY SALL

Les alliés de la première heure disent non

 

Face à la presse hier, le Groupe des alliés de la première heure (Graphe) a survolé l'actualité du pays. Troisième mandat, Ousmane Sonko, Assemblée nationale… sont, entre autres, les sujets évoqués par l'entité appartenant à la mouvance présidentielle.

 

"L'heure est grave !". C'est ce que pense le Groupe des alliés de la première heure (Graphe). Raison pour laquelle il a fait face à la presse, hier, pour s'entretenir avec les Sénégalais. La Conférence des leaders de cette entité de la mouvance présidentielle a abordé un certain nombre de sujets brûlants qui font l'actualité. La lancinante question de la troisième candidature a été l'un des sujets phares qui ont fait l'objet de la rencontre.

Alors que le président Macky Sall entretient toujours le flou autour de cette affaire, les leaders du Graphe sont, quant à eux, déterminés à avoir leur candidat en 2024, même s'ils reconnaissent le droit du chef de l'État à avoir un autre mandat. Dans leur discours, la Conférence des leaders du Graphe soutient : "Le Graphe reconnaît que le président Macky Sall, en tant que citoyen sénégalais, a bel et bien le droit de présenter sa candidature, comme une certaine opposition l’avait avancé naguère. Cependant, pour des raisons d'éthique et de morale, il ne l'encourage pas à le faire. Mais la future validation ou non de cette candidature n’est pas de notre ressort.''

Sur le même sujet, l'un des membres fondateurs du Graphe s'est montré plus clair. Babacar Guèye déclare : "Le Graphe réaffirme son ancrage dans la mouvance présidentielle, mais n’exclut pas d’investir un candidat en 2024. Nous avons toujours aidé le président Macky Sall. Nous n'encourageons pas cette troisième candidature, car un homme doit toujours honorer sa parole. C'est vrai qu'il en a le droit. Nous n'avons ni le savoir ni la compétence de décider de ça. Deux entités seulement ont le pouvoir de valider ou d'accepter cette troisième candidature : c'est le Conseil constitutionnel et le peuple sénégalais. Je dirais même l'électorat sénégalais.’’

Pour M. Guèye, il y a des gens qui essaient de pousser le président Macky Sall à se dédire, sans tenir compte des conséquences qui peuvent en découler. ''Le Graphe s’indigne de l’attitude de certains proches du président qui le poussent à franchir le Rubicon. À ces individus, nous demandons de tenir compte de leur progéniture, de leur famille et de leurs proches''. Il en appelle ainsi à la responsabilité de tous.

Sur la même question de la fameuse troisième candidature, Alla Dieng, autre membre fondateur du Graphe, précise leur position : "Nous ne sommes pas une opposition. Nous sommes toujours de la mouvance présidentielle. Sauf que nous n'encourageons pas du tout le président à faire une troisième candidature. Ce qui est clair, nous sommes des alliés de la première heure. Nous sommes à ses côtés, depuis le début.''

Ousmane Sonko…

La Conférence des leaders du Graphe ne s'est pas limitée au sujet très polémique de la troisième candidature. Dans sa déclaration, elle a fait le procès au président du Pastef. ''Le Graphe appelle Ousmane Sonko à respecter les institutions de la République et de ne plus mêler les forces de l’ordre à ses manipulations que tout le peuple à compris''.

À entendre parler Babacar Guèye, le maire de Ziguinchor doit donner le bon exemple aux jeunes qui le suivent. ''Il y a quand même un seuil à ne pas franchir. Ousmane Sonko doit arrêter de mêler la police, la gendarmerie et l'armée à ses manipulations. Nous ne lui refusons pas son comportement, nous ne lui refusons pas d'exister, mais qu'il respecte les institutions. Il s'oppose, on le comprend. Il est contre le pouvoir et tous les moyens lui sont bons pour exister'', a laissé entendre M. Guèye.

Poursuivant, il rappelle à M. Sonko des qualités humaines comme l'éthique et la morale. Selon lui, ce n'est pas parce qu'on est politicien qu'on doit prêter le flanc. Autrement, on doit penser à sa famille, à ses enfants, évitant ainsi de s'adonner à certains actes susceptibles de les mettre dans des situations inconfortables.

En outre, il a tenu à prodiguer des conseils à l'endroit de l'opposant. Comme quoi, ce dernier doit consacrer son énergie à donner le bon exemple à ceux qui ont adhéré à sa cause.

Sur le même sujet, Alla Dieng est catégorique. Pour lui, M. Sonko n'a qu'à répondre à dame justice. ''Au lieu d'être là à faire le tour du pays, il doit aller au tribunal régler son problème avec Adji Sarr. Nous ne disons pas qu'il a tort ou pas. Mais qu'il aille répondre. C'est mieux que ce qu'il fait là''.

''Ce qui s'est passé à l'Assemblée n'honore pas le Sénégal''

Les discussions ont aussi concerné l'Assemblée nationale. Notamment les récents incidents qui ont défrayé la chronique. Les leaders du Graphe ont ainsi manifesté leur regret avant de marteler : ''Comme on l'a vu, ce qui s'est passé à l'hémicycle n'honore pas notre pays. Un débat intelligent doit pouvoir se faire sans heurts, sans coups de poing, sans arracher des micros, sans monter sur un présidium ou sur des tables. Nous demandons à nos honorables députés de prendre ce grade d'honorabilité et de ne jamais répéter ça.''

Dans la foulée, ils demandent aux parlementaires de faire montre d'esprit de responsabilité dans l'exercice de leurs fonctions. Ils soutiennent : ''Nous appelons les députés à examiner le budget de 2023 sans parti pris, ni complaisance et uniquement dans le sens des intérêts des populations sénégalaises.

''Ce n'est pas parce que nous disons la vérité que nous refusons d'aller à contre-courant de l'éthique que nous ne sommes pas de la mouvance présidentielle. Nous sommes toujours ancrés dedans. On peut être dans cette mouvance et être clean, net. Les Sénégalais ne nous ont pas donné leurs voix en 2012 et en 2019 pour qu'on joue au caméléon''. C'est la raison pour laquelle les membres comme Alla Dieng, Babacar Guèye… tendent la main aux premiers compagnons du président qui seraient à l'origine des réalisations d'aujourd'hui. ''Le Graphe continue de lancer un appel à tous les leaders qui avaient accompagné le président Macky Sall dès le début de son projet à se joindre à son idéal''.

Pour plus de précisions, cet appel des leaders trouve sa pertinence dans le fait que les premiers alliés ont contribué à la réussite des politiques mises en place par le chef de l'État. "L'appel concerne ces alliés qui ont accompagné le président Macky Sall dès le début, qui ont cru au projet qui a fait Ila Touba, ce projet qui a transformé le visage de Dakar et qui a apporté des résultats dans l'agriculture. S'il y a des défaillances, il faut l'imputer à d'autres personnes et jamais aux premiers compagnons'', précise Babacar Guèye.

EL HADJI FODÉ SARR

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