Idy et Madické passent, Gakou à la trappe
Renvoyés au second tour des opérations de vérification des parrainages en perspective de la présidentielle de 2019, Idrissa Seck et Me Madické Niang ont finalement validé, hier, leur ticket. Quant au leader du Grand parti, Malick Gakou, il a été tout simplement recalé de nouveau et définitivement éliminé de la course à la présidentielle.
Un jeune militant du Grand parti en sanglots rumine sa colère dans un coin isolé du parvis du Conseil constitutionnel sénégalais. Malgré les consolations de ses camarades de parti, il pleure à chaudes larmes. Le jeune homme, la trentaine, a du mal à se faire à la réalité des choses. Malick Gakou est éliminé définitivement de la course à la présidentielle du 24 février 2019. Le leader du Grand parti, qui a déclaré publiquement avoir récolté 124 342 signatures bien avant même l’ouverture du dépôt des candidatures et réuni toutes les conditions de validation de sa candidature, n’a pu franchir le cap du parrainage. Renvoyé au second tour des opérations de vérification des parrainages, il n’a pas pu régulariser les 8 888 parrains que lui a exigés le Conseil constitutionnel.
‘’Je suis au regret de vous annoncer qu’après les vérifications du Conseil constitutionnel, il m’a été attribué 52 911 parrains. Ce qui, bien évidemment, est en deçà des 53 000 et quelques parrains nécessaires pour passer le filtre du parrainage’’, a déclaré Malick Gakou à sa sortie du Conseil constitutionnel. L’air abattu, le visage assombri, il tente tout de même de calmer ses militants et sympathisants gagnés par la déception.
‘’Je voudrais dire à mes camarades et au peuple sénégalais qui m’a soutenu, de garder ces résultats avec dignité et valeurs qui ont toujours constitué le socle de notre action publique pour le Sénégal. Je sais que vous êtes meurtris par cette situation, mais le combat pour le Sénégal n’a pas de prix’’, soutient-il. Pour l’ancien dauphin de Moustapha Niasse, qui a claqué la porte de l’Alliance des forces de progrès (Afp), le combat pour la défense des intérêts des populations sénégalaises ne fait que commencer. ‘’Nous n’allons ménager aucun effort pour continuer à nous battre. Le combat politique engendre des situations de cette nature. C’est pourquoi je voudrais vous exhorter à vous élever à la hauteur de la situation, à continuer le combat avec l’ensemble des forces vives de la nation, même si notre élimination est tout à fait injustifiée’’, rassure-t-il.
Désillusion des militants du Gp
Cette nouvelle donne, tel un coup de massue, a complètement refroidi l’ardeur des militants, responsables et sympathisants du leader du Gp qui se sont mobilisés pour la circonstance devant le Conseil constitutionnel. ‘’Non, ce n’est pas possible ! Malick Gakou ne peut pas être éliminé de la course à la présidentielle de 2019’’, s’exclame un responsable du Gp visiblement anéanti. Sa camarade de parti, les yeux hagards, ne sait, elle, quoi faire. Aphone, elle est complètement perdue dans ses pensées. ‘’Du courage, la prochaine sera la bonne’’, lui chuchote à l’oreille un responsable du Gp qui la tient à l’épaule. Sur le parvis du Conseil constitutionnel, la déception est, en effet, le sentiment le plus partagé.
C’est comme si c’est la terre toute entière qui venait de se dérober sous les pieds de Malick Gakou et de ses militants. Sous l’œil vigilant des forces de l’ordre qui veillent au grain, ils ruminent leur colère. ‘’Ils ont réussi leur coup. Ils ont tout fait pour empêcher à Malick Gakou de se présenter à l’élection présidentielle de février 2019, parce qu’ils ont peur de lui. Mais nous n’allons pas ranger les armes. Nous pèserons de tout notre poids pour le départ de Macky Sall, quitte à soutenir un autre candidat de l’opposition’’, fulmine Ousmane Sy, militant du Gp. D’ailleurs, relève Malick Gakou, l’invalidation de sa candidature ne met pas fin à la vie de la Coalition de l’espoir/Suxxali Senegaal qui va, selon lui, demeurer une force politique au service exclusif de la défense des intérêts de notre pays.
Pourtant, dans les faits, l’ajournement de Malick Gakou, à l’épreuve du parrainage, était plus que probable. Ce serait plutôt la validation de ses parrainages qui serait une prouesse, vu la situation dans laquelle il s’est retrouvé, après vérification de ses parrainages par le Conseil constitutionnel. Le leader du Gp n’avait, en effet, aucune marge de manœuvre pour se donner plus de chance de surmonter l’épreuve du parrainage. Dans le procès-verbal de vérification de ses parrainages que lui a délivré le juge des élections, il est clairement indiqué que sur les 67 842 parrains déposés, seuls 45 834 ont été validés, 13 120 rejetés pour autres motifs, tandis que 8 888 devaient être régularisés. Encore que sur les 8 888 parrains déposés, 756 ont été rejetés pour doublons entre candidats, tandis que 1 055 ont été rejetés pour autres motifs.
De ce fait, il n’avait donc pas la possibilité, selon le juge des élections, de déposer plus que les 8 888 exigés pour atteindre la barre du minimum requis pour passer le filtre du parrainage. ‘’J’avais souhaité déposer les 40 000 parrains que j’avais en réserve, mais on m’en a interdit la possibilité. Au terme des vérifications, le Conseil constitutionnel m’a validé 11 régions du Sénégal’’, déclare Malick Gakou.
7 candidats désormais en lice
L’étape du parrainage a incontestablement été un véritable parcours du combattant pour les candidats à la présidentielle de février 2019. Sur les 27 candidats à la candidature qui ont été dans les starting-blocks au départ, seuls 7 d’entre eux ont, à l’arrivée, surmonté l’épreuve du parrainage. Si le président de la République sortant, Macky Sall, et ses principaux challengers dont Ousmane Sonko des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), El Hadj Issa Sall du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), Karim Meïssa Wade du Parti démocratique sénégalais (Pds) et le candidat déclaré de la coalition Taxawu Senegaal, Khalifa Ababacar Sall, ont passé, dès le premier tour, l’épreuve du parrainage sans coup férir, cela n’a pas du tout été le cas pour Idrissa Seck et Me Madické Niang, respectivement leader de la coalition Idy2019 et Madické2019. Ils n’ont pu obtenir leur ticket qu’à l’issue du second tour.
Mais pour les mandataires des deux candidats, ceci n’a été qu’une formalité. ‘’On avait à régulariser 2 317 parrains ; on en a validé plus de 4 000’’, confie d’emblée Ibra Diouf Niokhobaye, mandataire de la coalition Madické2019, à sa sortie du Conseil constitutionnel.
Pour sa part, le plénipotentiaire national de la coalition Idy2019 souligne que c’est une farce de réclamer 8 parrains à Idrissa Seck. Ainsi, aux dires de Ass Babacar Guèye, demander à Idrissa Seck de régulariser 8 parrains, c’est comme essayer de mettre de l’ombre dans de la lumière. ‘’On était déjà passé avant, on est passé la main haute. On n’a aucune difficulté, notre dossier de parrainage a été validé’’, soutient-il.
Seulement, avertit Ibra Diouf Niokhobaye, maintenant, le plus difficile reste à faire, il faudra parer à toute éventualité car, souligne-t-il, ‘’avec le gouvernement de Macky Sall, il faut s’attendre à tout, avant l’affichage définitif de la liste des candidats officiellement retenus pour participer au scrutin présidentiel du 24 février 2019.
ASSANE MBAYE