Le «oui mais» des observateurs
La mesure d'octroi du passeport diplomatique aux épouses des députés semble bien accueillie par les observateurs qui, néanmoins, recommandent vigilance et fermeté pour éviter des trafics éventuels.
Le gouvernement du Sénégal a décidé d'étendre les passeports diplomatiques à toutes les épouses de députés. Une mesure qui vient «tirer l’épine du pied» aux polygames qui ne savaient pas à quelle…épouse octroyer l’unique sésame dont ils avaient droit avant. Mais cette décision ne risque-t-elle pas d’être une source de trafic de passeports comme on en a connu par le passé ?
Saïdou Nourou Ba, président de l’Amicale des anciens diplomates du Sénégal, pense le contraire. «Il faut voir la mission qui est confiée au député plutôt que d’imaginer ce qu’il pourrait faire de son passeport diplomatique. Le député est assez responsable pour ne pas s’adonner à de telles pratiques», dit-il. Mais si cela devait arriver, M. Ba pense que «la responsabilité du gouvernement ne serait nullement engagée». C'est que l’octroi du passeport est régi par des textes qui en donnent droit aux ministres, diplomates, députés, à leurs épouses ou époux et à leurs enfants. Il trouve «normal» donc que cette faveur soit accordée aux épouses de ces derniers.
Un avis partagé par Fatou Kiné Camara, vice-présidente de l’Association des juristes du Sénégal (AJS) qui y voit de l’équité. «Du moment où il n’y a pas de discrimination, nous saluons la mesure», déclare la juriste qui estime qu'il n’y a «aucun risque» dans cette mesure annoncée par le ministre des Affaires étrangères. Si Amadou Guèye, président de l’Union des indépendants du Sénégal (UNIS), dit accorder à l’Etat «le bénéfice du doute» par rapport à d’éventuelles dérives, il recommande la «vigilance» aux autorités.
«Il y a eu beaucoup d’abus sous le régime de Wade. On a vu ce qui s'est passé avec les marabouts. Il faut donner la chance au nouveau ministre des Affaires étrangères», affirme ce membre du M23. Tout cela ne devrait pas empêcher à l’Etat de mettre de l'ordre dans l'octroi et la gestion des passeports diplomatiques, relève l’ancien ambassadeur Noura Ba. Pour que ne se renouvellent pas des histoires comme celle de Modou Bousso Dieng, «président des jeunes chefs religieux», arrêté pour trafic de passeports diplomatiques, placé sous mandat de dépôt, puis relâché suite à l’intervention de Touba.
DAOUDA GBAYA
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