Publié le 16 Aug 2013 - 22:45
VISITE DU MINISTRE DES TRANSPORTS A L’USINE DE MONTAGE DE LA CCBM

 Serigne Mboup demande à l'Etat d'être neutre

 

Avec la visite du ministre des Transports et des Infrastructures à son usine de montage de Rufisque, le patron de CCBM s'est insurgé contre les difficultés des industriels et exige que l'Etat soutienne le secteur comme l'avait fait Abdoulaye Wade.

Mercredi, le ministre des Transports et des Infrastructures, Thierno Alassane Sall, a effectué une visite à l’usine de montage de voitures de CCBM industries, logée dans les locaux de l’ex-usine Bata à Rufisque. Une visite qui survient après que le groupe familial a perdu au moins dix marchés depuis le début de l’année.

A cette occasion, le président directeur général du groupe CCBM a décrié l’attitude de l’Etat vis-à-vis du secteur industriel privé. Une situation à l'origine de beaucoup de difficultés notées depuis 2011. Ainsi, a indiqué Serigne Mboup, son entreprise n'a pu mettre que 1 000 véhicules sur le marché en trois années de fonctionnement. «Or, nous devions être entre 12 000 et 15 000 unités afin que les voitures soient accessibles à la population sénégalaise», a regretté le Pdg de CCBM. Il a ainsi recommandé au ministre des Transports «d’être plus proche des industriels (car) des sociétés sont en train de faire faillite. L’Etat doit créer les conditions de pérennisation des activités industrielles».

Dans cette lancée, le patron de CCBM industries souhaite que l'Etat ne tienne point compte des convictions politiques des uns et des autres. «L’entreprise est un bien social et l’autorité a l'obligation de la soutenir. Cet appui doit continuer comme ce fut le cas sous Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, de la même manière que le président Wade dirigeait le pays en achetant des voitures de chez nous, de la même manière le président Macky Sall doit le faire et il le fait. Le président est l’un de nos premiers clients et nous l’en félicitons», a-t-il indiqué.

Par rapport à l’écoulement pénible de ses voitures sur le marché local, Serigne Mboup déplore le dédain des Sénégalais vis-à-vis des produits made in Sénégal. «Beaucoup de nos compatriotes ont dans l’esprit que tout produit fabriqué ici dans notre pays n’est pas fiable. Or, les industriels comme Samsung et Great World font sans cesse des contrôles de qualité et de sécurité car ils ne veulent pas que l’image de leurs entreprises se détériorent», explique l'homme d'affaires. «Et si le ministre, le maire ou une autorité quelconque n’a pas la fierté de conduire une voitures montée à Rufisque, les populations ne changeront pas de comportement et nous n’aurons pas la possibilité d’exporter le made in Sénégal», déplore-t-il.

 

Thierno Alassane Sall rectifie et conseille...

Une occasion saisie par Serigne Mboup pour s’offusquer de l’importation massive de voitures d’occasion qui n’aide pas en réalité les citoyens, selon lui. «Il serait préférable que l’Etat impose des taxes sur les importations de voitures d’occasion pour rendre les voitures neuves plus accessibles». A ce niveau, il lâche une précision en relation avec les marchés qui lui ont filé entre les doigts : «Quand je parle de l’Etat, les gens croient que je parle du président de la République… Non, c’est aux fonctionnaires chargés de l’exécution de la politique du gouvernement que je m'adresse. Le ministre peut avoir une bonne vision mais, il y a souvent une mauvaise exécution et nous ignorons pourquoi.»

Mais pour le ministre des Transports et des Infrastructures, la volonté de l'Etat d'accompagner le secteur industriel ne fait point de doute. «Une partie de la commande publique, que ce soit dans le domaine des appareils électroménagers, des véhicules ou d’autres produits comme les biens mobiliers, la menuiserie et autres, doit être réservée à entrepreneuriat sénégalais», dit-il. Ce qui suppose selon lui, et dans un premier temps, «une modification du code des marchés pour réserver par exemple 10 à 15% de la commande publique de mobilier aux artisans sénégalais et aux entreprises sénégalaises» avec des critères de sélection rigoureux.

Toutefois, pour que cela soit possible, il faut que les industries sénégalaises soient compétitives dans un espace économique Uemoa très concurrentiel, avec ses réalités. Pour Thierno Alassane Sall, il est nécessaire de percer ce vaste marché de 300 millions d’habitants par un potentiel de vente conséquent et atteignable à condition que les sociétés sénégalaises s’ouvrent aux étrangers à travers des joint-ventures. S'adressant au Pdg de CCBM Industries, il a donné ce conseil : «Vous devez vous mettre ensemble pour aider non seulement à orienter le marché, mais aussi à mieux appliquer les normes en vigueur en ayant de réelles capacités de négociation vis-à-vis des consommateurs et des autres acteurs économiques importants que sont les financiers, les banquiers et pourquoi pas l’Etat».

 

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