Publié le 20 Jul 2013 - 19:19
OBAMA INTERVIENT DANS LE DEBAT SUR L'AFFAIRE TRAYVON MARTIN

« C’aurait pu être moi, il y a 35 ans »

 

Barack Obama est entré vendredi dans le débat qui secoue les Etats-Unis sur l'acquittement de George Zimmerman, le vigile bénévole qui avait abattu Trayvon Martin, un jeune noir de 17 ans en Floride en février 2012 et a demandé aux Américains de s'interroger sur le racisme.

Après s'être exprimé par écrit dimanche, le président américain était resté silencieux malgré la colère manifestée par certains. Jeudi, Barack Obama a informé une partie de son personnel sur son intention d'évoquer l'affaire en public. Une apparition au début du point de presse quotidien de son porte-parole Jay Carney a semblé le moment le plus opportun.

"Vous savez, quand Trayvon Martin a été tué, j'avais dit qu'il aurait pu être mon fils. Une autre manière de formuler les choses, c'est de dire que Trayvon Martin, c’aurait pu être moi, il y a 35 ans", a dit le président lors d'une apparition surprise dans la salle de presse de la Maison blanche.

George Zimmerman, un Hispanique de 29 ans, a été acquitté samedi à l'issue d'un procès de trois semaines. Le jury a délibéré plus de 16 heures avant de prendre sa décision, retenant la légitime défense, bien que la victime n'ait pas été armée au moment des faits.

L'acquittement de George Zimmerman a provoqué des manifestations et des troubles, notamment en Californie. De nombreux membres de la communauté noire ont estimé que le vigile avait décidé de suivre Trayvon Martin en raison de la couleur de sa peau.

Le président a déclaré que l'affaire avait été traitée correctement par la justice de Floride et admis la pertinence d'un doute raisonnable soulevé dans cette affaire par les six femmes qui composaient le jury du procès. Barack Obama a exprimé sa sympathie à la famille Martin et salué "la décence et la dignité incroyables avec lesquelles ils ont géré la situation".

"Examen de conscience"

Mais, a déclaré le président, il faut que les Américains comprennent le point de vue de la communauté noire, victime de discriminations. Né à Hawaii d'un Kényan et d'une Américaine blanche, Barack Obama a évoqué son expérience liée racisme.

"Dans ce pays, il y a très peu d'hommes Américains d'origine africaine qui n'ont pas fait l'expérience d'être suivis quand ils faisaient des courses dans un grand magasin. Je l'ai été moi aussi", a dit le chef de la Maison blanche.

"Il y a très peu d'Américains d'origine africaine qui n'ont pas fait l'expérience de prendre l'ascenseur et de voir une femme serrer son porte-monnaie nerveusement et retenir sa respiration jusqu'à ce qu'elle puisse sortir. Cela arrive souvent", a assuré le président.

Les générations plus jeunes ont eu moins de problèmes avec le racisme, a déclaré Barack Obama, évoquant ce qu'ont pu vivre ses deux filles. Mais, malgré tout, estime-t-il, les Américains doivent faire d'une certaine façon leur "examen de conscience" en matière de préjugés. Les gens ne doivent pas être jugés sur la couleur de leur peau, mais sur leur personnalité, a rappelé le président.

"Chaque nouvelle génération semble faire des progrès dans le changement d'attitude en ce qui concerne la question raciale. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans une société post-raciale. Cela ne veut pas dire qu'on a éliminé le racisme. Nous devons être une union toujours plus exemplaire, pas une union parfaite, mais une union plus exemplaire", a-t-il déclaré.

Bel hommage

Selon un sondage Reuters-Ipsos mené entre le 16 et le 19 juillet, 34% des Américains approuvent le verdict d'acquittement dans l'affaire Zimmerman et 39% sont contre. En outre, 68% des personnes interrogées disent être en désaccord avec le comportement de la police lié à l'apparence physique.

Les parents de Trayvon, Sybrina Fulton et Tracy Martin, ont publié un communiqué vendredi saluant le président Obama.

"Ce qui touche les gens est que notre fils, Trayvon Benjamin Martin, aurait pu être leur fils. Le président Obama se voit lui-même en Trayvon et s'identifie à lui. C'est un bel hommage à notre garçon", déclarent les parents.

Des personnalités noires ont également salué l'intervention de Barack Obama.

"Que notre président ait été considéré en fonction de la couleur de sa peau devrait inciter tous les Américains à mener une réflexion en profondeur à la fois sur l'importance de ce problème et comment notre pays peut le dépasser", a déclaré Benjamin Jealous, président de l'association de défense des droits civils, la NAACP.

Soulignant les disparités dans l'application des lois pénales en fonction de l'origine des prévenus, Barack Obama a déclaré que les Etats américains feraient bien de faire en sorte que leur législation ne provoque pas de drames comme la mort de Trayvon Martin.

Il a mentionné tout particulièrement la loi floridienne qui autorise les personnes à faire un usage raisonnable de la force pour se défendre sans avoir l'obligation préalable de chercher à quitter les lieux.

"Je demande juste aux gens de réfléchir : si Trayvon Martin avait eu l'âge d'être armé (...) sur ce trottoir, pensons-nous vraiment qu'il aurait eu raison de tirer sur M. Zimmerman, qui l'a suivi en voiture, parce qu'il se sentait menacé ? Et si la réponse à cette question est pour le moins ambiguë, il me semble que nous pourrions vouloir procéder à l'examen de ce genre de lois", a déclaré le président.

REUTERS

 

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