«On ne sent plus ce leadership du Sénégal dans le dossier APE»
La négociation des experts pour les APE c’est pour le 20 février. Pourquoi tirer déjà la sonnette d’alarme sans connaître les résultats de la rencontre d’Accra ?
Il y a des informations qui nous reviennent et qui font état de la volonté de l’Afrique de l’Ouest, au niveau des experts à tout le moins, de hisser le niveau d’ouverture proposé actuellement à l’Union européenne et qui est de 70%. C’est ce taux de 70% qui est sur la table depuis 2009. L’Afrique de l’Ouest a fait cette offre depuis 2009 et l’Union européenne l’a rejetée, mais la région est restée sur cette position. Les chefs d’États de la Cedeao avaient même repris ce taux dans un document, lors de leur conférence en 2010, pour dire que c’est le taux auquel l’Afrique de l’Ouest peut s’ouvrir. Aujourd’hui, il semble que les experts, pour parvenir à un accord avec l’Ue, ont la volonté d’augmenter ce taux, c'est à dire d’aller vers la décision de l’Ue qui est de 80%.
Quelles conséquences d’une ouverture de 80% du marché Ouest-africain à l’Ue pour les économies de la sous-région ?
De nombreuses études, en particulier une étude que nous avions réalisée en 2011, montrent qu’au-delà de 65% d’ouverture du commerce avec l’Union européenne, il y a des risques au niveau de la croissance, de l’emploi, des revenus des ménages. A cela s’ajoute le fait que nos pays vont perdre beaucoup de recettes douanières. Il y a aussi le fait que l’Union européenne exige d’aller à 80% parce qu’elle estime que seulement 80% sont compatibles avec les règles internationales, l’OMC notamment, alors que nous avions fait une étude qui montre le contraire.
Au niveau national, quelles sont les démarches entreprises par la société civile pour attirer l’attention du président Macky Sall et de son gouvernement ?
Nous avons déjà interpellé le chef de l’État et son gouvernement. Nous savons que le Sénégal ne négocie pas à titre individuel, parce que c’est l’équipe de négociation de la Cedeao qui mène ces négociations au nom des États membres. Ce n’est pas au Sénégal qu’il faudra s’adresser individuellement mais si on a interpellé le gouvernement, c’est parce qu’on sait que les pays, en fonction de leur taille et de leur rôle économique et politique dans la région, peuvent souvent influencer les décisions communes, ce rôle que le Sénégal avait toujours joué. Sous Abdoulaye Wade, le Sénégal avait joué un rôle de leader dans les APE. Il avait aidé l’Afrique de l’Ouest à prendre les bonnes décisions. Malheureusement, on ne sent plus ce leadership du Sénégal dans les négociations des APE. Le Sénégal a beaucoup tendance à suivre les autres alors qu'il doit reprendre sa place et jouer un leadership politique.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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