La police se repose un peu !
Après avoir été mise à rude épreuve pendant plusieurs semaines de manifestations, la police ne boude pas son plaisir avec le retour au calme noté depuis plus d'une semaine. ''La sérénité'' est aujourd'hui de mise. Car, au sein de certaines autorités policières, c'est le sentiment du devoir accompli qui prédomine, même si dans ce genre de manifestations violentes, constatent-elles, il peut toujours y avoir ''des incidents regrettables'', telle la mort de l'étudiant Mamadou Diop. À propos de ces incidents, d'autres sources avancent ''l'extrême jeunesse'' des éléments déployés sur le théâtre des opérations, pour qui ''c'était le baptême du feu''. Ainsi, s'il y a eu ''des dérapages'', c'est parce que, avancent-elles, ''le travail a été fait par de très jeunes auxiliaires de police (un peu moins de 900) fraîchement recrutés de l'armée ; eux-mêmes encadrés par des policiers qui n'ont pas encore fini leur stage''. À cela, s'ajoute ''un manque d’infrastructures''. Sinon, renseignent-t-elles, la police sénégalaise a un ''savoir-faire'' qui est patent, mais doit faire avec un effectif rajeuni et inexpérimenté.
Dans la gestion de la crise préélectorale, la police a été obligée de s'adapter aux stratégies des manifestants. ''Il est clair que la police ne pouvant pas être partout en même temps, il y a une certaine priorité accordée aux missions de préservation des personnes et des biens''. ''En matière de gestion des crises, il faut faire des options. Si on ne peut pas tout gérer, il faut gérer l'essentiel'', renseigne-t-on. Donc, la police a plutôt privilégié ''la préservation des biens, surtout publics'', ajoutent nos interlocuteurs. ''Que peut faire la police devant des pneus brûlés sur la chaussée?'', se demandent-ils. D'ailleurs, certaines autorités policières notent que les manifestants étaient souvent infiltrés par ''des malfrats mus par d'autres intérêts''. Ce qui leur fait dire que ''cette accalmie ne fait pas l'affaire de tout le monde''.
''Enfin, j'ai pu dormir''
Aujourd'hui, même si la vie reprend son cours normal et que le calme revient, la police reste sur le qui-vive. ''Le travail continue, car ça peut chauffer à tout moment'', note-t-on. Si la présence continue et dissuasive des derniers jours a laissé place à une présence plus discrète de la police aux points stratégiques de la capitale, force est de reconnaître que les troupes avaient besoin de repos. ''Enfin, j'ai pu dormir'', s'écrit ce jeune policier, au lendemain (lundi) d'un scrutin qui sentait le souffre et pour lequel la police a veillé au grain. En effet, ''la consigne générale'' a été levée. Mais, ''on est toujours de garde pour parer à toute éventualité'', indique-t-on.
La grogne continue
Toutefois, ''l'esprit républicain'' qui a prévalu dans le travail abattu par la police lors des manifestations de la période préélectorale cache mal une certaine ''exaspération''. ''On n'a rien fait pour les policiers par rapport au changement de leur statut'', souffle-t-on dans les rangs de la police. Certains éléments ont même été rétrogradés de plusieurs années, perdant du coup de réels avantages.