Me Sidiki Kaba veut des solutions "radicales''
Le ministre de la Justice Sidiki Kaba a effectué hier une série de visites dans les prisons de Dakar, au cours de laquelle il s'est informé des difficultés de ces maisons d'arrêt.
Surpopulation, promiscuité, manque de moyens (véhicules de services, logistiques) délabrement... Les difficultés n'ont pas varié d'un lieu de détention à un autre. En visite hier dans les maisons d'arrêt et de correction de Dakar, le nouveau ministre de la Justice Me Sidiki Kaba a pu constater de visu les conditions précaires de travail et de détention de leurs pensionnaires. La série de visite a débuté par la prison de Rebeuss où le constat est effarant. Sur les 800 places normalement disponibles, cette prison de 8 000 m² compte en effet 2 250 détenus, avec un plafond budgétaire journalier de 600 F Cfa par prisonnier, en plus d'être déjà une vieille bâtisse en état de délabrement. La différence n'est également pas énorme entre Rebeuss et la maison de correction de Hann, ex-Fort B. Cette prison pour mineurs connaît les mêmes maux, avec son effectif de 89 détenus pour une capacité de 80. Le fort b est une prison pour mineurs de 13 à 18 ans. Les pensionnaires actuels y sont détenus pour divers délits dont, trafic de chanvre indien, association de malfaiteurs, viol, vagabondage, assassinat, meurtre, tentative de meurtre, coups et blessures et même incendie volontaire.
Cette visite achevée, cap a été mis sur la prison du camp pénal considéré comme une prison pour les longues peines et pour les perpétuités. Là également, le Garde des sceaux a eu droit au même constat. Avec une capacité de 600 détenus, le camp pénal enregistre un effectif de 866 détenus, composés de 142 étrangers et 79 prisonniers condamnés à perpétuité. Après s'être rendu à la maison d'arrêt des femmes de Liberté 6 où il a dû écourter sa visite pour répondre à l'appel du Chef de l'État, Sidiki Kaba, s'est engagé à "résoudre de manière radicale" le problème de la surpopulation carcérale, estimant que les prisons doivent en définitive participer à la réhabilitation des détenus. "Nous nous rendons compte qu'il faut améliorer les conditions de détention, car la prison ne doit pas être un lieu de destruction pour le prisonnier, puisqu'à la fin de sa détention, l'homme doit être en mesure de participer au processus de développement de son pays", a t-il dit, soutenant que les prisons sont certes un lieu d'enfermement, mais qui doivent surtout servir à réhabiliter leurs pensionnaires.
''Vendre la prison de Rebeuss, pour...''
Même s'il reconnaît que des progrès ont été faits, le Garde de Sceaux est resté médusé face à la vétusté des édifices carcéraux. "Le Sénégal n'a pas construit de prison depuis l'indépendance et il faudrait aller très vite pour que la prison de Sébikotane soit une réalité. Mais, avant cela, nous avons besoin de réhabiliter ces prisons (existantes) pour que les conditions soient meilleures pour les personnes détenues", a indiqué le ministre. La construction de la prison prévue à Sébikotane, à la sortie de Dakar, relève, selon lui, d'un "engagement supplémentaire pour faire en sorte que très rapidement la prison de Rebeuss soit vendue et qu'une prison qui réponde aux normes internationales soit rapidement édifiée". En ce qui concerne la surpopulation carcérale, M. Kaba considère que la solution à ce problème "ne peut être provisoire, mais radicale''. Il dira : ''Il nous faut construire la prison de Sébikotane d'ici trois ans''.
Interpellé sur le problème de mobilité relatif au transfèrement des détenus et sur l'incident du lundi qui a conduit au report des audiences, suite à une panne d'un fourgon de prisonniers, Me Sidiki Kaba a avancé qu'il s'agit là d'une "question centrale", assurant que son département compte s'occuper prioritairement de cette question, pour que le transport des prisonniers puisse être davantage facilité.