Au-delà de Sidy Lamine Niasse !
Après la sortie fracassante et inutilement blessante du président du Groupe Walfadjri contre le chef de l'Etat et le président de l'Assemblée nationale en particulier, il sied de faire en sorte que les accusations de corruption (ainsi renouvelées) contre un Président de la République en exercice ne puissent plus être la règle dans notre pays.
Nous sommes dans un système démocratique où les alternances politiques vont sans doute devenir la règle contre les systèmes qui tirent sur plusieurs décennies. A ce titre, même si le pouvoir judiciaire décidait de poursuivre le patron du groupe Walf, il ne nous est pas interdit de tirer des leçons de ce qui vient de se passer.
Ce qu'enseigne l'affaire Sidy Lamine Niasse, c'est que nous devons faire en sorte que l'institution dénommée «Président de la République» soit inattaquable sur l'argent, en particulier.
Soyons logiques avec nous-mêmes : nous avons le droit et le devoir de défendre le Président de la République élu par le peuple sénégalais conformément à la loi ; mais ce même droit et ce même devoir nous contraignent tout autant à veiller à ce que le Premier d'entre nous, chef de l'Etat, soit irréprochable à son arrivée à la magistrature suprême de notre pays.
Si protéger l'institution, c'est protéger la République, il n'y a pas de raison de permettre, à nul moment, qu'un homme ou qu'une femme, qui qu'il ou qu'elle qui soit, puisse arriver au sommet du pays.
A ce niveau, pour la paix sociale et la stabilité des institutions, il devient impératif que les principes fondamentaux de transparence publique, de lutte contre la corruption, la concussion, le favoritisme, etc., prennent enfin leur place véritable dans notre schéma institutionnel et démocratique. Cela suppose, lapalissade bien évidente, que l'on cesse de manipuler ces mêmes principes quand on est pouvoir après en avoir faits une profession de foi dans l'opposition. Abdoulaye Wade en a été le symbole déprimant.
Lever les ambiguïtés
Depuis deux ans presque, Macky Sall s'y essaie, avec des hauts et des bas, de la lumière et de l'obscurité, de l'engagement et un semblant de renoncement, une démarche en demi-teinte dont on appréhende l'issue avec des inquiétudes réelles. C'est cette ambiguïté partiellement manifeste dans la conduite de la reddition des comptes qui peut agacer et faire se poser diverses questions.
Les lenteurs constatées dans le lancement des activités de l'Office national contre la fraude et la corruption (OFNAC), le «retard» du vote intégral de la loi sur le code de transparence, la déclaration de patrimoine de Moustapha Niasse «refusée» par le Conseil constitutionnel, sont des signes d'attentisme sur lesquels la lutte pour la transparence bloque.
Alors, au-delà des propos de Sidy Lamine Niasse... Les grandes démocraties contemporaines sont stables par la puissance de leur système judiciaire. Le Sénégal n'échappera pas à cette contrainte si nous voulons que la démocratie y survive.
MOMAR DIENG