Publié le 21 Jun 2013 - 11:50
MODE - 11e DAKAR FASHION WEEK

Quand Adama Paris et la presse locale se regardent en chiens de faïence

 

La conférence de presse que donnait l’organisatrice de la Dakar Fashion Week, hier dans un hôtel de Dakar, s’est déroulée dans une ambiance devenue habituelle succession de compliments… On ne peut pas dire pour autant que toutes les parties présentes, en particulier la presse locale, aient passé un moment agréable ! Entre Miss Paris et les journalistes, il s'en est fallu de peu pour que ça tourne au vinaigre.

''Oh, elle nous fatigue cette femme-là !''. Nombreux ont été ceux de la presse locale qui  marmonnaient cette phrase à l’occasion de la conférence de presse inaugurale de la 11e édition de la Dakar Fashion Week, tenue hier. Et pour cause. Si dans un souci d’objectivité, nous nous en tiendront à n’évoquer que les faits dont nous avons été témoins oculaires, la gravité des camouflets suscités (et essuyés sans un bruit par nos confrères) suffirait à faire se dresser les cheveux sur la nuque de plus d’un représentant du Synpics. Politesse (ou ''massla''*, compréhension) oblige, pas un haussement de voix ne s’est pourtant fait entendre de la part des ''journaleux'' dakarois. À force de souffrir le même cirque chaque année, ils ont semble-t-il apprit à tendre l’autre joue.

''On attend la télé'', ''Untel n’est pas encore arrivé'' ou, plus simplement, ''On ne sait pas''… Voilà les excuses que les organisateurs ont servi aux journalistes, Adama Paris en premier, pour masquer un manque patent de ponctualité et d'organisation de leur part. Arrivé un laps de temps indéfini après l'heure de 15h annoncée, le staff de la Dakar Fashion Week, en l’occurrence les stylistes, s’est livré à un exercice de (mal)communication ne s’apparentant en rien à une conférence de presse.

Trois quart d’heure ont ainsi été sacrifiés sur l’hôtel de présentations individuelles superflues (comme si l’on ne savait pas lire les écriteaux désignatifs placés devant chacun d’eux). Si la phrase ''Il faut soutenir Adama'' était sur toutes les lèvres au présidium, on s’est bien passé de nous dire pourquoi.

Les journalistes, eux non plus, n’ont pas saisi l’occasion de se poser les bonnes questions : qu’est-ce que la Dakar Fashion Week apporte au Sénégal ? Quelles en sont les retombées économiques ? Crée-t-elle des emplois ? Même par les temps de disette qui courent, il semblerait que personne n’en ait rien à faire. On parle bien d’art après tout.
De faits concrets, perspectives ou même d’un sens à tout ce remue-ménage, il n’y eût de trace. N’aurait-on pas peur de parler crûment, on pourrait dire que cette conférence était une totale perte de temps. Entre les groupies de la styliste (le chapeauté Idrissa Diop l’adouberait presque), les ''happy few'' de son cercle d’amis et les béni-oui-oui, trop contents d’être dans les bonnes grâce d'Adama Paris, et/ou hébergés au frais de la marquise, l’objectivité des mots s’est faite rare. Pour s’exprimer de manière imagée, on se serait crû à un xawaré**.

Le glas sonnant la fin de ce simagrée de conférence retentissant enfin, on aurait pensé les journalistes sortis de l’impasse. Que nenni ! Vient le temps de faire le rang pour se voir remettre les accréditations, précieux sésames sans lequel il est quasi impossible de prétendre assister aux défilés. Ordre de mission et photocopies de carte de presse en main, les journalistes se sont présentés devant une petite table carrée derrière laquelle s’activaient deux employés. Pass ''standard'' ou ''back stage'', certains se sont vu attribuer leur bout de carton… et d’autres pas.

Les critères de sélections appliqués tenant plus de la magie noire que de la logique, on ne saurait expliquer ce qui a motivé ce tri dans les rangs de la presse, si ce n’est, peut-être une histoire de comptes à régler entre l’impératrice Paris et certains d’entre nous. ''Je ne veux pas de lui ici. Je ne veux pas de Facedakar ici. Ce photographe fait dans le vulgaire et prend des clichés compromettant de mes mannequins'', s’est écriée, à titre d’exemple, la styliste au moment d’éconduire Amadoune Gomis, le photographe d’EnQuête, dès l'entame de la conférence.

Rien de nouveau sous le soleil : les journalistes sont, comme d’habitude, les bêtes de somme de ceux à qui il donnent, pourtant, une visibilité. Fatalité ou fatalisme ?

* Servilité, choix de s’abstenir de dénoncer certaines tord commis à son égard, où à celui de tierces personnes.
* Rencontre traditionnelle où les griots rivalisent d’éloges à l’adresse d'autres personnes notamment de l'hôte.
 

Sophiane Bengeloun

 

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