Obama condamne "avec force" la répression
"Notre coopération traditionnelle ne peut pas continuer alors que des gens meurent dans les rues." Le président américain Barack Obama a fermement condamné, jeudi 15 août, le violent démantèlement des campements des militants pro-Morsi par l'armée égyptienne. Les Etats-Unis ont en outre fortement incité leurs ressortissants à quitter l'Egypte et ceux qui prévoient de s'y rendre à ajourner leur voyage.
S'exprimant depuis son lieu de vacances à Martha's Vineyard (Massachusetts), M. Obama a eu des mots très durs envers le gouvernement et les forces de sécurité égyptiens, au lendemain d'un des plus sanglants épisodes de l'histoire récente du pays – le bilan, toujours provisoire, fait état d'au moins 525 morts.
Il a notamment dénoncé "le chemin dangereux" pris par le pays et déploré que ce dernier ait manqué "la chance de réconciliation" offerte par le renversement de Mohamed Morsi. Lors du renversement du régime Moubarak, "nous avions dit que le changement ne serait ni facile ni rapide, et qu'il devait s'accompagner d'une série de principes : la non-violence, le respect des droits universels, et la poursuite d'un processus démocratique de transition", a rappelé le président américain.
L'aide économique absente du discours
M. Obama s'est également adressé aux partisans de Mohamed Morsi, les appelant à cesser toute forme de violence. "Nous appelons les autorités égyptiennes à respecter les droits universels de son peuple, et nous demandons aussi à ceux qui manifestent de le faire pacifiquement", a dit le président des Etats-Unis.
Après un premier communiqué de la Maison Blanche, mercredi, le président a annoncé une mesure symbolique : l'annulation de manœuvres militaires communes entre l'Egypte et les Etats-Unis, qui ont lieu normalement deux fois par an. Les prochaines manœuvres de ce programme, baptisé "Bright Star", devaient avoir lieu en septembre. Elles ont habituellement lieu tous les deux ans et avaient déjà été annulées en 2011 au moment du renversement de Moubarak.
Le président américain n'a en revanche pas évoqué l'importante aide financière apportée par les Etats-Unis à l'Egypte : chaque année, 1,3 milliard de dollars sont alloués au Caire. La fragile économie égyptienne reste très dépendante de ces aides, et de nombreuses voix se sont faites entendre pour demander au président américain d'user de ce levier pour contraindre le gouvernement égyptien à cesser les violences. "La relation entre les Etats-Unis et l'Egypte remonte à des décennies", a justifié le président américain, ajoutant que l'Egypte était une "pierre angulaire de la paix au Moyen-Orient".
LEMONDE.FR