Le jeûne un bon remède ?
C'est une découverte étonnante et très prometteuse qu'a fait Valter Longo, professeur de gérontologie et de biologie et son équipe de l'Université de Californie du Sud : d'après leurs travaux, publiés dans la revue Science Translational Medicine, de courtes périodes de jeûnes limitent la propagation de certains types de cancers chez la souris. Ainsi, associée à une chimiothérapie, la diète augmente l'efficacité du traitement et utilisé seul, le jeûne est parfois aussi efficace qu'une chimiothérapie.
L'auteur principal de l'étude explique que "la combinaison de cycles de jeûne avec la chimiothérapie est soit plus efficace, soit nettement plus efficace que la chimiothérapie seule". Pour étayer leur hypothèse de départ, les chercheurs ont fait subir 3 traitements à des souris exprimant différents types de cancers très agressifs (mélanome, gliome, cancer du sein et neuroblastome) : jêune seul, chimiothérapie seule ou les deux ensembles.
En particulier, les cycles de jeûne étaient aussi efficaces que les agents chimiothérapeutiques pour faire reculer la progression des tumeurs spécifiques. Et associée à une chimiothérapie, la privation de nourriture permettait d'en augmenter l'efficacité, notamment sur le mélanome, le gliome et sur le cancer du sein. Dans le cas des souris avec un neuroblastome, seule une association des deux traitements, jêune et chimiothérapie, avait permis la survie des animaux : alors qu'aucun animal soigné par chimiothérapie seule n'a survécu, 20% des souris (chez qui le cancer s'était étendu à tout l'organisme) ont guéri lorsque la chimiothérapie était associée au jeûne. Une statistique qui monte à 40% pour les souris chez qui le cancer était à un stade moins avancé.
Comment la privation de nourriture permet aux souris de mieux survivre au cancer ? Valter Longo a sa petite idée : face à un environnement hostile tel que la privation de nourriture, les cellules normales arrivent à ralentir leur métabolisme. Elles limitent leur activité à l'essentiel, et les cellules cancéreuses, elles, ont du mal à s'adapter et deviennent faibles. Et comme elles sont plus faibles, la chimiothérapie arrive mieux à les éliminer.
Des effets inconnus chez l'homme
Des essais cliniques similaires sur l'homme ont d'ores et déjà été entrepris. Les premiers résultats provisoires devraient être présentés lors de la prochaine conférence annuelle de la Société américaine de cancérologie qui se tiendra à Chicago en juin. Et, s'il reste prudent en expliquant que ces travaux n'ont pas encore été testés sur l'homme, Valter Longo ne peut cacher son impatience : "Les résultats sont tellement remarquables que nous pensons que les oncologistes, responsables du régime de leurs patients, devraient, dès à présent, considérer le jeûne pour les patients qui n'ont peut-être pas d'autres options. A eux de déterminer si les données précliniques disponibles sont suffisantes pour prendre la décision de combiner le jeûne à la chimiothérapie" explique-t-il.