Publié le 17 Apr 2014 - 19:44
EMIGRATION

Des clandestins dont des Sénégalais assaillent les côtes libyennes

 

Les forces navales libyennes ont, la semaine dernière, intercepté des centaines de migrants africains clandestins qui se trouvaient à bord de bateaux en partance pour l'Europe.

Quarante-sept harragas originaires du Niger, du Ghana et du Sénégal, parmi lesquels cinq femmes, ont été secourus jeudi dernier, le 10 avril, par un remorqueur du champ pétrolier offshore d'al-Bouri, à quelque cent miles nautiques de la côte, a indiqué Mohamed al-Bati, vice-président des opérations maritimes du port de Tripoli. L'une de ces femmes était enceinte.

Al-Bati a souligné que les autorités disposaient d'informations préalables concernant trois bateaux qui tentaient de partir pour l'Europe depuis la Libye, plus précisément depuis Qarbuli, un faubourg situé à l'est de Tripoli.

"Nous les avons recherchés, mais ne les avons pas trouvés", a-t-il expliqué, soulignant que le gang de trafiquants qui les avait pris en charge avait navigué vers le champ pétrolier offshore d'al-Bouri pour tenter de faire croire à ces migrants qu'ils avaient atteint les rives de Malte ou d'une autre ville lorsqu'ils avaient aperçu les lumières de la plateforme.

Il a ajouté qu'ils manquaient des moyens nécessaires et qu'ils effectuaient généralement ces passages en utilisant des bateaux de pêche. "Par suite des meilleures conditions en mer, nous pourrions nous retrouver face à une recrudescence des Zodiacs utilisés pour le trafic d'êtres humains", estime-t-il.

A Tajoura, à Tripoli, les garde-côte ont intercepté jeudi cent huit migrants clandestins originaires de différents pays africains, embarqués sur l'une de ces embarcations en caoutchouc, notamment douze femmes, a précisé le porte-parole de la Marine libyenne, le colonel Ayub Gacem.

Mercredi matin, la Marine a appréhendé deux Zodiacs chargés de quelque deux cent dix-huit clandestins africains, dont trente-cinq femmes pour la plupart enceintes, et trois enfants. L'un de ces bateaux intercepté par le bâtiment Ibn Ouaf au nord de Qarbuli transportait à son bord cent dix-huit clandestins.

Ils ont été emmenés à la base navale de Tripoli en attendant leur transfert vers un abri réservé aux migrants avant d'être renvoyés vers leurs pays d'origine, a indiqué une source militaire de la base.

"Il est tout simplement incroyable de voir autant de femmes, pour la plupart enceintes et avec des enfants, arriver ici en l'espace de deux jours", a indiqué le militant social Abdallah Busaifi, 37 ans. "Nous devons faire appel à des cadres techniques pour gérer de telles situations, et j'espère que l'Union européenne nous apportera son concours pour traiter cette situation humanitaire."

Pour sa part, Youssef Bin Mahmoud, négociant en matériaux de construction, explique que de nombreux travailleurs viennent en Libye pour y passer un certain temps, notamment en hiver. "L'été venu, ils embarquent sur des bateaux pour partir vers l'Europe après avoir fait quelques économies, parce que les salaires sont élevés en Libye par suite de la situation du pays", explique-t-il.

Pour le journaliste Miftah Belaid, il n'existe aucune opération de sécurité ni de renseignement dans le pays destinée à stopper ces vagues de migrants africains qui choisissent la Libye par suite de la porosité de ses frontières.

"Ils perçoivent des salaires élevés, bien qu'ils ne soient pas nombreux", souligne-t-il. "Je pense que nous devrions passer des accords avec l'Europe pour développer et réhabiliter la Marine libyenne et l'équiper de bâtiments et de bateaux pour surveiller les déplacements de ces migrants clandestins."

Ibrahim Bin Amer, ingénieur dans le secteur pétrolier, appelle quant à lui à conclure des accords frontaliers avec les pays voisins pour mettre un coup d'arrêt aux prochaines vagues de migrants africains. Il exprime également sa crainte face à des flux de migrants pouvant souffrir de maladies et face à des criminels potentiels impliqués dans les réseaux de trafic et de stupéfiants qui pourraient se trouver parmi eux.

Laila al-Tarhouni, vendeuse, explique que les migrants parviennent à entrer en Libye grâce à la coopération entre les gangs agissant à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

"Je pense que tout cela est planifié à l'avance", explique-t-elle. "Il est facile pour eux de venir, et il y a également des mains et de l'argent cachés qui facilitent ces mouvements ; c'est un marché noir destructeur pour la Libye."

Magharebia.com

 

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