Une pyramide maya de 30 mètres détruite au bulldozer au Belize
Une pyramide maya élément précieux de la civilisation précolombienne a été détruite cette semaine par une société de construction au Belize. L'incident n'a pas manqué d'alerter les autorités locales et d'indigner l'Institut archéologique du pays. Le site de Nohmul porte cette semaine le deuil d'une de ses pyramides. L'édifice a été détruit au bulldozer par une société de construction dans le but de récupérer du gravier afin de construire une route. Un acte perçu comme criminel qui ne sera pas sans conséquences. Les vestiges datant de l'époque précolombienne (plus de 2.000 ans) étaient sous la protection de l'Etat malgré l'occupation de parcelles privées.
La police est désormais chargée par le ministère de la culture et du tourisme d'enquêter et de déterminer les circonstances de la destruction. Mais certaines parlent d'ores et déjà de charges qui pèseront lourd sur cette société avec un risque d'emprisonnement d'une durée de 10 ans ainsi qu'une amende s'élevant à 10.000 dollars (plus de 7.700 euros). Des siècles écroulés en quelques minutes Au Belize, l'incompréhension règne et les faits, découverts la semaine dernière ont provoqué de violentes réactions. L'Institut d'archéologie du pays parle d'un "énorme sentiment d'incrédulité face à l'ignorance et l'insensibilité des gens". Le site avait été le sujet de nombreuses entreprises, projets archéologiques et recherches en tout genre. De la pyramide haute de 30 mètres environ et vieille de 2300 ans, il ne reste aujourd'hui que des gravats. "C'est un sentiment d'une incrédulité incroyable en raison de l'ignorance, de insensibilité... Ils utilisaient cela pour remplir une route. C'est comme recevoir un coup de poing dans l'estomac, c'est tellement épouvantable", a commenté James Awe à la tête de l'Institut cité par le Huffington Post. Au vu de sa taille, le spécialiste estime qu'il est impossible que les ouvriers n'aient pas compris qu'il s'agissait d'une pyramide maya. "Ces hommes savaient que c'était une structure antique. C'est juste de la foutue paresse". De son côté, un groupe d'action du Belize nommé Citizens Organized for Liberty Through Action a qualifié cette destruction "d'exemple indécent du manque de respect envers l'environnement et l'histoire". Une grande campagne de protection et de préservation des sites archéologiques du Belize va être lancée afin d'éviter qu'un incident de ce type ne se reproduise. Mais il faut dire que c'est loin d'être la première fois. Des destructions fréquentes Située en Amérique du Sud, le Belize est particulièrement connu pour les vestiges de la civilisation maya qu'il abrite, une des trois plus grandes civilisations précolombiennes étudiées (avec les Aztèques et les Incas). Les Mayas occupaient l'actuel Mexique, le Guatemala, le Salvador ou encore le Honduras du XVIème siècle av J-C au IVème. Le Belize compte ainsi des centaines de ruines mayas, mais peu aussi large que celle qui se trouvait sur le site de Nohmul. Ce dernier se situe sur l'ancienne péninsule est du Yucatàn. Toutefois, certains ne semblent pas tenir compte de cette richesse archéologiques. "Raser au bulldozer des structures maya pour construire des routes est un problème endémique au Belize. Tout le centre de San Estevan a disparu, des pyramides majeures à Louisville, d'autres structures à Nohmul et plusieurs autres sites plus petits, mais celui-ci semble être le plus grand" à avoir été détruit, a expliqué dans un mail Norman Hammond, professeur émérite en archéologie à l'Université de Boston. "Je ne pense pas exagérer si je dis que chaque jour, un monticule maya est détruit pour la construction dans l'un des pays où ont vécu les Mayas. Malheureusement, cette destruction de notre héritage est irréversible mais beaucoup ne la prenne pas au sérieux", a précisé Francisco Estrada-Belli, professeur au Département d'anthropologie de la Tulane University. Des structures précieuses pour les archéologues Les pyramides représentaient de manière symbolique pour les Mayas les paysages sacrés créés par les dieux. Apparues au Ie millénaire avant notre ère, on leur prête toutes sortes d'utilités (lieu de sacrifice et de rite), elles fournissent ainsi de précieuses informations aux archéologues afin d'en savoir plus sur cette civilisation. Une importance trop peu négligé selon les spécialistes. "Le seul moyen de stopper [ces destructions] c'est de montrer que c'est un crime majeur et que des personnes peuvent et iront en prison pour cela", a conclu Francisco Estrada-Belli.
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