Publié le 19 Apr 2023 - 16:19
VEILLE DE KORITÉ

Craintes pour une pénurie de poulets

 

La fête de l'Aïd El Fitr approche à grands pas. Toutefois, l'un des éléments essentiels à cette commémoration, à savoir le poulet, risque de faire défaut dans certains ménages. 

 

Y aura-t-il assez de poulets pour tout le monde, d'ici la Korité ? À moins de quatre jours de cette célébration marquant la fin du mois de ramadan, cette question est plus que jamais d'actualité. Car une Korité sans poulet est comparable à une Tabaski sans mouton ou à une Tamkharit sans le fameux couscous. Toujours est-il que, selon certains revendeurs qui ont bien voulu se pencher sur le sujet, la "menace est bien réelle".

Samba Sow, la trentaine révolue, est l'un de ces nombreux commerçants qui craignent une grosse pénurie qui pourrait venir "gâcher la fête".

"À d'autres époques, à pareils moments, le marché était déjà bien approvisionné. Mais constatez par vous-mêmes, les doigts d'une main seraient suffisants pour faire le décompte : le poulet manque de façon criarde", s’émeut-il. Avant de s’avancer sur les raisons de cette pénurie de poulets. "Cette situation était prévisible, à cause de la grippe aviaire et de la fête de Pâques, d'il y a à peine deux semaines. Ce chevauchement, disons festif, peut expliquer cette pénurie. S'il n’y avait pas un temps aussi réduit entre les deux dates, peut-être que nous aurions eu moins de difficultés dans la fourniture".

‘’D'ordinaire, à l'approche de la Korité, nos déplumeuses fonctionnent à plein temps…’’

Saliou, lui, détenteur d’un magasin, commercialise du poulet surgelé. Mais même pour ce type de produit, selon lui, il sera difficile de satisfaire la demande, chaque jour, grandissante. "J'ai déjà reçu pas moins d'une cinquantaine de commandes, mais je pourrais bel et bien être dans l'incapacité de satisfaire toute cette demande. Non seulement le poulet coûte cher, mais il est aussi introuvable. Nous osons espérer que d'ici jeudi, l'approvisionnement sera mieux soutenu pour que chaque Sénégalais puisse passer la fête le plus convenablement possible. Il faut garder espoir", a laissé entendre le commerçant.

Machines à l'arrêt, quelques plumes par terre, le manque de poulet n'affecte pas que les vendeurs ou les clients. Dans ce manque à gagner, les services qui se chargent du déplumage souffrent également. "Nous avons connu bien meilleure période. D'ordinaire, à l'approche de la Korité, nos déplumeuses fonctionnent à plein temps, les clients font la queue. Bref, nous aurions dû être débordés normalement, pour rappeler qu'on est en plein dans la venue très prochaine de la Korité", constate Demba, gérant de la structure. Tout ça pour dire que le poulet est aussi un élément central de toute une chaîne de tout business.

Les assurances de l'Interprofession avicole du Sénégal

De son côté, l’Interprofession avicole du Sénégal essaie de rassurer les consommateurs. "Il y aura assez de poulets, cette année", déclare son président Amadou Moctar Mbodj. Pour étayer son propos, il donne des chiffres et assure que "près de 11 millions de poussins de chair ont été mis en place pour un approvisionnement correct du marché".

Ainsi, il annonce qu’ils "seront sur le circuit, mis à la disposition des populations et il y en aura assez sur le marché".

S’agissant de la grippe aviaire, le président de l’Interprofession avicole du Sénégal soutient qu’il n'y a plus rien à craindre. Mais il invite les consommateurs à la prudence avec les poulets importés qui inondent le marché. "Aujourd’hui, nous trouvons sur le marché beaucoup de poulets importés et de cuisses. Il faut que les gens fassent attention et soient très vigilants".

Concernant les prix des poulets au Sénégal, il signale qu’ils risquent considérablement d’être revus à la hausse, la faute à des coûts de production exponentiels. "Les intrants ont augmenté, dont l’aliment de poussins. Ce qui risque aussi de se répercuter sur le prix des poulets", prévient Amadou Moctar Mbodj.

Nonobstant les assurances de l'interprofession, le constat établi laisse penser que tout le monde n'aura pas du poulet dans son assiette, le jour de la Korité. À moins qu'une "remontada" des fournisseurs s'effectue d'ici le jour J, une bonne partie des consommateurs devrait se rabattre sur un autre type de viande, à défaut de celui de la volaille.

Mamadou Diop

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