Serigne Mboup et Mamadou L. Kane s'expliquent à la barre
Après plusieurs renvois, s’est tenu hier le procès en diffamation opposant l’ex-administrateur délégué de la société Domitexka, Mamadou Lamine Kane, au propriétaire de la ladite entreprise, Serigne Mboup, et certains journalistes. En attendant d’obtenir une décision de justice, le plaignant en a entendu des vertes et des pas mûres.
C’est un nombre important de journalistes que Mamadou Lamine Kane a traînés en justice, Serigne Mboup avec eux. L’ex-administrateur délégué de Domitexka s’est senti diffamé par les propos tenus par son ex-employeur Serigne Mboup dans les colonnes de certains journaux.
Mais, avant d’avant d’en arriver au fond, les conseils de la défense ont tenté de faire annuler la procédure initiée contre leurs clients, en soulevant une exception de nullité. Mes Mouhamadou Bamba Cissé et Baboucar Cissé ont estimé que la citation est nulle parce que les articles applicables en matière de diffamation n’ont pas été visés. Dans sa réplique, Me Samba Ametti a soutenu que c’est la plaidoirie de ses confrères qui est elle-même nulle parce que lorsqu’ils formulaient leur requête, Serigne Mboup n’était pas encore à la barre. Le tribunal a suivi le conseil du plaignant en rejetant l’exception.
Au fond, Mamadou Lamine Kane a exprimé toute sa colère vis-à-vis des prévenus. Il n’a pas apprécié les articles concernant son inculpation et placement sous contrôle judiciaire mais également l’entretien que ‘’Le Populaire’’ a accordé à Serigne Mboup et le concernant. Le président de la Chambre de commerce de Kaolack réagissait par rapport à l’information selon laquelle, il était convoqué par le juge du troisième cabinet d’instruction. ‘’J’ai tenu un point de presse pour éclairer l’opinion, car lorsque j’ai porté plainte contre lui, il s’est empressé d’aller dire à certains journalistes que j’ai été convoqué or c’était le contraire’’, s’est défendu Serigne Mboup hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Et d’après l’un de ses avocats, Me Mouhamadou Bamba Cissé, leur client n’a fait que ‘’rapporter les faits liés à la plainte’’. Dans laquelle Serigne Mboup accuse son ex-employé d’abus de confiance et d’abus de biens sociaux. Parce que, a expliqué hier le patron de CCBM, lorsqu’il avait ordonné la fermeture de l’usine ‘’Domitexka, un jour Mamadou Lamine Kane, lui a fait croire qu’il voulait montrer le matériel de production à des clients. Mais, s’est-il désolé, à sa grande surprise, son ex-employé a vendu le matériel en deçà de son prix réel et a versé l’argent dans un compte dont il était le seul à avoir accès. Cette affaire vaut au sieur Kane une prochaine comparution en audience correctionnelle. Car lorsque le juge du troisième cabinet avait décerné un non-lieu à Mamadou Lamine Kane, Serigne Mboup avait fait appel.
''Vous n’avez même pas de boutique''
Cela n’empêche, Kane se dit diffamé. Niant au passage les accusations de Serigne Mboup, le plaignant accuse ce dernier de vouloir le liquider via la presse. ‘’L’objectif était de me nuire. Car, le même texte est apparu dans plusieurs journaux. Ceci m’a causé un préjudice, car j’ai perdu tous mes partenaires’’, s’est plaint Kane qui accuse le journal ‘’Le Populaire’’ de n’avoir pas publié le démenti qu’il avait servi. ‘’M. Kane dit des choses inexactes. Nous avons publié le démenti qu’il nous a servi après la publication de l’interview et il a même appelé le rédacteur en chef pour s’en réjouir’’, a rétorqué le dirpub de ‘’Populaire’’, seul journaliste présent. Pour le conseil du plaignant, Serigne Mboup avait le droit d’apporter des éclairages mais ‘’pas de descendre son client en le traitant de tous les noms d’oiseau''. ''S’il voulait le liquider, le licenciement est la voie la plus rapide’’, a répliqué Me Baboucar Cissé. Faisant au passage la genèse du bras de fer opposant Serigne Mboup au plaignant, Me Cissé a expliqué qu’une seconde plainte pour abus de confiance plane sur le plaignant. Très en verve, l’avocat a asséné à l’endroit de la partie civile : ‘’ Il dit avoir perdu des partenaires, alors qu’il est au chômage’’. Et de poursuivre toujours sur un ton très critique : ‘’Serigne Mboup n’a aucun intérêt à vous liquider, car vous ne constituez pas un danger public pour lui. Lui, c’est un capitaine de l’industrie qui a une dizaine d’entreprises or vous n’avez même pas de boutique’’. Fort de ces arguments, il a plaidé la relaxe de Serigne Mboup et des journalistes. Délibéré le 21 novembre prochain.