Au cœur d’une tragédie humaine
A travers une nouvelle, Babacar Mbaye, écrivain, apporte sa contribution dans la célébration du centenaire de la première guerre mondiale. Il rappelle la place des tirailleurs sénégalais dans cette guerre à travers le sacrifice d’une femme qui a voulu, à l’instar de ses frères, participer à la libération de la métropole.
‘’Cette Diaba vaut mieux que 10 hommes réunis. Elle avait l’âme d’une Linguère, le cœur d’une amazone et l’élégance d’une lionne’’. Ainsi est décrite à la page 25 de l’ouvrage ‘’Diaba, l’ange tirailleur’’, l’héroïne de l’histoire contée par le sociologue et homme de culture Babacar Mbaye. Il raconte à travers une fiction le destin d’une Africaine dénommée Diaba dans la grande guerre. Cette dernière est l’aînée d’une fratrie de dix garçons. Quand en 1914 la guerre fut déclarée, trois ans plus tard, en 1917, la France a eu besoin de bras solides pour faire face aux assauts de l’ennemi.
C’est ainsi qu’au soir de la fête des récoltes, tel que raconté par l’auteur, un commis vient annoncer aux habitants du village de Darou que ‘’borom Ndar’’ (ndlr le gouverneur) avait besoin des ‘’indigènes pour la défense de l’empire’’. ‘’Il faut que vos garçons les plus forts, musclés et vaillants puissent y participer’’, a dit le commis du gouverneur. L’auteur lui, a préféré nous plonger dans la cour du patriarche Mbissane, pater de la reine de l’ouvrage, Diaba. Après discussion avec sa première dame Khady Dieuré à qui il demande son avis, Mbissane décide d’appeler ses fils pour savoir qui allait partir. Tous les dix se portent candidats pour l’aventure. Ils partiront tous. Et Diaba aussi. S’étant déguisée en peulh, elle est parvenue à infiltrer le groupe. Elle arrivera en métropole et perdra la vie au cours des combats.
Ce livre de 75 pages édité par ‘’Fannyo’’ est la contribution de Babacar Mbaye dans le cadre de la célébration du centenaire de la guerre mondiale. Les Noirs qui ont beaucoup contribué à la délivrance de la France sont oubliés. Ce qui n’est pas nouveau dans la nouvelle de M. Mbaye. ‘’Après une brève escale au Maroc, ils (ndlr les tirailleurs sénégalais) débarquent sur le port de Toulon dans un hiver glacial. On les parque ailleurs ; toujours l’ailleurs ! Ils viennent libérer la métropole mais les officiels et l’administration de la ville ne veulent pas de ces hommes de couleur dans leurs communes’’, dénonce l’auteur qui vit en France. Et cela se ressent toujours à travers la montée du Front national en Europe, où ‘’l’étranger est toujours vu comme étrange’’, à en croire Babacar Mbaye.
Au-delà de l’histoire des tirailleurs sénégalais, l’auteur revient sur la vraie place de la femme africaine dans nos sociétés à travers les personnages de Diaba et de Khady Dieuré. En 1917 déjà, ces femmes savaient s’imposer et bénéficier du respect de tous. Mbissane, patriarche du village de Darou, n’a pas voulu envoyer ses fils à la guerre sans en parler au préalable à leur mère qu’il considère comme sa principale conseillère. Conscient du fait que ses fils risquaient de perdre la vie dans cette guerre, il lui a demandé pardon de lui arracher ces fils qu’elle a enfantés et a couvés d’amour. Diaba, l’aînée de la famille, était respectée de tous ses jeunes frères ainsi que des hommes du village. Son père avait de quoi être fier de cette fille qui valait mieux que certains hommes.
D’autres facettes de la culture africaine ressortent dans ‘’Diaba l’ange tirailleur’’ dont le cousinage à plaisanterie. Une histoire racontée dans un style simple à travers un vocabulaire plus qu’accessible.
BIGUE BOB