La chose déserte de Wade
A ses débuts, bien qu'il fût décrié par les populations, beaucoup de curieux n'avaient pas manqué d'aller visiter cet endroit qui refusait souvent du monde. Mais hier lors de notre passage, les lieux étaient déserts, pour ne pas dire morts.
Il est 15 heures passées d'une vingtaine de minutes. Le monument de la renaissance ne grouille pas de monde. Le soleil fait fuir les rares personnes qui sont sur les lieux. L'endroit est désert. Les personnes qui sont ici sont des photographes ou de petits enfants qui vendent de l'eau ou des biscuits. Du bas, on voit deux adultes arpenter les marges qui mènent à l'intérieur du monument. Pendant quelques minutes, les escaliers sont déserts. Nous à notre tour, nous effectuons la périlleuse montée des 198 marges où nous ne rencontrons qu'une seule personne qui revient de la-haut, ce qui témoigne du caractère désert des lieux. Un jeune couple a pris place sur l'un des nombreux bancs qui sont installés sur les côtés des marges. Nous arrivons enfin devant la porte de l'immeuble. Ici, nous trouvons un autre couple qui jette son regard sur les habitations du village de Ouakam qu'il ne manque pas d'immortaliser avec un appareil photo. Le surveillant de l'établissement, habillé d'une chemise bleue et d'un pantalon noir, aide deux étrangers à acheter leur billet qui leur donne le droit de visiter le monument de la renaissance africaine. Et comme pour confirmer la rareté des visiteurs en ce dimanche soir, la caissière, après avoir vendu tickets à ces derniers, se plonge sur une longue conversation téléphonique.
La caissière se tourne les pouces
Ce monument de la renaissance inaugurée en 2010 par Abdoulaye Wade, n'abrite aucun restaurant, encore moins un bar. Cette situation pousse même certaines personnes à renoncer à leur visite. ''Il y avait un projet de construction d'un restaurant panoramique et d'un bar, mais jusqu'à présent, rien n'a encore été fait'', nous confie le surveillent de l'établissement. Ici, la seule activité économique autorisée reste la vente de billets. ''Même les vendeurs privés sont interdits au monument de la renaissance. Ceci fait que les visiteurs viennent ici avec leur propre repas''. C'est le cas des écoliers qui salissent souvent les lieux, comme l'attestent ces tâches sur les pavés devant la porte de l'immeuble. ''Si les carreaux sont sales, c'est nous qui payons des gens qui vont enlever ces saletés'', fustige le surveillant avant d'aller rejoindre le couple assis sur un banc juste en face du monument.
Ce dernier reconnaît même la rareté des visites ces temps-ci, comme cette semaine. Plus d'une trentaine de minutes après notre arrivée, la caissière n'a pas reçu plus de cinq visiteurs. Après s'être procuré d'un billet, nous entrons à l'intérieur du monument de la renaissance. Un autre lieu. Même décor. Des écrans de télé et des tableaux d'art occupent le décor. Assis sur une chaise et habillé d'une chemise bleue et d'un pantalon de la même couleur, l'agent chargé de guider les visiteurs est en attente de visiteurs. Ici également la fréquentation se fait attendre. Les rares visiteurs qui étaient à l'intérieur sortent par l’ascenseur. Notre guide, quant à lui, nous présente les différentes pièces du monument, sans l'ombre d'un visiteur. Presque sans passion.
AMADOU THIAM